tout autour. Chacune affichait un permis universitaire collé sur leur pare-brise. Zoe avait quelque chose de mieux – une vignette FBI.
« Relis-le-moi ? » demanda Zoe. Elle était toujours intriguée par la théorie de Shelley. Être en colère pour une note baissée était une chose, mais être assez en colère pour tuer ?
Shelley afficha le mail sur son téléphone, sans même un soupir de d’agacement, ce qui était à mettre à son crédit. Elle avait sauvegardé une capture d’écran et l’amena comme preuve – preuve dont elles auraient besoin si elles allaient la confronter à l’étudiant qui l’avait envoyé.
« « Professeur, » » lut-elle. « « Je n’arrive pas à croire que vous m’ayez recalé. Genre, t’es sérieux ? Je me suis donné à fond pour cet examen et vous avez juste décidé de me virer du cours ! Les profs sont censés aider et accompagner. Un putain de merci. Vous êtes le pire des professeurs que je n’ai jamais eu, j’espère que vous serez viré. Je ne suis pas le seul à vous haïr. Vous allez en prendre pour votre grade, si jamais le doyen écoute nos plaintes. Essayez de bien dormir cette nuit, connard. » »
Zoe regardait dans le vide lorsque Shelley eut fini. Elle l’avait déjà entendu à plusieurs reprises auparavant et cette fois-ci n’allait pas lui faire changer d’opinion. C’était tout simplement de la fanfaronnade d’étudiant. Des menaces faites à sa carrière, pas à sa vie.
Sans compter que l’élève concerné étudiait l’anglais, pas les mathématiques. Ce n’était pas un lien suffisamment établi. Comment cet étudiant à peine instruit aurait-il pu écrire des équations complexes ? Assez complexes pour laisser les experts perplexes.
De plus, même si ce jeune était en colère contre son professeur, cela n’expliquait absolument pas pourquoi il se serait attaqué à la première victime – l’étudiant.
« Et bien ? » demanda Shelley.
Zoe se rendit compte qu’elle était restée silencieuse, incapable de réagir à la lecture de Shelley. Elle hausa alors les épaules. « Ça m’a l’air d’être rien.
– Allez, Z ! Il menace directement le professeur, » dit Shelley. « Et cette allusion à d’autres étudiants mécontents – et s’il en connaissait d’autres qui auraient pu le faire ? Il faut au moins le ramener pour l’interroger. »
Zoe regarda avec insistance le campus sombre, ses bras croisés au-dessus de sa poitrine, devant le volant. « Si tu le dis. »
Ce n’était clairement pas la réponse à laquelle Shelley s’attendait, puisqu’elle émit un raclement énervé du fond de sa gorge et se retourna.
Son téléphone vibra presque au même moment et elle baissa les yeux pour lire le message. « Je viens de recevoir un courriel de la secrétaire du département des admissions. Elle m’a envoyé l’emploi du temps de Jones.
– Jones ? », interrompit Zoe.
Cette fois-ci, Shelley soupira vraiment et leva les yeux au ciel. « Jensen Jones, l’étudiant que nous sommes venues voir. Je sais que tu ne penses pas qu’il soit une piste sérieuse, mais j’ai cru qu’au moins tu faisais attention. »
Zoe haussa de nouveau les épaules, ne lui offrant aucune excuse. Elle avait quelque chose de mieux, des choses plus importantes sur lesquelles se concentrer. Les équations. Le fait qu’elle ne s’approchait toujours pas de la solution. L’attente que les contacts de la Dr. Applewhite jettent un coup d’œil dessus et la rappellent ensuite était une agonie.
« Peu importe, voilà ce qui est important. Jones prenait aussi un cours de physique. Et devine qui se trouve être l’étudiant instructeur à ces cours ? »
Zoe la fixa du regard, stoïque. Elle n’allait pas jouer ce jeu-là.
Shelley continua sans se décourager. « Cole Davidson. C’est-à-dire, la première victime. Jones a un lien personnel avec les deux victimes.
