Faguet Émile

Corneille expliqué aux enfants


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tes proscriptions les sanglantes images,

      Où toi-même, des tiens devenu le bourreau,

      Au sein de ton tuteur enfonças le couteau:

      Et puis, ose accuser le destin d'injustice,

      Quand tu vois que les tiens s'arment pour ton supplice,

      Et que, par ton exemple à ta perte guidés,

      Ils violent des droits que tu n'as pas gardés!

      Leur trahison est juste, et le ciel l'autorise:

      Quitte ta dignité comme tu l'as acquise;

      Rends un sang infidèle à l'infidélité,

      Et souffre des ingrats après l'avoir été.

      Mais que mon jugement au besoin m'abandonne!

      Quelle fureur, Cinna, m'accuse et te pardonne?

      Toi, dont la trahison me force à retenir

      Ce pouvoir souverain dont tu me veux punir,

      Me traite en criminel, et fait seule mon crime,

      Relève pour l'abattre un trône illégitime,

      Et, d'un zèle effronté couvrant son attentat,

      S'oppose pour me perdre au bonheur de l'État!

      Donc jusqu'à l'oublier je pourrais me contraindre!

      Tu vivrais en repos après m'avoir fait craindre!

      Non, non, je me trahis moi-même d'y penser:

      Qui pardonne aisément invite à l'offenser;

      Punissons l'assassin, proscrivons les complices.

      Mais, à l'idée de relever encore la hache du bourreau, Auguste se trouble: «Ah! se dit-il, toujours du sang!»

      Mais quoi! toujours du sang, et toujours des supplices!

      Ma cruauté se lasse, et ne peut s'arrêter;

      Je veux me faire craindre et ne fais qu'irriter.

      Rome a pour ma ruine une hydre trop fertile;17

      Une tête coupée en fait renaître mille,

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      1

      Sans tirer ma raison, c'est-à-dire sans demander raison de l'outrage reçu.

      2

      Allégeance, soulagement.

      3

      Alfange.– Mot espagnol et portugais signifiant cimeterre ou sabre très recourbé. Au temps de Corneille, la langue espagnole était très en usage en France, et ce mot, sans doute, assez usité, ou, tout au moins, compris de tout le monde. Aucun autre auteur que Corneille ne l'a employé.

      4

      Il eût laissé honorés mes cheveux gris.

      5

      Ce récit s'adresse au vieil Horace.

      6

      Celui qui accuse le jeune Horace, parce qu'il aimait Camille qu'Horace a tué.

      7

      Tel qu'un Horace doit vivre.

      8

      N'ayant plus où se prendre.– Ne sachant plus à quoi s'attacher.

      9

      Sylla.– Célèbre général romain qui s'était fait maître dans Rome avec beaucoup de cruautés et de sang répandu. Vous le retrouverez dans la tragédie de Corneille intitulée: Sertorius. (V

1

Sans tirer ma raison, c'est-à-dire sans demander raison de l'outrage reçu.

2

Allégeance, soulagement.

3

Alfange.– Mot espagnol et portugais signifiant cimeterre ou sabre très recourbé. Au temps de Corneille, la langue espagnole était très en usage en France, et ce mot, sans doute, assez usité, ou, tout au moins, compris de tout le monde. Aucun autre auteur que Corneille ne l'a employé.

4

Il eût laissé honorés mes cheveux gris.

5

Ce récit s'adresse au vieil Horace.

6

Celui qui accuse le jeune Horace, parce qu'il aimait Camille qu'Horace a tué.

7

Tel qu'un Horace doit vivre.

8

N'ayant plus où se prendre.– Ne sachant plus à quoi s'attacher.

9

Sylla.– Célèbre général romain qui s'était fait maître dans Rome avec beaucoup de cruautés et de sang répandu. Vous le retrouverez dans la tragédie de Corneille intitulée: Sertorius. (Voir plus loin, p. 125)

10

César.– Le fondateur de l'Empire à Rome. Auguste l'appelle: mon père, parce que César l'avait adopté.

11

Agrippe. Agrippa, lieutenant d'Auguste et son principal ministre dans les commencements de son gouvernement. —Mécène. Ami et ministre aussi d'Auguste.

12

Confie.

13

Avant d'être empereur, Auguste s'appelait Octave.

14

Antoine. Le rival principal d'Octave avant que celui-ci fût resté seul maître.

15

Sextus Pompée, autre rival d'Octave.

16

Pérouse. Ville de l'Italie Centrale, qu'Octave avait fait dévaster pendant les guerres civiles.

17

L'hydre était un serpent fabuleux, à sept têtes; à chaque tête coupée, une autre tête renaissait. – Le mot hydre est pris ici au sens figuré.