Морган Райс

Un Joyau pour la Cour


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la moindre choses.

      “Et il y a des choses qu'il faut que nous sachions”, dit Jan. A la différence de Sophia, il s'exprimait sur un ton soupçonneux, peut-être parce qu'il n'avait pas senti l'esprit de Lucas effleurer celui de Sophia. “Quelle preuve avons-nous que tu es celui que tu prétends être ?”

      “Tu es Jan Skyddar, fils de Lars Skyddar ?” dit Lucas. “Mes tuteurs m'ont appris qui vous étiez tous mais m'ont conseillé de ne pas entrer en contact avec vous avant que je ne sois prêt. Ils ont dit que ce serait dangereux, que vous ne m'accepteriez pas. Ils avaient peut-être raison.”

      “C'est mon frère, Jan”, dit Sophia. Elle passa le bras que Jan ne tenait pas dans celui de Lucas. “Je sens ses pouvoirs et … enfin, regarde-le, quoi !”

      “Mais il n'existe aucune trace officielle de lui”, insista Jan. “S'il avait existé un fils Danse, Oli l'aurait dit. Il n'a parlé que de toi et de Kate.”

      “Pour me cacher, il a fallu effacer toute trace de ma personne”, dit Lucas. “J'imagine qu'on a dit que j'étais mort à la naissance. Si tu ne me crois pas, je ne t'en veux pas.”

      Sophia en voulait un peu à Jan, même si elle le comprenait. Elle voulait que tout se passe bien. Elle voulait que tout le monde accepte son frère.

      “Emmenons-le au château”, dit Sophia. “Si quelqu'un est au courant, ce sera mon oncle.”

      Jan sembla accepter l'idée et ils se mirent à retraverser Ishjemme en passant devant les maisons en bois et les arbres qui poussaient entre elles. Pour Sophia, la présence de Lucas paraissait d'une façon ou d'une autre normale, comme si un fragment de sa vie, dont elle n'aurait pas connu l'absence, lui avait d'une façon ou d'une autre été rendu.

      “Quel âge as-tu ?” demanda Sophia.

      “J'ai seize ans”, dit-il. Cela le situait à mi-chemin entre elle et Kate. Il n'était pas l'aîné mais le garçon aîné. Sophia comprenait que cela aurait pu rendre la situation très dangereuse dans le royaume de la Douairière. Cependant, la disparition de Lucas n'avait pas assuré la sécurité de Sophia et de Kate, n'est-ce pas ?

      “Et tu habites dans les Terres de Soie ?” demanda Jan d'un ton interrogateur.

      “Dans ce pays-là et à deux ou trois autres endroits de leurs îles extérieures”, répondit Lucas. Par télépathie, il envoya à Sophia l'image d'une maison qui était grande mais de plain-pied et dont les pièces n'étaient pas séparées les unes des autres par des murs en dur mais par des tentures de soie. “Je croyais qu'il était normal d'être élevé par des tuteurs. Est-ce ce que tu as connu ?”

      “Pas vraiment.” Sophia hésita un instant puis lui envoya une image de la Maison des Oubliées. Elle vit Lucas, son frère, serrer les dents.

      “Je les tuerai”, promit-il. Peut-être l'intensité de ces paroles plut-elle à Jan, qui hocha la tête en guise d'approbation.

      “Kate a été plus rapide que toi”, lui assura Sophia. “Elle te plaira.”

      “D'après ce que tu me dis, il vaudra mieux que ce soit moi qui lui plaise”, répondit-il.

      Sophia n'avait aucun doute sur la question. Lucas était leur frère et Kate le verrait aussi clairement qu'elle. De plus, au premier abord, ils allaient bien ensemble. Ils n'étaient pas les opposés que Kate et Sophia semblaient si souvent être.

      “Si tu as grandi … là-bas”, dit Lucas, “comment es-tu arrivée ici, Sophia ?”

      “C'est une histoire longue et complexe”, lui assura Sophia.

      Son frère haussa les épaules. “Eh bien, on dirait que le château est loin et j'aimerais bien savoir. J'ai l'impression d'avoir déjà raté une partie beaucoup trop importante de ta vie.”