– Mais il ne prend pas de cours de math. » Zoe ne put plus s’en empêcher. Elle refusa de croire que les équations étaient aléatoires, rien que du gribouillage destiné à les distraire. Elles devaient jouer un rôle essentiel dans cette affaire. C’était certain.
Dans le cas contraire, Zoe ne serait pas aussi utile à cette affaire qu’elle le pensait et tout cela ne serait qu’un cas ordinaire et ennuyeux. Pourquoi cette éventualité la dérangeait autant, elle ne put pas le dire vraiment. Tout ce qu’elle savait c’était qu’elle avait besoin de résoudre les équations, et que les équations étaient la clé.
« Écoute, je sais que tu peux faire valoir de ta supériorité hiérarchique si tu veux. Tu es l’agent senior. Mais je ne veux pas me retrouver avec une affaire non-résolue et ne pas pouvoir dire que nous avons remué ciel et terre. Je vais l’interroger, » dit Shelley d’un ton déterminé en ouvrant la porte et sortant de la voiture.
Zoe se figea un instant, puis soupira et ouvrit sa porte. En fin de compte, elles étaient partenaires. Elles travaillaient ensemble. Même si Zoe ne croyait en aucun cas que cela fut un besoin vital, elle était pourtant censée soutenir sa partenaire.
Elle allait donc le faire.
Elle rattrapa Shelley qui marchait à grandes enjambées à travers le campus, quelques minutes plus tard. Une énergie crépitante se dégageait de l’autre femme, une colère qui se hérissait comme les épines sur un porc-épic. Zoe était habituée à cette sensation. Elle provoquait toujours de la rage chez les autres, le plus souvent quand elle n’arrivait pas à comprendre ce qu’elle avait fait de mal.
Au moins cette fois-ci, elle le savait.
« J’accepte ta piste, » dit Zoe. « Si tu sens que ce gamin va nous donner quelque chose, je te soutiendrai. »
Les pas de Shelley ralentirent un peu avant qu’elle ne poursuive sa course. « Merci, » dit-elle un peu trop poliment. Zoe comprit qu’elle était contrariée, mais pourquoi ? Elle avait donné à Shelley ce qu’elle voulait, non ?
De telles questions devaient être remises à plus tard, ou de préférence à jamais, puisqu’elles arrivèrent devant un immeuble juste en dehors du campus. Shelley ferma l’application cartographique de son portable grâce à laquelle Zoe avait déduit qu’elles devaient être arrivées. Elle savait aussi, en étant seulement là dans la rue, que la musique qui retentissait par les fenêtres, bien que celles-ci soient fermées, était au-dessus de la limite sonore autorisée par la ville pendant la nuit.
Un étudiant d’à peine dix-neuf ans sortit en titubant tandis qu’elles s’approchaient de l’entrée. Il avait un gobelet rouge à la main et ses mains bataillaient avec une cigarette. Quand il leva la tête et vit les deux femmes se dirigeant vers lui, ses yeux s’écarquillèrent de façon presque comique. Les trente millilitres de liquide dans son gobelet furent projetés par-dessus son épaule et atterrir dans des buissons et il s’éloigna rapidement, serrant le réceptacle en plastique désormais vide, comme si sa vie dépendait du fait de le tenir à portée d’elles.
« Soirée, » dit Zoe en reconnaissant pas mal de signes.
Zoe sortit de nouveau son portable et afficha la photo de Jensen Jones prise lors de son inscription à l’université. Il était jeune, assez propre. Cheveux châtains, un large nez, des yeux marron. Rien de spécial.
Ce qui était mauvais signe, à cause de ce que Shelley allait dire ensuite. « Il va falloir le surveiller de près. Je suppose que la plupart entre eux vont se disperser et s’enfuir dès que nous serons là. Nous avons manifestement l’air d’être des agents FBI, ou au moins des flics. On devrait peut-être l’attraper s’il essaie de s’échapper.
– Organiser une soirée juste après avoir tué deux personnes ? » demanda Zoe. « Est-ce considéré comme une réaction normale ?
– Pas normale, non, mais c’est déjà arrivé, » dit Shelley. « Je pourrais te citer quelques cas mais ce serait