esquisses datées, des échanges de mails avec des fournisseurs. Je n'ai pas quitté mon appartement de la journée.
Emma prenait des notes frénétiquement. Son instinct lui disait que Jake ne mentait pas, mais les preuves contre lui restaient solides.
– Et le témoin qui vous a identifié ? demanda-t-elle.
Jake secoua la tête, frustré. – Je ne comprends pas. Je ne connais pas cette femme. Je n'ai jamais mis les pieds dans cette bijouterie. Il doit y avoir une erreur.
Emma réfléchit un moment. – Mr. Donovan, avez-vous un alibi pour l'heure exacte du braquage ? Quelqu'un qui pourrait confirmer que vous étiez chez vous ?
Jake baissa les yeux. – Non. J'étais seul. Ma copine… mon ex-copine était censée passer, mais on s'est disputés au téléphone. Elle n'est jamais venue.
Emma nota ce détail. Ce n'était pas idéal, mais ce n'était pas non plus rédhibitoire.
– Très bien, dit-elle en refermant son dossier. Je vais examiner tout ça de près. Je vais avoir besoin de ces preuves dont vous m'avez parlé : les esquisses, les emails, tout. Pouvez-vous me les faire parvenir ?
Jake acquiesça. – Mon frère a les clés de mon appart. Il peut vous les apporter.
– Parfait. Je vais aussi demander à voir les bandes de vidéosurveillance. Il faut que je voie par moi-même ce fameux suspect.
Alors qu'Emma se levait pour partir, Jake la retint. – Miss Collins ?
– Oui ?
– Merci. De me croire.
Emma hésita un instant. – Je ne crois rien pour l'instant, Mr. Donovan. Je fais simplement mon travail.
Mais au fond d'elle-même, elle savait que ce n'était pas tout à fait vrai. Quelque chose chez cet homme l'intriguait, la poussait à vouloir creuser plus loin.
De retour au cabinet, Emma s'enferma dans son bureau pour éplucher le dossier. Elle était tellement absorbée qu'elle sursauta quand Sarah frappa à sa porte.
– Emma ? Mr. Pearson voudrait vous voir dans son bureau.
Emma jeta un coup d'œil à sa montre. Il était déjà 18h. La journée avait filé à une vitesse vertigineuse.
Dans le bureau de Mr. Pearson, l'ambiance était tendue. Le vieux patriarche n'était pas seul : Richard Hartley, le père de James, était également présent.
– Ah, Emma, entrez, dit Mr. Pearson. Richard et moi parlions justement de l'affaire Donovan.
Emma s'assit, mal à l'aise. – J'ai rencontré le client ce matin. Je commence à peine à étudier le dossier.
Richard Hartley se pencha en avant. – Emma, ma chère, nous nous inquiétons un peu. Cette affaire… elle pourrait avoir des répercussions importantes sur le cabinet.
– Je ne comprends pas, dit Emma, perplexe. En quoi un cas de braquage pourrait-il affecter Pearson & Hartley ?
Mr. Pearson et Richard échangèrent un regard.
– Le propriétaire de la bijouterie braquée, expliqua Mr. Pearson, est un de nos plus gros clients. Il fait pression pour que cette affaire soit réglée rapidement.
Emma sentit une boule se former dans sa gorge. – Vous voulez que je pousse Jake Donovan à plaider coupable ?
– Ce serait la solution la plus… simple, acquiesça Richard.
Emma n'en croyait pas ses oreilles. – Mais… et s'il est innocent ?
Mr. Pearson soupira. – Emma, vous êtes brillante, mais parfois un peu naïve. Dans ce milieu, l'innocence et la culpabilité sont des notions… flexibles.
– Je ne peux pas faire ça, protesta Emma. Ce serait contraire à l'éthique, à tout ce en quoi je crois.
– Réfléchissez-y, Emma, insista Richard. Votre avenir au sein du cabinet pourrait en dépendre.
