Морган Райс

Soldat, Frère, Sorcier


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qui remplissaient le château. Elle avait laissé entrer un tsunami dans le château et, maintenant, les mots ne suffisaient plus à le repousser.

      Un escadron de gardes du corps royaux se tenait devant les portes de la grande salle. Ils avaient l'air redoutable dans leur armure rutilante, sur laquelle était gravée une musculature fictive et des images conçues pour intimider les ennemis.

      “Rendez-vous et vous serez bien traités”, leur promit Ceres, qui ne pouvait plus qu'espérer pouvoir tenir cette promesse.

      Les gardes du corps royaux n'attendirent même pas une seule seconde. Ils chargèrent vers l'avant l'épée tirée et, en un instant, ce fut à nouveau le chaos. Les gardes du corps royaux faisaient partie des meilleurs guerriers de l'Empire, car de longues heures d'entraînement leur permettaient d'affiner leurs compétences. Le premier qui se jeta sur Ceres fut assez rapide pour que même Ceres soit obligée d'interposer brusquement son épée pour intercepter le coup.

      Elle para encore. Sa deuxième épée contourna l'arme du garde du corps et le toucha à la gorge. A côté d'elle, elle entendait les gens se battre et mourir, mais elle n'osait pas regarder autour d'elle. Elle était trop occupée à repousser un autre adversaire, à le rejeter dans la masse fourmillante de la mêlée.

      Là, il n'y avait que des corps que l'on écrasait et d'où émergeaient des épées comme d'une grande mare de chair. Elle vit un homme se faire écraser contre les portes par le simple poids des gens qui arrivaient derrière lui et transportaient Ceres dans leur élan.

      Ceres attendit de se rapprocher puis ouvrit la porte de la grande salle d'un coup de pied. Les portes du château avaient été solides mais ces portes-là cédèrent sous la violence des pouvoirs de Ceres puis partirent en arrière jusqu'à claquer contre les murs qui se dressaient des deux côtés.

      Dans la grande salle, Ceres vit des groupes de nobles qui attendaient comme s'ils ne savaient pas où aller. Elle entendit plusieurs des femmes nobles présentes dans la salle hurler comme si une horde d'assassins venait de s'abattre sur eux. De leur point de vue, Ceres devina que c'était probablement ce à quoi ressemblait la situation.

      Elle vit la Reine Athena au cœur de la foule, assise sur le grand trône qui aurait dû être celui du roi, encadrée par deux des gardes du corps les plus grands de l'endroit. Ils se précipitèrent comme un seul homme et Ceres avança pour les affronter.

      Elle fit plus qu'avancer : elle roula.

      Elle se jeta en avant, plongeant sous les coups d'épée des attaquants, roulant et se relevant en un seul mouvement fluide. Elle se tourna, frappa de ses deux épées à la fois et toucha les gardes du corps avec assez de force pour leur transpercer l'armure. Ils tombèrent sans bruit.

      Seul un son se détacha du son du choc des épées que l'on entendait à la porte : le son de la Reine Athena qui applaudissait avec une lenteur délibérée.

      “Oh, excellent !” dit-elle quand Ceres se retourna vers elle. “Très élégant. Digne de n'importe quel bouffon. Que vas-tu faire pour ton tour suivant ?”

      Ceres ne céda pas à la provocation. Elle savait qu'Athena n'avait plus que ses mots pour se défendre. Évidemment, elle allait essayer d'en tirer le maximum.

      “Au tour suivant, je mets fin à l'Empire”, dit Ceres.

      Elle vit la Reine Athena la regarder bien en face. “Et tu prends ma place ? Ce sera le nouvel Empire, copie conforme de l'ancien.”

      Ceres se sentit plus touchée qu'elle ne l'aurait voulu. Elle avait entendu crier les nobles alors que les rebelles et elle-même investissaient le château entier comme une traînée de poudre. Elle avait vu certains des nobles que les rebelles avaient abattus.

      “Je n'ai rien à voir avec vous”, dit Ceres.

