Блейк Пирс

Sous Haute Tension


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lac pile au milieu des chaînes de montagnes. Enfin, le shérif se gara dans une large allée, devant une maison d’apparence récente et de style espagnol, précédé par un garage assez grand pour accueillir trois voitures.

      En entrant, Riley remarqua deux valises posées près de la porte. Elle se demanda ce qu’elles faisaient là.

      Montrant un boitier, Johnson demanda :

      – Comment l’intrus a-t-il franchi le système d’alarme ?

      – Nous n’avons pas eu le temps de vérifier.

      Johnson inspecta l’appareil.

      – Je connais ce système, dit-il. C’est un équipement de pointe. Si quelqu’un l’a piraté, il doit être sacrément bon en informatique. Ça n’a pas dû être facile. Qu’en est-il de l’autre maison, celle où la première victime a été tuée ?

      – Il n’y avait pas d’alarme, dit Dawes. Pas de traces d’effraction non plus. Il se peut que les victimes aient laissé entrer le meurtrier.

      Johnson regarda Riley et dit :

      – Ça nous laisse deux possibilités. Soit le tueur a d’excellentes capacités de cambrioleur, soit les victimes le connaissaient et lui faisaient confiance.

      Riley grimaça légèrement devant l’assurance de cette déclaration, comme s’il était parvenu à une formidable conclusion. À ce niveau de l'enquête, elle se dit que toutes les explications étaient encore possibles et qu’il valait mieux attendre davantage de précisions.

      Ils suivirent Johnson à travers un hall cathédral. Un escalier menait à l’étage et une porte dissimulait une penderie. D’un côté du couloir, une porte ouverte donnait sur un bureau. Il y avait du ruban jaune en travers de la porte, l’équipe scientifique était à l’intérieur pour rassembler des preuves.

      – Le bureau de la victime ? demanda Johnson.

      – Non, de sa femme, répondit Dawes. Mais il y a des signes de lutte à l’intérieur, dont une lampe de bureau cassée.

      Désignant le sol du bureau, Dawes ajouta :

      – Vous pouvez voir des marques sur le sol. Il semblerait que la victime ait été attaquée ici puis traînée jusqu’au sous-sol. Comme précisé dans le rapport, la première victime a probablement été maîtrisée avec du chloroforme.

      Johnson acquiesça et dit :

      – Il y a de fortes chances qu’il se soit passé la même chose ici.

      Riley ne pouvait le contredire, mais le ton de sa voix continuait de l’agacer. Elle aurait aimé pouvoir se faufiler sous le ruban et essayer de comprendre ce que ressentait le tueur au moment de l’attaque. Mais elle doutait que Johnson ou Dawes approuvent et ils auraient sûrement raison. Déranger le travail minutieux de l’équipe médico-légale n’était pas vraiment une bonne idée.

      Alors qu’ils progressaient dans la maison, Riley remarqua qu’elle était décorée avec un goût certain, contrairement aux autres maisons luxueuses qu'elle avait eu l’occasion de visiter. Mais elle lui paraissait tout de même intimidante, trop spacieuse. D’après ce que Johnson et elle avait lu du dossier, Riley avait l’impression que les Banfield n’avaient pas d’enfant. Elle se demanda pourquoi deux personnes seules avaient besoin d’autant d’espace.

      Dawes les escorta dans une grande pièce, avec à leur droite un salon et à leur gauche une salle à manger. La lumière du soleil inondait la pièce à travers les grandes fenêtres.

      Il n’y avait aucun désordre. Tout semblait à sa place. Riley en déduisit que les personnes qui vivaient ici avaient une vie organisée et bien rangée.

      Dans la pièce de vie, deux femmes étaient assises sur le duo de fauteuils en cuir couleur chocolat. L’une d’elle se leva pour les accueillir.

