financières, aux régulateurs et aux utilisateurs de services financiers seront également nécessaires pour permettre à la transformation numérique des secteurs financiers de réaliser son plein potentiel de développement.
L’Afrique et ses secteurs financiers sont fortement exposés aux risques liés au dérèglement climatique. Les secteurs financiers doivent jouer un rôle clé dans le financement de l’atténuation des changements climatiques et de l’adaptation à leurs effets. Le chapitre 5 démontre que le verdissement des secteurs financiers africains est essentiel pour mobiliser des capitaux supplémentaires dans la lutte contre les changements climatiques. L’analyse réalisée par l’Overseas Development Institute du Royaume-Uni et la BEI montre que le nombre et le montant des émissions sur le marché africain des obligations vertes augmentent presque chaque année. Toutefois, ce marché n’a pas encore déployé tout son potentiel, car il reste peu développé par rapport aux marchés équivalents dans d’autres régions. Les changements climatiques et la transition énergétique représentent des risques notables pour l’activité des banques africaines. L’enquête 2021 de la BEI sur le secteur bancaire en Afrique révèle que les banques africaines sont de plus en plus conscientes de la nécessité de faire face aux risques que représente le dérèglement climatique et commencent à tirer parti des possibilités qu’offre la finance verte. Par exemple, 54 % des banques interrogées considéraient déjà le climat comme un enjeu stratégique[8], et un peu plus de 40 % d’entre elles avaient du personnel travaillant sur les perspectives liées au climat. D’autres institutions financières, notamment dans la microfinance, les capitaux privés et les assurances, comblent également des lacunes du marché dans le domaine de la finance verte, tandis que les décideurs soutiennent ces développements par des interventions réglementaires, un soutien technique et des financements, avec des initiatives aux niveaux national, régional et international. Toutefois, les secteurs de la finance verte de l’Afrique restent moins développés que ceux d’autres régions, et il est possible de faire davantage pour que les secteurs financiers du continent prennent en compte les risques climatiques et saisissent les possibilités offertes par le financement de l’action pour le climat. Ces efforts sont devenus particulièrement urgents dans le contexte de la reprise économique post-COVID-19. Les organisations internationales peuvent jouer un rôle important en travaillant avec les institutions financières pour financer la transition climatique et en aidant à combler le déficit de connaissances et de capacités afin que des produits financiers durables puissent être proposés.
La BEI a activement soutenu les partenaires africains pendant la pandémie, comme indiqué au chapitre 6. Dans le cadre de l’Équipe Europe, la Banque a intensifié ses efforts pour aider les partenaires africains à faire face à la crise sanitaire et économique liée au COVID-19 et elle continuera à investir en Afrique dans le cadre de la reprise et au-delà. En 2020, la BEI a mis 5 milliards d’EUR à disposition pour de nouveaux investissements publics et privés en Afrique, un engagement annuel record pour la Banque. Ces opérations permettront d’appuyer plus de 12 milliards d’EUR d’investissements dans 28 pays africains, 71 % des fonds bénéficiant à des pays en situation de fragilité et de conflit et à des économies parmi les moins avancées. Le soutien de la BEI a aidé les pays africains à faire face à l’urgence sanitaire et à résister aux conséquences économiques de la crise. À plus long terme, la Banque aidera ces pays à progresser vers la réalisation des objectifs de développement durable. Les projets signés en Afrique en 2020[9] devraient contribuer à la vaccination de 210 millions de personnes contre le coronavirus, à l’alimentation en électricité de 595 400 ménages grâce à de nouvelles installations énergétiques, à l’amélioration de l’approvisionnement en eau de 778 000 personnes ainsi qu’à l’irrigation de 26 500 nouveaux hectares de terres et à la reforestation de 3 076 hectares que les agriculteurs pourront exploiter.
Une grande partie de l’aide de la BEI repose sur des partenariats avec des institutions financières africaines, ce qui lui permet d’atteindre les PME. La BEI octroie des prêts et des fonds propres « patients » pour renforcer la capacité de ces institutions à prêter en faveur d’un redressement durable, en ciblant en particulier les PME et les investissements dans des domaines clés tels que le climat, l’économie numérique, l’innovation et l’entrepreneuriat féminin. Bon nombre de ces prêts sont accordés en monnaie locale, ce qui évite de répercuter le risque de change aux clients de la BEI et les aide à servir les bénéficiaires finals, tels que les PME, dont les recettes sont principalement en monnaie nationale. La Banque soutient divers acteurs, y compris des banques, des institutions de microfinance et des fonds de capital-investissement, afin de répondre à tout l’éventail des besoins en matière de développement durable.
Afin de maximiser l’impact sur le développement, la BEI complète son offre financière par des missions d’assistance technique, des services de conseil et des productions intellectuelles. Ce soutien peut donner aux institutions financières les compétences nécessaires pour faciliter le développement durable, par exemple en atteignant les groupes mal desservis, ou pour devenir plus actives dans des secteurs à fort impact, tels que les énergies renouvelables. Par exemple, en partenariat avec le Fonds monétaire international, la BEI a lancé un cours en ligne sur l’intermédiation et l’inclusion financières, qui aide les fonctionnaires et les intermédiaires financiers à garantir la stabilité des marchés financiers tout en répondant aux besoins des entreprises du secteur privé, en particulier des MPME[10]. La Banque continue également d’investir directement dans des projets de plus grande envergure ayant un fort impact sur le développement durable. À titre d’exemple, le soutien qu’elle apporte à l’Institut Pasteur de Dakar (Sénégal) lui permet d’intensifier la production de vaccins contre le COVID-19, une étape clé dans les efforts déployés à l’échelle mondiale par la BEI pour relever les défis sanitaires et économiques causés par la pandémie et construire un avenir meilleur.
La BEI, en tant que banque de développement de l’Union européenne, réorganise ses activités en dehors de l’UE afin d’améliorer la manière dont elle met en oeuvre ses initiatives de financement du développement. En septembre 2021, le Conseil d’administration de la BEI a approuvé la proposition relative à la création d’une branche de la BEI consacrée au financement du développement[11]. L’objectif est de renforcer l’engagement de la Banque en matière de développement à l’extérieur de l’Union européenne afin de favoriser l’impact et l’efficacité. Par l’intermédiaire de cette nouvelle branche, la BEI continuera de soutenir les entreprises du secteur privé en Afrique et d’appuyer une reprise intelligente, verte et inclusive, en ciblant plus particulièrement les entreprises et les groupes mal desservis.
Debora Revoltella Directrice, Département Analyses économiques Banque européenne d’investissement
[1] OCDE, 2020. L’OCDE estime que la crise du coronavirus a provoqué un déficit de revenus de 700 milliards d’USD en 2020.
[2] Le déficit budgétaire moyen de l’Afrique subsaharienne est passé de 4,1 % du produit intérieur brut (PIB) en 2019 à 6,9 % en 2020, alors que le ratio de dette rapportée au PIB a augmenté de 6 points de pourcentage en 2020 (Fonds monétaire international, Perspectives de l’économie mondiale).
[3] Les financements extérieurs privés pour les pays en développement ont chuté de 700 milliards d’USD en 2020, sachant que selon