      L'espace d'un instant, la reine ne répondit pas. Au lieu de cela, elle rit et certains des nobles se joignirent à elle. Visiblement, ils avaient depuis longtemps l'habitude de ricaner en même temps que leur reine quand cette dernière trouvait quelque chose amusant. D'autres semblèrent avoir bien trop peur et se recroqueviller sur place.

      Elle sentit alors la main de son père se poser sur son épaule. “Tu n'as absolument rien à voir avec elle.”

      Cependant, Ceres n'eut pas le temps d'y réfléchir car la foule qui l'entourait commençait à s'agiter.

      “Qu'est-ce qu'on fait d'eux ?” demanda un des seigneurs de guerre.

      Un rebelle fournit rapidement une réponse. “Tuez-les !”

      “Tuez-les ! Tuez-les !” Cela devint comme une mélopée et Ceres vit la haine qui montait dans la foule. Cela ressemblait bien trop aux hurlements qui s'étaient élevés dans le Stade, des hurlements assoiffés de sang et demandeurs de mort.

      Un homme s'avança et se dirigea vers une des femmes nobles un couteau à la main. Ceres réagit instinctivement et, cette fois-ci, elle fut assez rapide. Elle fonça dans l'apprenti tueur et l'envoya par terre. Il leva les yeux vers Ceres, choqué.

      “Ça suffit !” hurla Ceres et, à ce moment, le silence se fit dans la pièce.

      Elle les regarda, les fit reculer en leur faisant honte, les regarda dans les yeux qui qu'ils soient.

      “Plus de massacres”, dit-elle. “C'est fini.”

      “Qu'est-ce qu'on fait d'eux, dans ce cas ?” demanda un rebelle en désignant les nobles. Il avait l'air plus courageux que les autres, ou alors, il détestait encore plus les nobles.

      “On les arrête”, dit Ceres. “Père, Sartes, pourriez-vous vous en occuper, vous assurer que personne ne les tue ou ne fasse de mal à qui que ce soit d'autre ?”

      Elle savait que la situation pouvait dégénérer de mille façons. Il y avait beaucoup de colère chez le peuple de la cité et chez tous ceux auxquels l'Empire avait fait du mal. Tout pourrait facilement dégénérer en une sorte de massacre digne de Lucious, avec des horreurs dans lesquelles Ceres n'accepterait jamais d'être impliquée.

      “Et toi, que vas-tu faire ?” lui demanda Sartes.

      Ceres comprenait la peur de son frère, qui avait probablement cru qu'elle serait là pour tout organiser alors qu'en vérité c'était à lui qu'elle faisait le plus confiance pour mener cette tâche à bien.

      “Il faut que je finisse de prendre le château”, dit Ceres. “A ma façon.”

      “Oui”, interrompit la Reine Athena. “Il faut que tu plonges les mains dans le sang. A l'heure actuelle, combien de gens sont morts pour tes prétendus idéaux ?”

      Ceres aurait pu ne pas l'écouter. Elle aurait pu se contenter de partir, mais la reine était impossible à ignorer simplement, comme une blessure imparfaitement guérie.

      “Combien ont péri pour que vous puissiez leur prendre ce que vous vouliez ?” répliqua Ceres. “Vous avez déployé des efforts phénoménaux pour écraser la rébellion alors que vous auriez simplement pu écouter et vous instruire. Vous avez fait trop de mal aux gens. Vous allez payer pour ça.”

      Elle vit la Reine Athena faire un sourire pincé. “Avec ma tête, sans nul doute.”

      Ceres l'ignora et commença à s'éloigner.

      “Cela dit”, dit la Reine Athena, “je ne serai pas la seule à souffrir. Il est trop tard pour Thanos, ma chère.”

      “Thanos ?” dit Ceres. Le mot suffit à l'arrêter. Elle se retourna vers là où la reine était encore assise sur le trône. “Qu'avez-vous fait ? Où est-il ?”

      Elle vit la Reine Athena sourire encore plus. “Tu n'es vraiment pas au courant, n'est-ce pas ?”

      Ceres sentit monter sa colère et son impatience, pas à cause de la façon dont la reine la provoquait mais à cause de ce que cela pouvait signifier si Thanos était vraiment en danger.

      Le reine rit à nouveau.