Emma sortit du bureau, la tête tournant. Était-ce pour cela que Mr. Pearson lui avait confié cette affaire ? Pour la tester ? Pour voir jusqu'où allait sa loyauté envers le cabinet ?
Elle retourna dans son bureau, l'esprit en ébullition. Le dossier de Jake Donovan était ouvert sur son bureau. Elle fixa la photo de l'homme aux yeux troublants, déchirée entre son devoir envers le cabinet et son instinct qui lui criait que quelque chose clochait dans cette histoire.
Son téléphone vibra. Un message de James :
Tout va bien ? Tu rentres tard. Je t'attends pour dîner.
Emma ferma les yeux un instant. Comment pourrait-elle expliquer tout ça à James ? Son père était impliqué. Leur mariage approchait. Tout semblait soudain si compliqué.
Elle rangea ses affaires, prit le dossier Donovan et quitta le bureau. Dans le taxi qui la ramenait chez elle, Emma prit une décision. Elle ne pouvait pas abandonner Jake sans avoir exploré toutes les pistes. Elle lui devait au moins ça.
Quand elle arriva à l'appartement, James l'attendait avec un verre de vin.
– Dure journée ? demanda-t-il en l'embrassant.
Emma hocha la tête, incapable de mettre des mots sur le tourbillon d'émotions qui l'agitait.
– Tu veux en parler ? proposa James.
Emma hésita. Devait-elle lui parler de la conversation avec son père ? Des doutes qui la rongeaient ?
– Pas maintenant, dit-elle finalement. J'ai juste besoin d'un peu de temps pour… digérer tout ça.
James la serra dans ses bras. – Je comprends. Je suis là si tu as besoin de moi.
Emma se blottit contre lui, reconnaissante pour sa présence rassurante. Mais au fond d'elle-même, elle savait que les jours à venir allaient mettre à l'épreuve tout ce en quoi elle croyait, tout ce qu'elle pensait savoir sur elle-même et sur le monde qui l'entourait.
Alors qu'elle s'endormait cette nuit-là, l'image de Jake Donovan flottait dans son esprit. Qui était vraiment cet homme ? Était-il coupable ou victime d'une terrible erreur judiciaire ? Et jusqu'où était-elle prête à aller pour découvrir la vérité ?
Emma s'enfonça dans un sommeil agité, consciente que les réponses à ces questions pourraient bien changer le cours de sa vie à jamais.
Chapitre 3 : Première rencontre
Le lendemain matin, Emma se réveilla avant que son réveil ne sonne. Elle n'avait que peu dormi, son esprit tournant en boucle sur l'affaire Donovan et la conversation troublante qu'elle avait eue avec Mr. Pearson et Richard Hartley. À côté d'elle, James dormait paisiblement, inconscient du tumulte qui agitait sa fiancée.
Elle se leva silencieusement et se dirigea vers la cuisine pour se faire un café. Alors que la cafetière ronronnait doucement, Emma sortit le dossier Donovan de son sac et l'étala sur la table de la cuisine. Elle avait besoin de revoir tous les éléments, de s'assurer qu'elle n'avait rien manqué.
Le bruit de pas dans le couloir la fit sursauter. James apparut, les cheveux ébouriffés et l'air encore endormi.
– Tu es déjà debout ? demanda-t-il en bâillant. Il est à peine 5h du matin.
Emma lui adressa un sourire d'excuse. – Je n'arrivais pas à dormir. Cette affaire… elle me travaille.
James s'approcha et l'embrassa tendrement sur le front. – Tu veux en parler ?
Emma hésita. Elle mourrait d'envie de partager ses doutes, ses inquiétudes, mais comment expliquer à James que son propre père lui avait demandé de compromettre son éthique professionnelle ?
– C'est juste… compliqué, finit-elle par dire. Je ne suis pas sûre de savoir comment gérer cette affaire.
James la serra dans ses bras. – Tu es la meilleure avocate que je connaisse, Emma. Fais-toi confiance. Tu trouveras la bonne solution.
Emma