un raz-de-marée de pouvoir.
Sa voix perçant le silence du champ de bataille, elle s'écria :
- Tu le veux tant que ça ? Là !! Prends-Le !!!!
Les yeux dorés de Kyou brillaient intensément alors que la peur empreignait son corps comme la lame d'un couteau chaud. Qu'est-ce que la prêtresse faisait ? Il savait que quelque chose n'allait vraiment pas et sentait l'appel de ses pouvoirs psychiques... le poussant à écouter et à voir avant qu'il ne soit trop tard ! Il affina ce pouvoir et pénétra l'esprit de Kyoko en essayant de voir ce qui se passait. Il serait tombé à genoux en assistant à cela si les démons de l'ombre n'avaient pas été enveloppés si fermement autour de lui... le gardant immobile.
Les sons et les images seraient implantés dans son esprit pour toujours, et quelque part, Kyou savait qu'il ne serait jamais capable d'oublier les sentiments qui le submergeaient. En effet, il réalisait en regardant dans son esprit que Kyoko avait entretenu des sentiments d'amour pour lui, tout comme pour ses frères. Il pouvait voir chaque toucher, sentir chaque émotion le caresser et chaque larme cachée le détruire comme cela avait dû la détruire.
Kyou était également ébranlé par la frénésie en réalisant que Kyoko avait plus de pouvoir que ce que quiconque avait jamais pensé... un pouvoir dont elle-même n'était pas consciente. Il pouvait voir et ressentir chaque souvenir qui passait de son esprit à celui de Hyakuhei comme s'ils étaient jetés droit dans son cÅur, là où il ne les libérerait jamais.
Des années d'amour, de chagrin et de sacrifice... toutes données en un instant.
Des larmes de colère ruisselaient sur les joues de Kyoko alors qu'elle poussait dans l'esprit de Hyakuhei chaque souvenir d'amour et d'amitié, de douleur et de sentiments inavoués qu'elle avait pour tous ceux qui luttaient avec elle. C'était la dernière arme qui lui restait.
Aussitôt, la malveillance de Hyakuhei fut déstabilisée. Tout le monde sentait le changement du pouvoir tandis que le cristal commençait à passer d'une lumière sombre à une lumière blanche et aveuglante qui clignotait, et les spectres de l'ombre retenant Toya et Kyou se désintégrèrent dans les airs.
Kyoko observait tandis que l'ange des ténèbres était désorienté, son visage pâle et parfait devenant déformé par la douleur.
Au moment où elle se sentit glisser, Kyoko tendit ses deux petites mains et saisit le cristal, le retirant de sa chair. Elle savait ce qui devait être fait car elle pouvait déjà sentir son esprit perdre son combat contre les souvenirs qu'elle ne voulait pas oublier. Des larmes cristallines coulaient sur ses joues déjà striées.
Elle avait cédé ses souvenirs afin de tous les sauver. Rapidement, avant de perdre ses pensées, elle déposa le cristal du cÅur du gardien contre sa poitrine... parallèle à son cÅur.
Elle chuchota en se tournant vers Toya et Kyou s'élançant tout les deux droit vers elle : - Souvenez-vous de moi... s'il vous plaît... Trouvez-moi.
La dernière chose que Kyoko entrevit tandis que sa vue commençait à se rétrécir fut eux deux, criant son nom et tendant la main vers elle. L'un avec les yeux dorés et humides, l'autre avec les yeux argentés et liquéfiés... et son monde devint noir.
Kyou pouvait sentir Kyoko s'affaiblir et il pensait qu'elle était en train de mourir. Il s'élança avec Toya à l'unisson, essayant désespérément de l'atteindre lorsque tout changea, comme si une goutte d'eau avait frappé la surface de sa vue.
Des vagues ondulaient vers l'extérieur en partant de Kyoko et elle disparut dans les airs. Puis, Hyakuhei cria de rage en disparaissant également.
L'esprit de Kyou s'emballait tandis que le cri de son frère qui s'était joint au sien s'arrêtait brusquement, comme si le son avait été coupé d'un clin dâÅil, et il savait que Toya avait également disparu. Kyou atterrit gracieusement sur l'espace vide où sa cible se trouvait une seconde plus tôt. Il lança son regard plein de colère autour de lui dans le déni. Tout le monde avait disparu.
Kyou sentait l'adrénaline couler dans ses veines et se mélanger à son sang de gardien de haute naissance. Il avait tout vu et ressenti. Il possédait maintenant tous ses souvenirs. Kyoko s'était donnée entièrement pour les sauver, et au dernier moment, il avait entendu son souhait. Elle ne savait probablement pas ce qu'elle avait fait... mais elle les avait tous pris avec elle, le laissant derrière.
Le sort qu'il avait lancé sur lui pour empêcher le cristal sacré d'être utilisé contre lui l'avait empêché de suivre les autres, où qu'ils fussent. Elle avait emmené tout le monde loin de lui avec seulement quelques mots chuchotés.
Son corps se tenait fièrement debout. Ses cheveux argentés lui arrivant aux genoux flottaient autour de lui et la soie blanche de sa chemise flottait au vent comme s'il se tenait au cÅur d'une tempête invisible qui égalait la tempête faisant rage dans son cÅur tourmenté.
Son apparence était celle d'un ange... royal, puissant et parfait, tandis qu'il considérait le champ de bataille désert. Jusqu'au moment où il posa sa main sur sa joue, attrapant l'unique larme cramoisie que lui-même n'avait pas le pouvoir d'arrêter.
La vision de Kyou se troubla tandis que des plumes dorées provenant d'ailes qui avaient poussées tourbillonnaient devant lui, l'entourant d'une vaste lueur dorée et révélant sa vraie identité pour la première fois de sa vie sans âge.
La seule blessure restante due à la bataille était l'entaille qui apparaissait dans son cÅur... un cÅur dont personne ne connaissait l'existence. Son regard se tourna en direction de la statue de la jeune fille qui se tenait à seulement quelques mètres de lui, et il chuchota :
- Kyoko, je ne t'ai pas abandonnée. La distance de plus d'un millénaire n'est pas suffisante pour m'empêcher de te retrouver...
Chapitre 2 « L'autre côté »
De l'autre côté du CÅur du Temps, deux ans plus tard... et plus d'un millénaire dans le futur.
La lettre était adressée au temple Hogo. Grand-père Hogo regardait l'élégante enveloppe que le coursier venait juste de lui remettre tandis qu'il la ramenait à la table où il buvait du thé. Avant qu'on frappât à la porte, il profitait de la paix et du calme dans la maison, habituellement trop active.
Tout le monde était sorti pour la soirée. Tama était à la salle de jeux en ville avec des amis, et Kyoko était partie à la bibliothèque pour étudier, pendant que Mme Hogo était partie faire des courses.
En prenant un petit couteau sur la table, Grand-père glissa avec précaution la lame tranchante à travers l'enveloppe aux bordures dorées. Il y parvint, sortant une lettre notariée rédigée sur un papier résistant aux bordures dorées, et commença à la lire. Plus il lisait, plus ses yeux s'élargissaient. C'était une bourse d'études, une bourse complète pour une école très chère située à la périphérie de l'autre côté de la ville.
- K.L. Université.
Sa vieille voix était pleine de stupéfaction pour la première fois depuis des années. Comme indiqué, tout serait entièrement payé, même le coût du dortoir dans lequel elle resterait, et c'était signé par le fondateur de l'école avec ses initiales indiquant K.L.
Le visage âgé de Grand-père formait