Edmond de Goncourt

La maison d'un artiste, Tome 2


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les «Tourments de l'Avarice pour la Vieillesse». Il y a trois parties, et un Ballet général, où doivent danser seuls MM. Desplaces, Vestris, de Visé, et le programme du spectacle se termine par cette phrase: Fermera le théâtre par l'éloge du Roi.

      «La Relation de l'ambassade de Méhémet-Effendi à la cour de France en 1721» et publiée en 1757 contient quelques détails sur le Paris de la Régence.

      Des brochures et des livres connus, je n'indiquerai que les titres.

      «Paris vu tel qu'il est, 1781»; «le Petit Tableau de Paris, 1783»; le Tableau de Paris, par Mercier, 1783-1788; «Paris en miniature d'après les dessins d'un nouvel Argus, 1784»; les Numéros, 1784; l'Observateur de Paris, 1785, par M. Mercier, auteur du Tableau de Paris; Diogène a Paris, 1787; le Tableau nouveau de Paris, ou Variétés amusantes, ouvrage enrichi de notes historiques et critiques et mis au jour par Nougaret, 1786; Lettres de d'E…mée… de B…on La…c...be (Mlle Boudon), ou Journal d'un voyage à Paris en 1789, Troyes, 1791», tiré à petit nombre; «Un Provincial a Paris, pendant une partie de l'année 1789. A Strasbourg. De l'imprimerie de la Société typographique»; «le Nouveau Tableau de Paris, ou la capitale de France dans son vrai point de vue, ouvrage destiné à servir de supplément au Tableau de Paris. A Paris, de l'imprimerie de la Vérité, 1790»; le Triomphe de la Capitale, par l'auteur du Fanal, qui fête en ces termes la Révolution: «Adieu les barbiers, perruquiers, étuvistes; adieu les chapeliers; adieu les coiffeurs, coiffeuses et les marchandes de modes par contre-coup; adieu toutes les fabriques de gazes et de linons, adieu toutes les manufactures de drap et de soie et tous les hommes qu'elles occupent, adieu les horlogers, les plumassiers, les éventaillistes, les fondeurs, les doreurs, les tapissiers, les miroitiers, les orfèvres, les joailliers, les peintres, les sculpteurs, les ébénistes, les papetiers, les enlumineurs, les tireurs d'or et les graveurs… et les carrossiers, les selliers, les bourreliers, les charrons, les vernisseurs, les serruriers; les maréchaux fermeront boutique et les autres marchands ne vendront rien, et ils feront banqueroute, et on verra de tous côtés: Chambres garnies à louer, maison à louer ou à vendre; et les propriétaires seront ruinés, et les architectes, les maîtres maçons, les tailleurs de pierres, les manœuvres, les goujats, les charpentiers, les menuisiers, les carriers mettront leurs dents au croc, et l'herbe croîtra dans les rues. L'auteur d'un pain mixtionné se rendra fermier de tout le quartier Saint-Honoré jusqu'à la plaine des Sablons pour exciter la culture des pommes de terre. Le quartier Saint-Germain produira de la luzerne; celui Saint-Jacques et de Sainte-Geneviève des vignes; le Marais des fèves et des haricots; Saint-Antoine, des melons; Saint-Martin des choux de Hollande et de Milan; Montmartre, des chardons.»

      Et sur la Révolution et le Directoire, ce sont encore: «Petite Histoire de France, ou Revue polémique d'un grand historien… Chez Garnerey, le 2e mois de la République», racontant un séjour de Paris en 1790; le Nouveau Paris, par le citoyen Mercier; les Semaines critiques de Lavallée; le joli petit volume de Ripault, intitulé: «Une journée de Paris, Paris, an cinquième»; une infiniment petite plaquette qui, avec «les Semaines critiques» et le «Nouveau Paris», sont les trois ouvrages à consulter, pour qui veut apprendre les mœurs du Directoire; «les Fragments sur Paris par Meyer, traduits de l'allemand par le général Dumouriez, Hambourg, 1798»; «le Nouveau Diable boiteux, tableau philosophique et moral de Paris, mémoires mis en lumière et enrichis de notes par le docteur Dicaculus de Louvain. Paris, an VII de la République», avec deux estampes d'après Garnerey, gravées par Delignon; «les Matinées a Paris, voyage d'un Allemand à Paris. Lausanne, 1800»; «Paris au xviiie siècle, par Pujoulx, 1801»; le Péruvien a Paris, par Joseph Rosny, 1801; «Lettre d'un mameluck, ou Tableau moral et critique de quelques parties des mœurs de Paris, par J. Lavallée, 1803.»

      De ces livres qui visent à la peinture d'ensemble de Paris, descendons à des livres moins ambitieux, et dont la prétention est seulement d'en esquisser un petit coin. Commençons par le coin, qu'on appelait alors «la capitale de Paris»: le Palais-Royal, et sur lequel il y a tant de brochurettes que leur bibliographie pourrait faire un volume.