      – Je me présente, Elaine Bonet, je suis la voisine. Je suis ici pour tenir compagnie à Sheila un petit moment. Le voisinage a l’intention de se relayer auprès d’elle. Nous ne voulons pas qu’elle reste seule.

      Elaine Bonet portait un ensemble de jogging, comme si elle venait de courir ou de faire du sport. En comparaison, la femme de la victime était très élégante, comme si elle allait ou revenait d’un événement.

      Alors que Riley et ses deux collègues s'asseyaient, elle s’aperçut que le visage de la femme de la victime lui était familier. L’avait-elle rencontrée en décembre dernier lors de son enquête avec Crivaro ?

      Non, impossible.

      Fouillant la pièce à la recherche d’indices, Riley remarqua un livre posé sur la table basse avec pour couverture le visage de la femme. Elle réalisa subitement.

      Bien sûr ! Cette Sheila Banfield !

      C'était une psychologue spécialisée dans les thérapies familiales qui avait écrit La Touche Analogue. Un bestseller sur l'éducation des familles à l’ère du numérique. Riley avait lu de très bonnes critiques, mais elle s’était dit qu’elle avait encore le temps avant de commencer à lire des livres sur l’éducation. Elle était embarrassée, comme si elle se sentait obligée de lui avouer qu’elle n’avait pas lu son livre.

      Elle savait bien sûr qu’elle n’avait rien à craindre. Il était peu probable que ce soit le sujet de conversation. Sheila Banfield avait d’autres choses en tête pour l’instant.

      Pourtant lumineuse et souriante sur la couverture de son livre, Sheila paraissait à cet instant étourdie et en état de choc. Lorsque Dawes eut fini les présentations, Sheila déclara d’un son proche du chuchotement.

      – Le DSC. C’est bien. Merci d’être venu.

      En se penchant vers elle, l’agent Johnson dit :

      – Toutes nos condoléances pour ce qui est arrivé, Dr Banfield. Nous allons faire tout notre possible pour retrouver le coupable.

      Sheila acquiesça silencieusement.

      Riley remarqua qu’elle lançait des regards de tous les côtés d’un air perdu, comme si son environnement lui était inconnu. Elle avait déjà vu ce type de réaction parmi des proches endeuillés en d’autres occasions.

      Il y avait une boîte de mouchoirs près de Sheila, mais elle semblait presque pleine. Sheila ne donnait pas l’impression d’avoir véritablement pleuré, mais Riley savait que ce moment arriverait, une fois le choc initial passé. C’était une bonne chose que ses amis soient là pour l’épauler.

      À la demande de Johnson, Sheila commença à raconter les faits.

      – J’étais dans le Nord-Ouest depuis plusieurs jours pour des dédicaces, dit-elle. Elle désigna le livre et ajouta, gênée. J’ai, euh, écrit ça. Vous en avez peut-être entendu parler. Je voyage beaucoup pour le promouvoir. J’étais partie depuis plusieurs jours.

      Elle inspira profondément et continua :

      – La nuit dernière, après avoir terminé ma tournée, j’ai pris l’avion à Seattle. Ma voiture m’attendait sur le parking de l’aéroport de Provo. Lorsque j’ai commencé à voyager, Julian…

      Elle fit une pause à la mention de son mari.

      Puis elle reprit :

      – Julian avait l’habitude de me conduire et de me récupérer à l’aéroport lors de mes tournées. Mais c’était beaucoup d’organisation, surtout que nous avons deux voitures et je… j’ai suggéré de m’y rendre seule. Il semblait apprécier l’idée. Peu importe…

      Sa voix s’éteignit un instant.

      – Je suis rentrée tard la nuit dernière, vers minuit trente. Lorsque je suis entrée, j’ai remarqué que le système d’alarme n’était pas enclenché. Ça m’a inquiété. Julian n'était pas du genre à oublier de l’activer à la tombée de la nuit. Toutes les lumières du rez-de-chaussée étaient allumées, je me suis donc dit que Julian devait