Anonyme

Les AA en prison : d’un détenu à l’autre


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tes problèmes à Dieu. »

      Comment Dieu pouvait-il m’aider dans ma position? Il n’allait pas me faire sortir de prison. Il ne ferait pas taire ces 80 femmes dans le dortoir pour me permettre de dormir la nuit. Pas plus qu’Il ne pourrait les empêcher de voler, de jurer et de se battre. Dieu est peut-être partout, mais je ne L’ai pas vu ici!

      Puis, j’ai commencé à accepter ma situation. J’ai continué d’aller aux réunions des AA et à l’église. J’espérais qu’il se passerait quelque chose – je ne savais pas trop quoi. C’est alors que j’ai commencé à aller un peu mieux. De temps à autre, je souriais. J’ai même commencé à nourrir de meilleurs sentiments à l’égard de ces affreuses créatures qui m’entouraient. J’ai soudain compris quelque chose d’important : ces « créatures » avaient des noms, des émotions et des peurs, tout comme moi! J’ai commencé à en réconforter quelques-unes. J’ai commencé à leur donner des conseils. Et pendant un certain temps, je me suis oubliée. En les aidant, je me suis aidée.

      Un jour que je voulais écrire une lettre, j’ai dit que je manquais de papier. Soudain, j’ai eu assez de papier pour écrire tout un livre! Trois ou quatre détenues sont venues vers moi. Elles m’ont donné des feuilles de leur réserve personnelle de papier. J’avais été aveugle. Elles étaient là qui frappaient à ma porte et j’avais trop peur pour leur ouvrir. J’ai fini par ouvrir la porte.

      Aujourd’hui, les choses vont bien mieux. Mes amis d’ici me réconfortent. Mes amis de l’extérieur font ce qu’ils peuvent eux aussi. Je commence à vivre selon les suggestions des AA. Je vis dans les Douze Étapes. Cela me rend la vie meilleure, et meilleure aussi pour ceux qui m’entourent.

      J’apprends ce que je dois apprendre. Quand je sortirai d’ici, je serai assez forte pour survivre. Grâce à Dieu, aux AA, à l’église, à une famille aimante et à mes amis, je sais que j’y arriverai – un jour à la fois.

      –H.P., Floride

      JE NE SUIS PLUS

      UN IMPOSTEUR

      Deux mots m’ont sauté au visage directement du chapitre cinq du Gros Livre : « rigoureuse honnêteté ». Le chapitre cinq mentionne trois fois l’honnêteté dans la première page. Mais pourquoi a-t-on ajouté « rigoureuse »?

      Quand je suis arrivé chez les AA, j’ai tenté de suivre le programme. J’ai essayé la Quatrième Étape. Au moins, je comprenais : pour réussir dans ce programme, il fallait que je sois honnête avec moi-même. Sans honnêteté, il m’est impossible de faire les Étapes. Je ne peux pas suivre le programme, je ne peux pas demeurer abstinent.

      Pour illustrer comment cela a affecté ma vie, je vais vous raconter une expérience vécue. Le temps que j’ai passé avec d’autres détenus chez les AA et d’autres détenus qui songent à se joindre aux AA. En prison, il y a un code non écrit. Il affecte nos décisions chaque jour. Chaque jour, une personne doit faire un choix : serais-je honnête ou pas?

      Je travaille ici comme dessinateur industriel. J’aide à faire les plans pour la construction d’immeubles. J’ai accès à des fournitures d’art. J’avais besoin d’augmenter mes revenus. J’ai donc décidé de dessiner et de vendre des cartes de voeux. C’était un « passe-temps » rémunérateur.

      J’étais en position idéale. Je pouvais acheter des fournitures à prix réduit. C’est ce que nous devons faire si nous voulons dessiner dans nos cellules. Je pouvais prendre les autres fournitures à mon travail. Je travaillais bien pour eux cinq jours par semaine. Pourquoi ne pourrais-je pas « emprunter » quelques fournitures?