      «Almanach du Palais-Royal pour l'année 1785; Paris, chez Royez.» On trouve dans le Palais-Royal aux trois arcades nouvellement bâties, les spectacles des Variétés et des Petits Comédiens du duc de Beaujolais, le café de Foy, le café du Caveau, le café Mécanique, le café de Beaujolais, le café de Valois, le café Polonois, les hôtels garnis de la Reine, de l'Empereur, d'Orléans, de Chartres, de Vauban, de Montpensier, les restaurateurs Huré, de Labarrière, Gautier, Pottel, des bains établis au no 63, deux gaufriers, un confiseur, un distillateur, un bureau de vin qui se charge d'approvisionner les maisons de vins bourgeois, six marchands de draperies et soieries, huit marchands tailleurs, deux marchandes de modes, deux fleuristes, quatre marchandes-couturières, douze bijoutiers, trois libraires, deux marchands de musique, un marchand de tableaux, quatre marchands d'estampes, deux boutonniers, trois opticiens, trois horlogers, deux tabletiers et marchands de cannes, un marchand de papiers peints, deux chapeliers, et Curtius offrant ses talents aux personnes désireuses d'avoir leur portrait en cire.

      Un almanach plus curieux et qu'aucun amateur n'a rencontré complet jusqu'ici, est un almanach dont je possède seulement quatre petites vignettes coloriées: le Marchand de marrons, pl. 3; les Ombres chinoises, pl. 12; les Boutiques de Bois, pl. 53; Vue générale du Jardin, pl. 62.

      «Tableau du Palais-Royal, chez Maradan, 1787»: une description détaillée en place de la sèche nomenclature de l'almanach, avec les changements apportés par les trois années qui se sont écoulées. On y voit le café du Caveau peint avec ses glaces reflétant le jardin, et son pourtour de bustes de Gluck, de Sachini, de Piccini, de Grétry, sous lesquels se juge tout ce qui paraît ou se joue à Paris. Le café Foy se développe dans l'étendue de ses sept arcades, avec ses murs revêtus d'une boiserie précieusement sculptée: le café fréquenté par les gens du bel air, le café qui a la renommée pour les glaces; puis c'est le café Mécanique, où le service se fait au moyen de pieds de tables creux et d'une soupape par laquelle monte une servante à double étage; le café Italien qui a un poêle, en forme de globe aérostatique, surmonté d'un Génie; le café de Chartres, le rendez-vous des gens d'affaires; le nouveau café de la Grotte Flamande, où l'on commence à venir boire de la bière le soir. Parmi les restaurateurs en vogue, le plus fréquenté est Beauvilliers dont les salons sont décorés d'un papier chinois, et où la bouteille de vin le plus ordinaire coûte vingt sols. Là mangent les riches militaires, les jeunes gens les plus qualifiés, les gros joueurs en compagnie de filles élégantes. Et ce sont des descriptions des Variétés, des Ombres Chinoises et des modistes et des bijoutiers et de tout le peuple marchand du Palais.

      La «Lettre écrite du Palais-Royal aux quatre Parties du Monde, 1785» s'exprime en ces termes: «Ni les vignes de Rome, ni les jardins du Grand-Seigneur, ni les ventes de l'Orient, ni les foires de Beaucaire, ni celles de Sigaglia, n'ont rien qu'on puisse comparer aux variétés de ce Palais vraiment délicieux. Les chagrins y sont suspendus, les haines engourdies, les plaisirs toujours renaissants, les objets variés comme les fleurs d'un parterre, les tableaux mouvants comme ceux d'une optique. Lieu ravissant! Voit qui veut, achète qui peut. Que de jolies marchandises exposées aux regards des promeneurs! Que de précieux colifichets proposés par les femmes les plus engageantes! Que de modes qui naissent et vieillissent dans vingt-quatre heures! Que d'appâts délicatement préparés pour les amateurs et les curieux! Chaque boutique est la niche de l'élégance et du goût.»

      Si nous remontons un peu en arrière, nous trouvons cette brochure au joli titre: les Soirées du Palais-Royal, ou les Veillées d'une jolie femme contenant quatre lettres à une amie, avec la conversation des chaises du Palais-Royal, sous l'arbre de Cracovie, 1762; et cette autre brochure: «Observations sur la destruction de la promenade du Palais-Royal, 1781», et qui commence ainsi: «Milord, vous me demandez s'il n'y a plus de promenade publique dans le jardin du Palais-Royal? Hélas! non. Cette grande allée faite en berceau, la plus belle de l'univers, ce rendez-vous général de Paris et de tous les étrangers, cette salle d'audience que le ciel lui-même avait tapissée de verdure, n'est plus. Des mains sacrilèges, armées de scies, ont détruit, dans quelques jours, un ouvrage que la nature avait mis un siècle à former. M. le duc de Chartres a vendu, pour