Морган Райс

Un Joyau pour la Cour


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que la première fois, quand c'était elle qui était venue affirmer qui elle était.

      Lars Skyddar se tenait devant le trône ducal et il les attendait d'un air sérieux comme s'il était prêt à recevoir un ambassadeur. Quand elle avança, Sophia continua à tenir la main à son frère en dépit de la moue perplexe que cela donna à son oncle.

      “Mon oncle”, dit Sophia, “voici Lucas. C'est lui qui vient des Terres de Soie. C'est mon frère.”

      “Je lui ai dit que ce n'était pas possible”, dit Jan, “et que —”

      Son oncle leva une main. “Il y a eu un enfant de sexe masculin. Je croyais que … on m'a dit, même à moi, qu'il avait péri.”

      Lucas avança. “Je n'ai pas péri. On m'a caché.”

      “Dans les Terres de Soie ?”

      “Avec l'Officiel Ko”, dit Lucas.

      Le nom sembla suffire à l'oncle de Sophia. Il avança et offrit à Lucas la même accolade vigoureuse et sans concession qu'il avait donnée à Sophia quand il l'avait reconnue.

      “Je pensais que j'avais déjà eu de la chance que mes nièces me reviennent”, dit-il. “Je n'avais pas imaginé que j'avais aussi un neveu. Ça se fête !”

      Il semblait évident qu'il y aurait un banquet et tout aussi évident qu'il n'y avait pas le temps d'en préparer un, ce qui signifiait que, presque tout de suite, les domestiques se mirent à courir dans presque tous les sens en essayant de préparer des choses. Il semblait presque que Sophia et Lucas soient devenus l’œil du cyclone, immobiles, pendant que même ses cousins couraient çà et là en essayant de préparer à manger.

      Est-ce que tout est toujours aussi chaotique, ici ? demanda Lucas pendant qu'une demi-douzaine de domestiques passaient à toute vitesse en portant des plats.

      Seulement quand la famille s'agrandit d'un membre, à mon avis, répondit Sophia par télépathie. Elle resta immobile en se demandant s'il fallait qu'elle pose la question suivante.

      “Pose ta question, quelle qu'elle soit”, dit Lucas. “Je sais qu'il doit y avoir beaucoup de choses que tu as besoin de savoir.”

      “Tu as dit que tu avais été éduqué par des tuteurs”, dit Sophia. “Est-ce que cela signifie … que mes parents, nos parents, ne sont pas dans les Terres de Soie ?”

      Lucas secoua la tête. “Du moins, pas à ma connaissance. Je les recherche depuis que je suis majeur.”

      “Tu les recherches toi aussi ? Tes tuteurs ne savaient pas où ils étaient ?” demanda Sophia. Elle poussa un soupir. “Je suis désolée. A m'entendre, on dirait que je ne suis pas heureuse d'avoir enfin un frère. Je le suis. Je suis vraiment heureuse que tu sois ici.”

      “Mais ce serait parfait si nous étions tous réunis, n'est-ce pas ?” devina Lucas. “Je comprends, Sophia. Moi, j'ai enfin deux sœurs et des cousins … mais, avide comme je le suis, je veux aussi des parents.”

      “Je ne pense pas que ce soit de l'avidité”, dit Sophia avec un sourire.

      “Peut-être que oui, peut-être que non. L'Officiel Ko dit que les choses sont ce qu'elles sont et que l'on souffre quand on a envie d'autre chose. Pour être honnête, en général, il le disait en buvant du vin et en se faisant masser avec les huiles les plus raffinées qui soient.”

      “Sais-tu quelque chose sur nos parents et sur l'endroit où ils sont allés ?” demanda Sophia.

      Lucas hocha la tête. “Je ne sais pas où ils sont allés”, dit-il, “mais je sais comment les trouver.”

      CHAPITRE DEUX

      Quand la lumière aveuglante baissa, Kate ouvrit les yeux en essayant de comprendre où elle était et ce qui s'était passé. La dernière chose dont elle se souvint, ce fut le moment où elle s'était battue pour atteindre une image de la fontaine de Siobhan et où elle avait plongé son épée dans la boule d'énergie qui l'avait liée à la sorcière en tant qu'apprentie. Elle avait rompu le lien. Elle avait gagné.