      À la même époque, j’ai commencé à faire de la « politique » chez les AA. (À cette époque, j’étais aussi « vrai » qu’un billet de trois dollars.) J’ai réussi à négocier assez de soutien et de votes pour être élu secrétaire. J’étais une huile dans un des plus importants groupes des AA du Service correctionnel du Texas.

      C’est alors que le sable est entré dans l’engrenage. J’ai décidé d’entreprendre la lecture des livres sur le programme. Je l’ai fait pour ne pas être pris en défaut. Je craignais qu’on me pose une question à laquelle je ne pourrais répondre.

      La plupart des membres des AA savent la suite – je suis devenu accro au programme! C’est alors que j’ai éprouvé une crise de conscience.

      Jour et nuit, je me suis débattu avec cette question. Le dimanche, je me levais devant 200 personnes pour leur dire que les AA étaient un programme fondé sur l’honnêteté et je ne pouvais même pas être honnête avec moi-même.

      Je ne saurais dire à quel moment cela m’a frappé, mais c’est arrivé. Je me suis débarrassé de tous les produits volés que j’avais chez moi (dans ma cellule). On nous dit de nous débarrasser de cet énorme poids que nous portons sur nos épaules. Je l’ai fait. C’était comme si j’avais maigri de 10 000 livres.

      Je voulais le dire au monde entier. Je me suis confié à trois ou quatre amis proches dans le programme. Je leur ai dit ce que j’avais fait et à quel point je me sentais bien. En prison, on ne prend rien au pied de la lettre. Ils ont cru que c’était une passade. Après tout, je ne pouvais pas les blâmer, car je n’avais pas toujours été très franc.

      J’ignore si ce fut là mon réveil spirituel, mais je sais que ma vie s’est grandement améliorée. Je suis plus satisfait de moi et des autres. Je mets plus de « rigoureuse honnêteté » dans ma pratique du programme.

      En terminant, je veux dire aux nouveaux qui arrivent au programme des AA en prison : l’essence du programme est le Gros Livre Les Alcooliques anonymes. Procurez-vous ce livre et lisez-le d’une couverture à l’autre. Vous en serez réconforté.

      –Stan, Texas

      LA SEULE PRIÈRE QUI AIT

      VRAIMENT COMPTÉ

      Toute ma vie, j’ai beaucoup prié. La plupart du temps, c’était pour dire : « S’il vous plaît, mon Dieu, sortez-moi de ce pétrin! Et je vous promets que je deviendrai bonne! »

      Chaque fois que j’ai été poussée sur la banquette arrière d’une voiture de police, j’ai prié. Chaque fois que la porte métallique du centre de détention claquait derrière moi, j’ai prié. Chaque fois que je me suis retrouvée devant le juge, j’ai dit : « Mon Dieu, je promets de ne plus faire de mal. » Et j’étais sincère. C’est ce qui est le plus triste. Je voulais honnêtement éviter les problèmes. Mais, je ne voyais pas mon vrai problème : moi.

      J’ai commencé à boire et à prendre de la drogue à l’âge de 11 ans. Au début, je le faisais pour faire partie de la bande. Ensuite, ce fut pour fuir mon impression de solitude et d’être moins que rien. J’ai toujours eu cette impression. Cela m’a amenée à faire du mal aux autres et à moi-même. Ces actions ont débouché sur la culpabilité et la honte. Puis, j’ai bu pour fuir ces impressions à leur tour.

      Les choses ont progressé, comme l’alcoolisme le fait toujours : je buvais et me droguais tous les jours. Je me suis retrouvée avec les clochards. J’en étais rendue à boire pour survivre. J’avais 31 ans. Je ne connaissais pas d’autre vie. J’avais un grand trou dans mon âme. Je ne pouvais plus vivre avec ou sans alcool. J’en étais au point de non-retour, cet endroit dont parle le Gros Livre dans « La vie qui vous attend. »

      Tôt un matin, j’étais dans une chambre d’hôtel. La souffrance était intenable. Je pleurais et je suis tombée à genoux. Ma prière a été simple : « Mon Dieu, ça ne peut plus continuer. Je ne sais pas quoi faire, s’il vous plaît aidez-moi. » J’ai continué à boire et à me droguer. Par contre, je crois que ma prière a été mon