Gustave Aimard

Les invisibles de Paris


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       Gustave Aimard, Henri Crisafulli

      Les invisibles de Paris

      Publié par Good Press, 2021

       [email protected]

      EAN 4064066328313

       A VOL D’OISEAU

       I

       II

       III

       IV

       I

       II

       III

       IV

       V

       VI

       VII

       VIII

       IX

       X

       XI

       XII

       XIII

       XIV

       XV

       Table des matières

       Table des matières

      Où Passe-Partout entre en scène.

      La nuit du dimanche gras, carnaval de l’année 1847, l’auteur du Spectateur nocturne eût eu fort à faire et beaucoup à voir, entre minuit et une heure, si, témoin occulte, du haut d’un observatoire central comme la lanterne du Panthéon, il avait pu s’intéresser simultanément à ce qui se passa, dans ce court espace de temps, barrière de Fontainebleau, rue Beaujon, sur le Pont-Royal et dans une impasse avoisinant le Marché-aux-Chevaux.

      Malheureusement, ainsi que nous venons de le constater, depuis un demi-siècle à peu près, Rétif de la Bretonne et son œuvre dorment et se reposent dans la poussière de l’oubli; et dans le monde où sans doute plane son âme curieuse et taquine, le vieux rôdeur de nuit ne songe plus guère aux choses d’ici-bas.

      Nous essayerons donc de le remplacer, en décrivant de notre mieux les quatre scènes étranges et mystérieuses qui, tout en se composant d’éléments hétérogènes, forment les quatre assises de notre histoire.

      Sur la route de Paris à Villejuif, à une centaine de pas de la barrière de Fontainebleau, un ouvrier vêtu d’une blouse bleue et d’un pantalon de toile de même couleur, un béret basque enfoncé jusqu’aux sourcils, un cigare à la bouche, se promenait de long en large, envoyant de temps à autre une bouffée de fumée en l’air, et paraissant s’occuper aussi peu du carnaval qui s’en va que du carême qui arrive.

      Et cependant c’est l’heure du plaisir ou du sommeil; celle de la flânerie est passée, celle des affaires le paraît encore plus.

      Oh! Paris, ville de ténèbres et de lumières, réceptacle de toutes les fanges et de toutes les gloires tu n’as pas de plus chère complice que la nuit! il se taille plus de besogne dans ton giron à la pâle et blanche clarté des étoiles qu’aux rayons du soleil! Tu protèges les travailleurs de ces heures mystérieuses!

      Ah! tes rues, désertes et calmes en apparence, cachent plus de mouvement et de passions, plus de rires et de sanglots, plus de grincements de dents et d’espérances menteuses, que ne pourra jamais en inventer l’imagination du romancier le plus fécond!

      Depuis près de vingt minutes déjà, notre promeneur allait d’un arbre à l’autre, sans dépasser la limite qu’il devait s’être tracée mentalement.

      Il ne témoignait aucune impatience de sa solitude et de sa longue attente.

      D’une taille au-dessus de la moyenne, la souplesse de sa démarche, l’assurance et l’harmonie de ses mouvements, disaient assez que l’homme à la blouse bleue n’avait à redouter aucune attaque brutale. A coup sûr c’était un rude compagnon.

      Néanmoins, quoique par son costume, par sa coiffure et par ses allures un peu plébéiennes, il cherchât à se faire prendre pour un homme du peuple, la blancheur de ses mains, la délicatesse de ses traits énergiques, éclairés par deux yeux bruns pleins d’éclairs, et surtout une habitude du commandement qui se lisait dans chacune de ses distractions, démentaient son déguisement moral et physique.

      Etait-ce par insouciance ou de parti pris qu’il négligeait de répondre aux regards soupçonneux que lui lançaient les charretiers se dirigeant sur Paris?

      Si ses yeux surveillaient la route et les voyageurs, sa pensée était loin de lui.

      Cependant la route de Villejuif ne jouissait pas alors d’une très-bonne réputation. On parlait d’attaques à main armée, d’un colporteur assassiné et jeté dans une des carrières qui abondent en cet endroit.

      Assurément, la promenade régulière de notre individu, ses airs d’insouciance et de quiétude profonde ne devaient être rien moins que rassurants pour les gens qui le croisaient.

      Depuis quelques instants aucune charrette ne passait. Aussi loin que la vue pouvait s’étendre, la route se montrait complétement déserte, lorsque soudain l’homme à la blouse bleue écouta attentivement et fit un geste de satisfaction.

      — Le voici! murmura-t-il.

      Le son d’une trompe lointaine se fit entendre, et plus près de lui le hululement d’un oiseau de nuit.

      A son tour, il porta deux doigts à sa bouche et fit retentir ce cri sourd et clair que les chouans employaient lors de la guerre de la Vendée pour se garder et se reconnaître les uns les autres.

      Puis, s’arrêtant subitement pour jeter autour de lui un regard investigateur, il secoua la cendre de son cigare, en aspira