Морган Райс

Les Destinés


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ensemble.

      À sa grande surprise, les autres cessèrent de se quereller.

      — Ils te font confiance, dit Mark, tandis que les autres s’éloignaient un peu les uns des autres. Quand tu diriges, les gens suivent.

      — C’est pour ça que tu viens avec moi ? demanda Royce.

      Mark secoua la tête.

      — Tu sais que ce n’est pas le cas.

      — Même si tu penses que les Sept Îles sont dangereuses ?

      — Elles sont dangereuses, insista Mark. Il y a des créatures qui… sont loin d’être humaines. Il y a des sortes de trolls et des morts-vivants, et pire encore. Tu es sûr que c’est là que nous devons aller ?

      Comment Royce pourrait-il l’expliquer ? Comment pouvait-il expliquer ce qu’il avait vu avec Lori, la vieille femme redevenue jeune et connaissant tant de choses de l’avenir ? Elle lui avait dit où était son père, et Royce devait y aller, qu’importe la difficulté.

      — J’en suis sûr, répondit-il simplement.

      — Tu m’as sauvé la vie assez souvent, dit Mark. Où tu iras, je te suivrai.

      Royce ne pouvait pas dire à quel point il était reconnaissant d’entendre ça. Avec tout ce qu’ils devraient affronter… sauf que ce n’était pas les dangers à venir qui l’inquiétaient le plus. C’était ce qu’il avait laissé derrière lui. Il venait à peine de se fiancer avec Olivia, et ses pensées revenaient sans cesse à la fille d’Earl Undine, regrettant qu’ils n’aient pu passer plus de temps ensemble avant son départ… Et si son visage se transformait parfois dans son esprit, se rapprochant des traits de celui de Geneviève… eh bien, il pouvait chasser ces pensées.

      Royce continua, se concentrant sur le trajet qui l’attendait pour qu’il n’ait pas à penser à Geneviève, à la façon dont elle l’avait rejeté ou à la vitesse avec laquelle tout s’était passé avec Olivia.

      Il y pensait encore quand Ember descendit en piqué, ses serres s’enfonçant dans son épaule au moment d’atterrir. Elle cria, mais la voix que Royce entendit était celle de Lori, les mots de la sorcière lui parvenant clairement à l’esprit.

      — Suis l’oiseau, Royce. Elle te mènera à quelqu’un que tu dois rencontrer.

      Ember s’envola, et Royce suivit le faucon des yeux, se demandant à quel point la sorcière le contrôlait, et quelles étaient ses intentions. Elle lui avait déjà dit qu’elle voyait la violence et la mort dans son avenir, qu’elle le blâmait déjà en partie pour ce qui s’était passé dans le village. Royce n’avait aucune raison de penser qu’elle voulait l’aider.

      Sauf qu’elle semblait le faire, et puisqu’elle savait où était son père, la seule option s’offrant à Royce était de lui faire confiance. Royce suivit le faucon, planant à travers la bruyère vers un endroit où se tenait une longère au toit de chaume, de la fumée s’échappant devant l’entrée.

      Il y avait là un feu, et il semblait que tout, des meubles aux vêtements, y avait été brûlé, les restes fumaient encore en finissant de se consumer. Deux corps gisaient près du foyer, vêtus des restes de ce qui était des uniformes de soldats. Ils étaient tellement trempés de sang qu’il était difficile de voir de quel côté ils avaient été. Royce ne vit personne d’autre.

      — Ho-hé ? appela-t-il, en descendant. Il y a quelqu’un ?

      Il gardait sa main sur la poignée de l’épée de cristal, s’attendant à croiser des bandits, ou un autre ennemi. Il était clair que quelqu’un d’autre était venu ici tuer ces hommes, pas si longtemps auparavant, mais maintenant la maison semblait vide, la porte était ouverte comme si elle avait été enfoncée.

      Puis il entendit grogner dans l’ouverture, et se retourna pour faire face à une créature qui se tenait là, des grands yeux jaunes menaçant.

