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Волшебные французские сказки / Contes de fées français


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      Et qu’il est des temps et des lieux

      Où le grave et le sérieux

      Ne valent pas d’agréables sornettes.

      Pourquoi faut-il s’émerveiller

      Que la Raison la mieux sensée,

      Lasse souvent de trop veiller,

      Par des contes d’Ogre et de Fée

      Ingénieusement bercée,

      Prenne plaisir à sommeiller ?

      Sans craindre donc qu’on me condamne

      De mal employer mon loisir,

      Je vais, pour contenter votre juste désir,

      Vous conter tout au long[51] l’histoire de Peau d’Âne.

      Il était une fois un Roi,

      Le plus grand qui fût sur la Terre,

      Aimable en Paix, terrible en Guerre,

      Seul enfin comparable à soi :

      Ses voisins le craignaient, ses États étaient calmes,

      Et l’on voyait de toutes parts

      Fleurir, à l’ombre de ses palmes,

      Et les Vertus et les beaux Arts.

      Son aimable Moitié, sa Compagne fidèle,

      Était si charmante et si belle,

      Avait l’esprit si commode et si doux

      Qu’il était encor avec elle

      Moins heureux Roi qu’heureux époux.

      De leur tendre et chaste Hyménée[52]

      Pleine de douceur et d’agrément,

      Avec tant de vertus une fille était née

      Qu’ils se consolaient aisément

      De n’avoir pas de plus ample lignée.

      Dans son vaste et riche Palais

      Ce n’était que magnificence ;

      Partout y fourmillait une vive abondance

      De Courtisans et de Valets ;

      Il avait dans son Écurie

      Grands et petits chevaux de toutes les façons,

      Couverts de beaux caparaçons

      Roides d’or et de broderie[53] ;

      Mais ce qui surprenait tout le monde en entrant,

      C’est qu’au lieu le plus apparent[54],

      Un maître âne étalait ses deux grandes oreilles.

      Cette injustice vous surprend[55],

      Mais lorsque vous saurez ses vertus non pareilles,

      Vous ne trouverez pas que l’honneur fût trop grand.

      Tel et si net le forma la Nature

      Qu’il ne faisait jamais d’ordure,

      Mais bien beaux Écus au soleil

      Et Louis de toute manière,

      Qu’on allait recueillir sur la blonde litière

      Tous les matins à son réveil.

      Or le Ciel qui parfois se lasse

      De rendre les hommes contents,

      Qui toujours à ses biens mêle quelque disgrâce,

      Ainsi que la pluie au beau temps,

      Permit qu’une âpre maladie

      Tout à coup de la Reine attaquât les beaux jours.

      Partout on cherche du secours ;

      Mais ni la Faculté qui le Grec étudie,

      Ni les Charlatans ayant cours[56],

      Ne purent tous ensemble arrêter l’incendie

      Que la fièvre allumait en s’augmentant toujours.

      Arrivée à sa dernière heure

      Elle dit au Roi son Époux :

      Trouvez bon qu’avant que je meure

      J’exige une chose de vous ;

      C’est que s’il vous prenait envie

      De vous remarier quand je n’y serai plus…

      Ah ! dit le Roi, ces soins sont superflus,

      Je n’y songerai de ma vie[57],

      Soyez en repos là-dessus.

      Je le crois bien, reprit la Reine,

      Si j’en prends à témoin votre amour véhément ;

      Mais pour m’en rendre plus certaine,

      Je veux avoir votre serment,

      Adouci toutefois par ce tempérament

      Que si vous rencontrez une femme plus belle,

      Mieux faite et plus sage que moi,

      Vous pourrez franchement lui donner votre foi

      Et vous marier avec elle.

      Sa confiance en ses attraits

      Lui faisait regarder une telle promesse

      Comme un serment, surpris avec adresse,

      De ne se marier jamais[58].

      Le Prince jura donc, les yeux baignés de larmes,

      Tout ce que la Reine voulut ;

      La Reine entre ses bras mourut,

      Et jamais un Mari ne fit tant de vacarmes[59].

      À l’ouïr sangloter et les nuits et les jours,

      On jugea que son deuil ne lui durerait guère,

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      Примечания

      1

      Il était une fois – Жили-были (так начинаются многие сказки)

      2

      fort – здесь: очень

      3

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