point de vue de leur rapport avec la réalité extralinguistique les catégories grammaticales peuvent être significatives (ayant un contenu sémantique) et non significatives ( privé de contenu sémantique ).
La majorité des catégories sont significatives, ou bien significatives et non−significatives à la fois. Il apparaît que les catégories du temps sont presque toujours significatives. La catégorie de nombre est significative pour les substantifs nombrables, et non−significative pour les substantifs non−nombrables. Certaines catégories ont perdu tout lien immédiat avec la réalité, elles sont devenues non−significatives. C’est le cas du genre et du nombre des adjectifs. Pourtant, ces catégories ne sont pas tout à fait inutiles pour la langue, mais elle sont exploitées d’une autre façon, dans des buts structuraux (l’expression des rapports syntaxiques entre nom et adjectif à l’aide de l’accord en genre et en nombre). On divise les catégories significatives en catégories subjectives et catégories objectives.
a) les catégories objectives reflètent les propriétés et les rapports entre objets indépendemment de la vision subjective du sujet parlant. Ce sont le nombre, le genre ( significative ), les formes exprimant les relations causales, temporelles, locales et autres, l’aspect du verbe etc; b) les catégories subjectives ( ou subjectives−objectives) reflètent les relations ou propriétés des objets du point de vue des locuteurs. Ce sont: la personne, le temps absolu ( défini par rapport ou moment de la parole ), la voix ( exprime la façon dont le locuteur se représente l’action ), le mode ( l’attitude du sujet parlant envers la réalité décrite ).
Sont subjectives aussi les catégories qui expriment le degré d’information du locuteur sur la situation. Ce sont: la détermination ( l’article ), la structure communicative de la phrase, la question.
2.2.3 La catégorie grammaticale par rapport aux mots
Le propre de la valeur grammaticale est de s’étendre à une série de mots. Cependant, la concurrence entre le sens du mot et le sens apporté par la forme grammaticale peut imposer des restrictions. Sous cet aspect, on distingue les catégories purement grammaticales et les catégories lexico−grammaticales.
a) les catégories proprement grammaticales s’étendent à tous les mots de la même classe: exemple, nombre et genre des adjectifs ( à quelques rares exceptions près, tous les adjectifs français ont les deux genres et les deux nombres); le temps verbal ( tous les verbes peuvent se mettre au présent, passé ou bien au futur ), etc.;
b) les catégories lexico−grammaticales n’affectent qu’une partie de mots de la classe donnée: exemple, le nombre ( il ne concerne que les substantifs nombrables ), la voix ( elle n’est propre qu’aux verbes transitifs ), le degré de comparaison ( on ne le trouve que chez les adjectifs de relation ). L’existence des catégories lexico−grammaticales souligne l’interdépendance du lexique et de la grammaire, ainsi que les fondements sémantiques des catégories grammaticales. La forme non−marquée peut s’étendre à toute la classe, y compris aux mots qui sémantiquement sont incompatibles avec la catégorie grammaticale donnée, elle remplit alors une fonction de neutralisation, fonction non−significative.
Par exemple: la forme active pour les verbes intransitifs, le singulier pour les substantifs non−nombrables.
2.2.4 La catégorie grammaticale par rapport aux autres catégories grammaticales
Les catégories grammaticales sont caractérisées par la synonymie et la polysémie (ou l’homonymie), ce qui présente de grandes difficultés quant à l’analyse linguistique.
En parlant de l’identité sémantique ( synonymie ), certains auteurs ont mis en question l’existence de telle ou telle catégorie grammaticale. Par exemple: le substantif français exprime des significations qui peuvent être rendues par l’indicatif, le conditionnel ou l’impératif. On a pu le considérer alors comme une forme spécifique d’un autre mode, et non comme un mode à part.
Le second aspect ( polysémie / homonymie) crée des difficultés encore plus considérables. Les formes grammaticales peuvent remplir plusieurs fonctions. L’article défini exprime le défini, mais aussi la généralisation. L’imparfait exprime tantôt un temps absolu ( le passé ), tantôt un temps relatif ( le présent dans le passé). La forme en – rait signifie une action hypothétique ( le conditionnel) ou bien le futur dans le passé; on peut multiplier les exemples à l’infini.
Qu’est−ce qu’on doit voir ici, des cas de polysémie ou d’homonymie? La question n’est pas facile à résoudre, et, pourtant, elle est importante pour la conception du système grammaticale. Si l’on voit dans du, de la, des une seule et même catégorie avec des emplois différents ( la tiédeur de l’eau, il boit de l’eau ), on doit en conclure que l’article partitif n’existe pas en français ( certains auteurs l’affirment effectivement ). Si l’on affirme que les deux emplois de l’imparfait mentionnés ci−dessus, représentent deux catégories séparées, on doit allonger l’inventaire des formes verbales du français. Pour résoudre les problèmes posés par la synonymie ou la polysémie des catégories grammaticales, il faut tenir compte de ce que la catégorie grammaticale est l’unité d’une forme et d’un contenu. Si nous retrouvons régulièrement une forme spécifique avec un sens déterminé, nous devons la considérer comme une catégorie grammaticale à part, malgré ses affinités sémantiques avec une autre forme. Si nous sommes en présence d’une grande différence dinnction et de sens, nous devons considérer les eux emplois d’une forme comme deux catégories grammaticales à part, et non pas comme des acceptions différentes de la même catégorie.
2.3 L’interaction sémantique entre le lexique et la grammaire
L’interaction entre le sens lexical et le sens grammatical se manifeste sur les plans suivants:
a) l’influence du lexique sur la grammaire. A cause de l’incompatibilité possible du sens lexical avec le sens ajouté par la catégorie grammaticale, le lexique impose ses restrictions à l’emploi des catégories grammaticales: exemple, l’article indéfini est incompatible avec la valeur sémantique des substantifs non−nombrables ou abstraits; la fonction syntaxique même n’est pas indifférente pour la sémantique du substantif; le rôle du sujet des verbes transitifs revient plus souvent aux substantifs abimés qu’aux autres;
b) l’influence de la grammaire sur le lexique. Si une catégorie grammaticale incompatible avec le sens du mot vient s’ajouter quand même à celui−ci, le mot change de sens en fonction des significations de cette catégorie. Si le mot « pain », qui exprime une matière non−nombrable, reçoit la marque du pluriel « pains », cela signifie qu’il commence à designer un autre objet, nombrable, qu’il a donc changé de sens.
Les formes grammaticales se présentent souvent comme des marques précisant le sens du mot. Les cas les plus typiques en français:
a) le nombre des substantifs: la connaissance − des connaissances ( des personnes connues);
b) les formes de l’article: le pain ( matière) − un pain ( unité);
c) la trahsitivité de l’adjectif: un garçon capable − un garçon capable de bonnes actions;
d) la transitivité du verbe: décoller − verbe transitif (enlever ce qui est collé); décoller − verbe intransitif ( prendre son vol ).
Les phénomènes mentionnés aux points l et 2 s’expliquent facilement à la lumière de l’accord sémantique. Les composants d’un énoncé sémantiquement correct ne doivent pas comporter de sèmes (éléments de sens) contradictoires.
Prenons différentes combinaisons d’éléments lexicaux et grammaticaux où soit présent ou absent le sème de nombrabilité, propre aux noms nombrables et à la forme grammaticale du pluriel (le singulier participe à la forme des noms nombrables aussi bien qu’à cette des noms non−nombrables, donc, il n’exprime pas spécialement le nombre ).
Accord sémantique
Un