Морган Райс

Esclave, Guerrière, Reine


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cet homme jusqu'à ce que le stade tout entier soit en train de scander le nom du vainqueur. L'étranger fit sa révérence au Roi Claudius puis trois autres guerriers arrivèrent par les portes en fer au pas de course pour le remplacer.

      Les combats se succédèrent et la journée passa. Ceres regardait les combats les yeux bien ouverts. Elle n'arrivait pas vraiment à décider si elle détestait les Tueries ou si elle les aimait. D'un côté, elle aimait observer la stratégie, l'habileté et la bravoure des participants mais, d'un autre côté, elle détestait que les guerriers ne soient que des pions pour les riches.

      Quand arriva le dernier combat du premier tour, Brennius et un autre guerrier se battirent juste à côté de l'endroit où Ceres, Rexus et ses frères étaient assis. Les deux guerriers ne cessaient de se rapprocher d'eux. Leurs épées cliquetaient en faisant voler des étincelles. C'était palpitant.

      Ceres regarda Sartes se pencher par-dessus la balustrade, les yeux rivés sur les combattants.

      “Recule-toi !” lui hurla-t-elle.

      Cependant, avant qu'il ait pu réagir, soudain, un omnichat bondit d'une trappe située au sol de l'autre côté du stade. L'énorme animal se pourlécha les babines et plongea ses griffes dans la terre rouge en se dirigeant vers les guerriers. Les seigneurs de guerre n'avaient pas encore vu l'animal et le stade retenait son souffle.

      “Brennius est mort”, marmonna Nesos.

      “Sartes !” hurla encore Ceres. “Je t'ai dit de te reculer —”

      Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase. Juste à ce moment, la pierre que Sartes serrait des mains se détacha et, avant que quiconque ait pu réagir, il chuta par-dessus la balustrade et tomba dans l'arène, où il atterrit avec un bruit sourd.

      “Sartes !” hurla Ceres en se levant brusquement, horrifiée.

      Ceres regarda vers le bas et vit Sartes, trois mètres en dessous, se redresser et s'adosser contre le mur. Sa lèvre inférieure tremblait mais il ne pleurait pas. Il ne disait rien. Se tenant le bras, il regarda vers le haut, le visage tordu de douleur.

      Ceres ne pouvait supporter de le voir là-dessous. Sans réfléchir, elle tira l'épée de Nesos, bondit par-dessus la balustrade, entra dans l'arène d'un bond et atterrit juste devant son frère cadet.

      “Ceres !” hurla Rexus.

      Elle jeta un coup d’œil en arrière et vers le haut et vit des gardes emmener de force Rexus et Nesos avant qu'ils ne puissent la suivre.

      Ceres se tenait dans l'arène, accablée par la sensation surréaliste de s'y retrouver avec les combattants. Elle voulait sortir Sartes de cet endroit mais, comme elle n'en avait pas le temps, elle se plaça devant lui, résolue à le protéger. L'omnichat lui rugit dessus. Il était accroupi, ses yeux jaunes cruels rivés sur Ceres, qui sentait le danger.

      Elle brandit brusquement l'épée de Nesos des deux mains et la serra fermement.

      “Fuis, gamine !” hurla Brennius.

      Il était pourtant trop tard. L'omnichat lui fonçait dessus et, maintenant, il n'était plus qu'à quelques mètres. Elle se rapprocha de Sartes et, juste avant que l'animal de l'attaque, Brennius arriva par le côté et trancha l'oreille à l'animal.

      L'omnichat se dressa sur ses pattes arrière et rugit, arrachant de ses griffes une partie du mur qui se dressait derrière Ceres, la fourrure tachée de sang.

      La foule rugit.

      Le second seigneur de guerre approcha mais, avant qu'il n'ait pu faire le moindre mal à l'animal, l'omnichat souleva une patte et coupa la gorge à l'homme avec ses griffes. Serrant les mains autour du cou, le guerrier s'effondra par terre alors que le sang lui coulait entre les doigts.

      Assoiffée de sang, la foule acclama le spectacle.

      Avec un grognement, l'omnichat frappa Ceres si violemment qu'elle s'envola en l'air et s'écrasa par terre. Lors de l'impact, l'épée lui échappa et atterrit à plusieurs mètres.