      A présent, il lui semblait être à l'air libre et elle ne voyait aucune trace du cottage de Haxa ou des cavernes qui s'étendaient derrière. Ce qu'elle voyait ne ressemblait que légèrement aux paysages d'Ishjemme qui lui étaient familiers mais les prairies plates et les bois qui y surgissaient par intermittences auraient pu en faire partie. Kate l'espérait. L'autre possibilité, c'était que la magie l'ait transportée dans un coin du monde qu'elle ne connaissait pas.

      Même si elle trouvait étrange d'être à un endroit qu'elle ne connaissait pas, Kate se sentit libre pour la première fois depuis longtemps. Elle avait réussi. Elle avait vaincu tout ce que Siobhan, et son propre esprit, avaient semé comme obstacles et elle s'était arrachée à l'emprise de la sorcière. Cela étant fait, retrouver le chemin du château d'Ishjemme semblait être une simple formalité.

      Kate choisit une direction au hasard et se mit à marcher d'un pas assuré.

      Elle avança en essayant de trouver ce qu'elle ferait de sa nouvelle liberté. Elle protégerait Sophia, bien évidemment. C'était l'évidence même. Elle l'aiderait à élever sa petite nièce ou son petit neveu quand elle ou il naîtrait. Peut-être pourrait-elle envoyer chercher Will, même si, avec la guerre, cela risquerait d'être difficile. Ensuite, elle trouverait leurs parents. Oui, cela semblait être une bonne chose à faire. Sophia ne pourrait pas parcourir le monde à leur recherche pendant que sa grossesse suivait son cours mais Kate le pourrait, elle.

      “D'abord, il faut que je trouve où je suis”, dit-elle. Elle regarda autour d'elle mais ne reconnut encore aucun repère familier. Toutefois, il y avait une femme qui travaillait dans un champ, pas très loin. Penchée sur un râteau, elle arrachait des mauvaises herbes. Peut-être pourrait-elle l'aider.

      “Bonjour !” appela Kate.

      La femme leva les yeux. Elle était vieille et avait le visage ridé par les nombreuses saisons qu'elle avait passées à travailler à l'extérieur. A ses yeux, Kate devait ressembler à un bandit ou à une voleuse, armée comme elle l'était. Cependant, lorsque Kate approcha, la femme sourit quand même. Les gens étaient aimables à Ishjemme.

      “Bonjour, ma chérie”, dit-elle. “Comment t'appelles-tu ?”

      “Je m'appelle Kate.” Et, parce que cela paraissait insuffisant, parce qu'elle pouvait le revendiquer à présent, elle ajouta : “Kate Danse, fille d'Alfred et de Christina Danse.”

      “C'est un bon nom”, dit la femme. “Qu'est-ce qui t'emmène ici ?”

      “Je … je ne sais pas”, admit Kate. “Je suis un peu perdue. J'espérais que vous pourriez m'aider à retrouver ma route.”

      “Bien sûr”, dit la femme. “Tu as mis ta route entre mes mains et c'est un honneur pour moi. C'est bien ce que tu fais, n'est-ce pas ?”

      Cela semblait être une façon étrange de présenter les choses mais Kate ne savait pas où elle se trouvait. Peut-être était-ce simplement la manière dont s'exprimaient les gens d'ici.

      “Oui, j'imagine”, dit-elle. “J'essaie de retrouver la route d'Ishjemme.”

      “Bien sûr”, dit la femme. “Je connais toutes les routes. Cependant, je pense que tout service se paie.” Elle souleva le râteau. “Ces jours-ci, je n'ai plus beaucoup de force. Veux-tu me donner ta force, Kate ?”

      Si c'était ce qu'il fallait faire pour retrouver le chemin du retour, Kate était prête à ratisser une dizaine de champs. Cela ne pouvait pas être plus difficile que les tâches qu'on lui avait imposées dans la Maison des Oubliées ou que les travaux plus agréables qu'elle avait effectués à la forge de Thomas.

      “Oui”, dit Kate en tendant la main pour prendre le râteau.

      L'autre femme rit et recula en tirant