      — Loup ! cria Matilde en élevant son cheval.

      Mais il ne s’agissait pas tout à fait d’un loup. Cette créature était plus grande, et quelque chose dans sa forme tenait autant du renard que du loup. Ses dents étaient tout aussi longues, et ses griffes avaient l’air acérées. Il était couvert de sang, et il semblait évident que c’était le sang des hommes étendus là.

      — Pas un loup, dit Neave. Un bhargir, une créature magique.

      — Juste un gros loup, dit Sir Bolis, descendant de cheval et tirant son épée.

      — Ce n’est pas un loup, insista Neave. Mon peuple raconte des histoires à propos de ces choses. Certaines disent qu’ils ont été créés par des magiciens malfaisants, d’autres disent qu’ils sont les âmes des morts, ou des hommes portant des peaux de bêtes pour devenir quelque chose de… différent.

      Quelle que soit cette créature, elle avait l’air en colère. Elle grognait, en avançant, et Royce avait toute l’attention de ses grands yeux jaunes. Pendant un moment, il pensa que la créature lui sauterait dessus. Puis Ember revint sur son épaule.

      — Il s’appelle Gwylim.

      — Comment ça ? demanda Royce. Que se passe-t-il ici, Lori ?

      Mais l’oiseau reprit son envol, et Royce doutait qu’il aurait eu une réponse même s’il n’était pas reparti. Il regarda en arrière pour voir Sir Bolis qui avançait, l’épée levée comme pour s’en prendre à la bête.

      — Tout va bien, dit-il. Je vais m’en occuper.

      Le chevalier était sur le point d’abattre sa lame, et presque sans réfléchir, Royce bondit sur lui, saisissant le bras du jeune chevalier par surprise.

      — Attendez, insista-t-il. Attendez, Bolis.

      Il sentit le chevalier relâcher sa tension, mais Bolis garda quand même son épée prête à toute éventualité.

      — Cette chose a tué deux hommes, et elle nous menace, dit Bolis. On devrait la tuer pour qu’elle ne blesse personne d’autre !

      — Pas encore, dit Royce.

      Il regarda vers le… comment Neave l’avait appelé ? Un bhargir ? Il pouvait voir à présent que tout le sang qu’il avait sur sa fourrure n’était pas celui des hommes. Il avait une blessure sur le côté, le long de son flanc. Pas étonnant que la créature ne grogne.

      — Gwylim ? demanda Royce.

      À ce nom, le grognement s’arrêta et le bhargir pencha la tête, le regardant avec beaucoup plus d’intelligence qu’un loup ne l’aurait fait.

      — Tu comprends ce que je dis, n’est-ce pas ? devina Royce. La sorcière Lori m’a envoyé. Si elle connaît ton nom, tu la connais peut-être ?

      La créature n’avait manifestement aucun moyen de répondre, mais malgré cela, elle semblait s’être calmée, se déplaça vers Royce et s’allongea à ses pieds. Regardant de plus près, Royce remarqua quelque chose qui lui sembla impossible : la blessure sur le côté commençait à se refermer, les tissus de la bête se régénérant à une vitesse incroyable. Il n’y avait décidemment rien de normal chez cette créature.

      Royce n’était pas sûr de ce qu’il devait faire. Lori l’avait manifestement dirigé vers cette créature pour une raison, mais laquelle ? Il regarda dans la maison, cherchant un début de réponse, mais l’habitation semblait avoir été dépouillée de tout, son contenu faisant clairement partie du feu devant elle. Pourquoi des voleurs comme les deux hommes morts feraient une chose pareille ?

      Sans réponse, Royce retourna à son cheval. Le bhargir le suivait des yeux, assis derrière le feu, assez près pour que ses yeux brillent dans sa lumière.

      — Je ne sais pas quoi faire de toi, avoua-t-il. Mais j’imagine que tu pourrais être assez malin pour décider par toi-même. Tu veux venir avec nous