      Ceres resta allongée sur place, les poumons bloqués. Elle étouffait et avait la tête qui tournait. Elle essaya de se mettre à quatre pattes mais retomba rapidement.

      A bout de souffle, le visage contre le sable râpeux, elle vit l'omnichat se diriger vers Sartes. Quand elle vit son frère dans un tel dénuement, elle sentit ses tripes prendre feu. Elle se força à inspirer et comprit avec une clarté sans défaut ce qu'il fallait qu'elle fasse pour sauver son frère.

      L'énergie l'inonda et lui donna immédiatement de la force. Elle se releva, ramassa l'épée et se précipita si vite vers l'animal qu'elle fut convaincue d'être en train de voler.

      Maintenant, l'animal était à trois mètres d'elle. Deux et demi. Deux. Un et demi.

      Ceres serra les dents et se jeta sur le dos de l'animal, plongeant les doigts dans sa fourrure aux poils raides avec insistance dans une tentative désespérée de lui détourner l'attention de son frère.

      L'omnichat se redressa sur ses pattes arrière et secoua le haut de son corps en faisant gigoter Ceres dans tous les sens. Cependant, la fermeté de son emprise et sa détermination étaient plus fortes que les tentatives de l'animal de se débarrasser d'elle.

      Quand la créature se remit à quatre pattes, Ceres saisit l'occasion. Elle leva son épée haut en l'air et frappa l'animal au cou.

      L'animal poussa un cri strident et se leva sur ses pattes arrière. La foule rugit.

      Tendant une patte vers Ceres, la créature lui perça le dos de ses griffes et Ceres poussa un cri de douleur car les griffes la perforaient comme des poignards. L'omnichat la saisit et la jeta contre le mur. Elle atterrit à plusieurs mètres de Sartes.

      “Ceres !” hurla Sartes.

      Ceres avait les oreilles qui sifflaient. Elle s'efforça de se redresser. Elle sentait palpiter l'arrière de sa tête et un liquide chaud lui coulait le long du cou. Elle n'avait pas le temps d'évaluer la gravité de la blessure. L'omnichat lui fonçait à nouveau dessus.

      L'animal se ruait vers elle et Ceres ne savait plus quoi faire. Sans même réfléchir, elle leva instinctivement une paume et la tendit devant elle. C'était la dernière chose qu'elle pensait qu'elle verrait jamais.

      Juste au moment où l'omnichat se jetait sur elle, Ceres eut l'impression qu'une boule de feu s'allumait dans sa poitrine et, soudain, elle sentit une boule d'énergie lui jaillir de la main.

      A mi-course, l'animal se ramollit soudain.

      Il s'effondra par terre et s'arrêta en dérapant sur ses pattes. S'attendant à moitié à ce que l'animal reprenne vie et vienne l'achever, Ceres retint son souffle en le regardant là où il était allongé.

      Cependant, la créature ne bougea pas.

      Déroutée, Ceres regarda sa paume. N'ayant pas vu ce qui s'était passé, la foule pensait probablement que l'animal était mort parce qu'elle l'avait frappé avant avec son épée. Cependant, elle savait que tel n'était pas le cas. Une force mystérieuse avait jailli de sa main et avait tué l'animal en un instant. Quelle force était-ce ? Rien de semblable ne s'était jamais produit et elle ne savait pas vraiment de quoi il s'agissait.

      Qui était-elle pour détenir un tel pouvoir ?

      Inquiète, elle laissa retomber sa main par terre.

      Elle leva les yeux avec hésitation et constata que le stade s'était tu.

      De plus, elle ne pouvait s'empêcher de s'interroger. Avaient-ils vu eux aussi ce qui s'était vraiment passé ?

      CHAPITRE DEUX

      Pendant une seconde qui sembla durer indéfiniment, Ceres sentit tous les regards lui peser dessus pendant qu'elle restait assise là, engourdie par la douleur et l'incrédulité. Plus que les répercussions à venir, elle craignait le pouvoir surnaturel qui rôdait en elle et qui avait tué l'omnichat. Plus que tous les gens qui l'entouraient, elle avait peur de regarder en elle et de voir une personne qu'elle ne connaissait plus.

      Soudain, la foule