      Sophia fit de son mieux pour tout raconter dans l'ordre, du jour où elle s'était échappée de la Maison des Oubliées, s'était introduite dans le palais puis était tombée amoureuse de Sebastian jusqu'au jour où elle avait dû partir, avait été recapturée …

      “On dirait que tu as beaucoup souffert”, dit Lucas. “Et tu n'as même pas commencé à me dire comment tout cela t'a amenée jusqu'ici.”

      “Il y avait une artiste : Laurette van Klett.”

      “Celle qui t'a peinte de la tête aux pieds, avec la marque des filles liées par contrat synallagmatique ?” dit Lucas. Il semblait déjà avoir placé l'artiste dans la même catégorie que les autres personnes qui avaient tourmenté Sophia et elle ne le voulait pas.

      “Elle peint ce qu'elle voit”, dit Sophia. Malgré toutes ses tribulations, elle n'en voulait pas à Laurette van Klett. “De plus, dans une peinture, elle a vu la ressemblance entre moi et ma mère. Sans ça, je n'aurais pas su où commencer mes recherches.”

      “Dans ce cas, nous lui devons tous de la gratitude”, dit Jan. “Et toi, Lucas ? Tu as parlé de tuteurs. Qu'est-ce qu'ils t'ont appris ? Que t'ont-ils appris à devenir ?”

      Une fois de plus, Sophia eut l'impression que son cousin essayait de la protéger contre son frère.

      “Ils m'ont appris les langues étrangères et la politique, le combat et au moins les bases de l'utilisation des talents que nous avons tous”, expliqua Lucas.

      “Ils t'ont appris à être un futur roi ?” demanda Jan.

      A présent, Sophia comprenait un peu ce qui l'inquiétait. Il pensait que Lucas était venu pour essayer d'empêcher Sophia d'accéder au pouvoir. Cela dit, honnêtement, elle soupçonnait que son cousin s'inquiétait pour rien. Ce n'était pas comme si elle avait demandé à devenir l'héritière du trône du royaume de la Douairière.

      “Tu penses que je suis venu réclamer le trône ?” demanda Lucas. Il secoua la tête. “Mes tuteurs ont fait tout leur possible pour m'apprendre à être noble. Ils m'ont aussi appris qu'il n'y avait rien de plus important que la famille. Rien. C'est pour cette raison que je suis venu.”

      Sophia sentait sa sincérité, même si Jan n'y arrivait pas. Cela lui suffisait largement. Cela l'aidait à se sentir … en sécurité. Cela faisait si longtemps qu'elle et Kate se protégeaient l'une l'autre. A présent, elle avait beaucoup de cousins, son oncle … et un frère. Sophia avait tellement la sensation que son monde s'était agrandi qu'elle n'avait pas de mots pour le dire.

      La seule chose qui aurait pu être encore meilleure aurait été de voir arriver Sebastian. Cette absence ressemblait à un trou dans le monde que rien ne pouvait combler.

      “Donc”, dit Lucas, “le père de ton enfant est le fils de la femme qui a ordonné le meurtre de nos parents ?”

      “Tu trouves que ça complique les choses à l'excès ?” demanda Sophia.

      Lucas sembla hausser les épaules à moitié. “Oui, ça les complique, mais à l'excès ? C'est à toi de le dire. Pourquoi n'est-il pas ici ?”

      “Je ne sais pas”, admit Sophia. “Je voudrais qu'il le soit.”

      Finalement, ils arrivèrent au château et se dirigèrent vers la grande salle. Ils avaient dû être précédés par la nouvelle de l'arrivée de Lucas car tous les cousins étaient présents devant la grande salle, même Rika, qui avait un bandage au visage pour masquer la blessure qu'elle avait reçue en défendant Sophia. Sophia alla d'abord vers elle et prit ses mains dans les siennes.

      “Tu vas bien ?” demanda-t-elle.

      “Et toi ?” répliqua Rika. “Et le bébé ?”

      “Tout va bien”, lui assura Sophia. Elle regarda autour d'elle. “Est-ce que Kate est ici ?”

      Ulf secoua la tête. “Frig et moi, on ne l'a pas vue de la journée.”

      Hans s'éclaircit la gorge. “Nous ne pouvons pas attendre. Il faut qu'on entre. Père attend.”

      A