Уильям Шекспир

Le marchand de Venise


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exprimées dans l'acte, vous serez condamné à me payer une livre juste de votre belle chair, coupée sur telle partie du corps qu'il me plaira choisir.

      ANTONIO. – J'y consens sur ma foi, et, en signant un pareil billet, je dirai que le Juif est rempli d'obligeance.

      BASSANIO. – Vous ne ferez pas pour mon compte un billet de la sorte; j'aime mieux rester dans l'embarras.

      ANTONIO. – Eh! ne craignez rien, mon cher: je n'encourrai pas la condamnation. Dans le courant de ces deux mois-ci, c'est-à-dire encore un mois avant l'échéance du billet, j'attends des retours pour neuf fois sa valeur.

      SHYLOCK. – O père Abraham! ce que c'est que ces chrétiens, comme la dureté de leurs procédés les rend soupçonneux sur les intentions des autres! Dites-moi, s'il ne payait pas au terme marqué, que gagnerais-je en exigeant qu'il remplît la condition proposée? Une livre de la chair d'un homme, prise sur un homme, ne me serait pas si bonne ni si profitable que de la chair de mouton, de boeuf ou de chèvre. C'est pour m'acquérir ses bonnes grâces que je lui fais cette offre d'amitié: s'il veut l'accepter, à la bonne heure! sinon, adieu; et je vous prie de ne pas mal interpréter mon attachement.

      ANTONIO. – Oui, Shylock, je signerai ce billet.

      SHYLOCK. – En ce cas, allez m'attendre chez le notaire; donnez-lui vos instructions sur ce billet bouffon. Je vais prendre les ducats, donner un coup d'oeil à mon logis que j'ai laissé sous la garde très-peu sûre d'un négligent coquin, et je vous rejoins dans l'instant.

(Il sort.)

      ANTONIO. – Dépêche-toi, aimable Juif. Cet Hébreu se fera chrétien; il devient traitable.

      BASSANIO. – Je n'aime pas de belles conditions accordées par un misérable.

      ANTONIO. – Allons: il ne peut y avoir rien à craindre; mes vaisseaux arriveront un mois avant le terme.

FIN DU PREMIER ACTE

      ACTE DEUXIÈME

      SCÈNE I

A Belmont Fanfare de cors. Entrent LE PRINCE DE MAROC avec sa suite, PORTIA, NÉRISSA,

      et plusieurs autres personnes de sa suite.

      LE PRINCE DE MAROC. – Ne vous choquez point de la couleur de mon teint: c'est la sombre livrée de ce soleil à la brune chevelure dont je suis voisin, et près duquel je fus nourri. Faites-moi venir le plus beau des enfants du Nord, où les feux de Phoebus dégèlent à peine les glaçons suspendus aux toits, et faisons sur nous une incision en votre honneur, pour savoir quel sang est le plus rouge du sien ou du mien. Dame, je puis te le dire, cette figure a intimidé le brave. Je jure, par mon amour, que les vierges les plus honorées de nos climats en ont été éprises. Je ne voudrais pas changer de couleur, à moins que ce ne fût pour vous dérober quelques pensées, mon aimable reine.

      PORTIA. – Je ne me laisse pas conduire dans mon choix par la seule délicatesse des yeux d'une fille. D'ailleurs la loterie à laquelle est remis mon sort ôte à ma volonté le droit d'une libre décision. Mais mon père n'eût-il pas circonscrit mon choix, et n'eût-il pas, dans sa sagesse, déterminé que je me donnerais pour femme à celui qui m'obtiendra par les moyens que je vous ai dits, vous me paraîtriez, prince renommé, tout aussi digne de mon affection qu'aucun de ceux que j'aie vus jusqu'ici se présenter.

      LE PRINCE DE MAROC. – Je vous en rends grâces. Je vous prie, conduisez-moi à ces coffres, pour y essayer ma fortune. Par ce cimeterre, qui a tué le sophi et un prince de Perse, et qui a gagné trois batailles sur le sultan Soliman, je voudrais, pour t'obtenir, foudroyer de mes regards l'oeil le plus farouche, vaincre en bravoure le coeur le plus intrépide de l'univers, arracher les petits ours des mamelles de leur mère; que dis-je? insulter au lion rugissant après sa proie. Mais, hélas! cependant, quand Hercule et Lichas joueront aux dés pour décider lequel vaut le mieux des deux, le plus haut point peut sortir de la main la plus faible; et voilà Hercule vaincu par son page. Et moi, conduit de même par l'aveugle fortune, je puis manquer ce qu'obtiendra un moins digne, et en mourir de douleur.

      PORTIA. – Il vous en faut courir les chances, et renoncer à choisir; ou, avant de choisir, il faut jurer que si vous choisissez mal, vous ne parlerez à l'avenir de mariage à aucune femme. Ainsi, faites bien vos réflexions.

      LE PRINCE DE MAROC. – Je m'y soumets: allons, conduisez-moi à la décision de mon sort.

      PORTIA. – Rendons-nous d'abord au temple. Après le dîner, vous tirerez votre lot.

      LE PRINCE DE MAROC. – A la fortune, donc, qui va me rendre le plus heureux ou le plus malheureux des hommes!

(Ils sortent.)

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      1

      C'était apparemment le nom d'un des plus gros vaisseaux d'Antonio.

      2

      A colt. Colt signifie un jeune cheval qui n'est pas encore dressé, et aussi un étourdi sans éducation. On ne pouvait rendre en français le double sens de l'expression, il a fallu choisir celui qui allait le mieux au reste de la phrase.

      3

      Usance est un terme de banque; il signifie une échéance à trente jours de date, et l'intérêt produit par ces trente jours. Usance et usure s'employaient également pour désigner le prêt à intérêt, que réprouvaient les anciennes maximes des théologiens. Usure est demeuré le mot odieux employé pour signifier un intérêt excessif; et le mot usance a été préféré par les prêteurs pour signifier ce que les emprunteurs nommaient usure. Le Juif se sert toujours ici du mot usance, pour éviter celui d'intérêt qu'Antonio emploie toujours dans un sens de reproche.

      4

      Catch him upon the hip. – Le prendre sur la hanche. Expression p

1

C'était apparemment le nom d'un des plus gros vaisseaux d'Antonio.

2

A colt. Colt signifie un jeune cheval qui n'est pas encore dressé, et aussi un étourdi sans éducation. On ne pouvait rendre en français le double sens de l'expression, il a fallu choisir celui qui allait le mieux au reste de la phrase.

3

Usance est un terme de banque; il signifie une échéance à trente jours de date, et l'intérêt produit par ces trente jours. Usance et usure s'employaient également pour désigner le prêt à intérêt, que réprouvaient les anciennes maximes des théologiens. Usure est demeuré le mot odieux employé pour signifier un intérêt excessif; et le mot usance a été préféré par les prêteurs pour signifier ce que les emprunteurs nommaient usure. Le Juif se sert toujours ici du mot usance, pour éviter celui d'intérêt qu'Antonio emploie toujours dans un sens de reproche.