Pamela Fagan Hutchins

Absolution Providentielle


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me menotter, ça m’aurait évité la suite.

      A Nick :

      - Tu m’as largué pour Tim. Je suis toute seule. J’aurai aussi bien pu ajouter, « Avec amour, une fille folle de toi. »

      Pas de réponse. J’attendis cinq minutes en finissant un verre de vin. Je remplis à nouveau mon verre. Je fis défiler les trois cents textos d’Emily demandant où j’étais et je lui répondis par

      - Nick !!! Vraiment désolée. On se parle plus tard.

      J’en envoyais un autre à Nick.

      - T’es là ? Tjrs avec Tim ?

      - Yop, fut sa réponse.

      Un autre texte de Nick sonna quelques secondes plus tard.

      - Il faut qu’on parle.

      Bonne ou mauvaise conversation ? me demandais-je. Parler, comme un euphémisme pour ne pas parler ?

      Je répondais à Nick :

      - oki, où, quand ?

      - Lundi, au bureau.

      Coup de poing dans l’estomac. Reste calme, Katie, reste calme. Ne laisse pas ce moment t’échapper. Il y a encore une chance.

      - Pas juste. Maintenant ? Choisis un endroit.

      - Mauvaise idée. J’ai picolé.

      - Je m’en fiche. Chbre 632.

      Pas de réponse. Réfléchis, réfléchis, réfléchis, réfléchis, réfléchis. Il n’a pas dit non. Il n’a pas dit oui. Je pourrai renvoyer un texto et demander une réponse claire, mais ça pourrait être une mauvaise idée. Suppose que c’est oui et ressaisis-toi, ma fille.

      J’inspectai la chambre d’hôtel spartiate, l’affreuse couette marron grisonnante, trop souvent passée dans des lave-linge industriels, les rideaux marron décolorés par les années « fumeur » de la chambre, une reproduction encadrée en série d’un bateau à aubes accrochée sur un mur couvert de papier peint métallisé. Ce n’était pas très prometteur pour un interlude romantique. Je nettoyai la pièce, et moi, du mieux possible, et j’essayai de me stabiliser sur une pensée et un comportement sobres.

      Pas de Nick. Je fis les cent pas. Je me racontai des histoires. Je revérifiai mes textos. Et puis, soudain, je su qu’il était là, je le sentis avec ma perception Nick extrasensorielle.

      Je regardai par le judas. Oui, il était là, faisant la même chose que moi de l’autre côté de l’épaisse plaque de bois. Mais je ne pouvais pas ouvrir la porte, sinon il aurait su que j’étais là à le regarder.

      Il leva la main pour frapper. Il la baissa. Il se retourna pour s’éloigner ; il revint à la porte. Il passa sa main dans ses cheveux en se massant le crâne et ferma les yeux.

      Il frappa à la porte. Je retins ma respiration en formulant une prière rapide. « S’il vous plaît, mon Dieu, aidez-moi à ne pas tout faire foirer ». Ce n’était pas la prière la mieux conçue ou la plus élaborée que j’aie jamais prononcée. J’ouvris la porte.

      Aucun de nous ne dit un mot. Je fis un pas en arrière et il entra, serrant une serviette de bar dans sa main gauche. Sa main droite ratissant à nouveau ses cheveux en un tic nerveux que je n’avais jamais remarqué avant ce soir.

      Je m’assis sur le lit. Il s’assit dans un fauteuil près de la fenêtre.

      - Tu as dit que nous devions parler, commençais-je.

      Il se concentra sur sa serviette froissée pendant un long moment. Quand il leva les yeux, il fit un mouvement de va-et-vient entre nous deux et dit :

      - Ma vie est bien trop compliquée en ce moment. Je suis désolé, mais ça ne peut pas arriver.

      Ces mots n’étaient pas ceux que j’avais espéré entendre. Peut-être n’étaient-ils pas ceux que je m’attendais à entendre, mais j’avais gardé espoir jusqu’à ce qu’il les prononce. Mon visage brûlait. Compte à rebours avant l’effondrement.

      - Par « ça », je suppose que tu fais référence à une sorte de « truc » entre toi et moi ? Bien sûr que ça ne peut pas se produire. Je suis une associée du cabinet. J’entendis ma voix en écho. Supérieure. Dédaigneuse.

      - Je sais que je peux passer pour une dragueuse, mais je suis comme ça avec tout le monde, Nick. Ne t’inquiète pas. Je ne te cours pas après.

      Je pouvais presque voir l’empreinte virtuelle d’une main sur son visage laissée par la gifle de mes mots.

      - Je t’ai entendu parler à Emily sur ton portable quand tu es arrivée cet après-midi.

      Cela semblait de mauvais augure.

      - De quoi tu parles ?

      - Je passais devant ta chambre. La porte était grande ouverte. Je t’ai vue. Je t’ai entendue.

      Je protestais,

      - Comment savais-tu que c’était moi ?

      - Je connais ta voix. Vous parliez de moi. J’ai entendu mon nom. Je suis désolé d’avoir écouté aux portes, mais je n’ai pas pu m’en empêcher. Je me suis arrêté et j’ai écouté.

      Je tentais de le couper à nouveau, mais il continua.

      - Tu as dit, (et, oh, j’aurai voulu ne pas entendre la suite) que tu ne pouvais pas croire à quel point je t’attirais. Que tu te sentais coupable parce que tu pensais à moi plus qu’au travail ou à ce qui était arrivé à tes parents...

      Nick trébuchait sur ses mots, luttant pour faire sortir quelque chose.

      - Tu as dit à Emily que tu ne pouvais pas t’empêcher d’être amoureuse de moi.

      Oh, mon Dieu. Oh, mon Dieu. Tout ce sang brûlant qui se vidait de mon visage. J’avais dit ça au téléphone à Emily. Elle avait appelé pour s’assurer que je venais directement à la séance, et j’avais détourné la conversation vers Nick. C’était une chose tellement normale que je l’avais oubliée. Bon sang, c’était tellement normal qu’elle avait probablement fait abstraction de tout ça. Soudain, je sus à quel point j’étais ivre, et la pièce se mit à tourner.

      Je forçai un rire à briser du cristal.

      - Oui, j’ai mentionné ton nom, mais ce n’est pas ce que j’ai dit.

      - Non, c’était bien ça, interrompit-il. Je ne suis pas un crétin. Je sais ce que j’ai entendu.

      - Eh bien, tu l’as mal interprété, insistais-je. Je ne cours pas après toi, Nick. Pour ce que j’en sais, tu es toujours marié. Et nous travaillons ensemble. Je suis désolée si je t’ai mis mal à l’aise. Je vais essayer de ne pas le refaire.

      - Tu ne m’as pas mis mal à l’aise.

      Il s’arrêta et passé la main dans les cheveux une troisième fois, fixant à nouveau la serviette. Il y avait quelque chose d’écrit sur cette foutue chose.

      - C’est juste que... Il soupira et n’alla pas plus loin.

      - Juste quoi ?

      Pas de réponse. J’aurai aimé que ce soit seulement l’alcool qui me fasse sortir des sarcasmes, mais ce n’était pas le cas.

      - Pourquoi ne pas consulter ta serviette magique pour savoir ce que tu dois dire ?

      Son visage s’assombrit.

      - C’est pas sympa.

      J’étais en train d’accumuler de la pression.

      - Eh bien, il semble que tu sois venu me voir avec ton discours tout préparé. Remettre la pauvre Katie en mal d’amour à sa place.

      Je pris une inspiration et je crachai :

      - Je n’arrive pas à croire