Морган Райс

Le Destin Des Dragons


Скачать книгу

que c’était plus qu’un simple rêve, que c'était un avertissement direct de son père, un message. Elle ressentit soudain le besoin impérieux de quitter la Cour du Roi sur le champ et de ne jamais y revenir.

      Cependant, elle savait que c’était une chose qu’elle ne pouvait faire. Il fallait qu'elle reprenne ses esprits pour recouvrer ses facultés. Cependant, à chaque fois qu’elle clignait des yeux, elle voyait le visage de son père, sentait son avertissement. Il fallait qu'elle fasse quelque chose pour faire disparaître ce rêve.

      Gwen regarda dehors et vit que le premier soleil commençait tout juste à se lever. Elle pensa au seul et unique endroit où elle pourrait retrouver ses esprits : la Rivière du Roi. Oui, c’est là qu’elle devait se rendre.

*

      Gwendolyn plongea dans les sources glacées de la Rivière du Roi, se pinçant le nez et maintenant la tête sous l’eau. Elle s’assit dans la petite piscine naturelle creusée dans le rocher et cachée dans les sources supérieures qu’elle avait découverte étant enfant et qu’elle fréquentait depuis. Elle garda la tête sous l’eau et resta ainsi en sentant les froids courants courir dans ses cheveux et sur son cuir chevelu, nettoyant son corps nu.

      Elle avait découvert ce lieu secret un jour, caché au milieu d’un bosquet d’arbres, haut sur la montagne sur un petit plateau où le courant de la rivière était moins puissant et créait une piscine calme et profonde. Au-dessus comme en-dessous d’elle, la rivière n’était que torrents, mais ici, sur ce plateau, la rivière était très calme. La piscine était profonde, les rochers lisses et l’endroit si bien caché qu’elle pouvait se laisser aller à nager nue avec insouciance. L’été, au lever du soleil, elle venait ici presque tous les matins pour se vider la tête, et plus particulièrement les jours comme celui-ci où ses rêves la hantaient, ce qui était souvent le cas. C’était l’endroit où elle trouvait refuge.

      Il lui était difficile de savoir s’il s’agissait juste d’un rêve ou si c’était autre chose. Comment savoir si un rêve était un message, un présage ? Comment savoir s’il s’agissait de son esprit qui se jouait d’elle ou d’une indication ?

      Gwendolyn émergea, respira l’air chaud du matin et écouta les oiseaux gazouiller dans les arbres tout autour d’elle. Elle prit appui sur un rocher, son corps émergeant jusqu’au cou, s’assit sur un rebord naturel et se mit à réfléchir. Elle s’aspergea le visage à deux mains puis laissa courir ses mains dans sa longue chevelure blonde. Sur la surface bleutée de l’eau, elle regarda les reflets du ciel, le second soleil qui avait commencé à se lever, les arbres courbés au-dessus de l’eau et son propre visage. Ses yeux bleu brillant en amande capturaient son reflet ondulant dans l’eau. Ils lui rappelaient un peu ceux de son père. Elle détourna le regard, repensant à son rêve.

      Elle savait qu’il était dangereux qu'elle reste à la Cour du Roi, à cause de l’assassinat de son père, des espions, des complots, et plus particulièrement avec Gareth comme roi. Son frère était imprévisible. Vindicatif. Paranoïaque. Et très, très jaloux. Il voyait tout le monde comme une menace et elle encore plus que les autres. Tout pouvait arriver. Elle savait qu’elle n’était plus en sécurité ici. Personne ne l’était.

      Cependant, elle n’était pas du genre à prendre la fuite. Il fallait qu'elle sache avec certitude qui était l’assassin de son père et s’il s’agissait de Gareth. Elle ne pouvait s’enfuir avant de l’avoir livré à la justice. Elle savait que, tant que le meurtrier de son père serait en liberté, l’esprit de son père ne reposerait pas en paix. La justice avait été le cri de ralliement de son père toute sa vie, et même mort il méritait justice, plus que n’importe qui d’autre.

      Gwen repensa à Godfrey et à leur rencontre avec Steffen. Elle était persuadée que Steffen leur cachait quelque chose et elle se demandait ce dont il s’agissait. Une partie d’elle-même pensait qu’il leur parlerait avec le temps. Et pourtant, si ce n’était jamais le cas ? Elle ressentait le besoin urgent de retrouver le meurtrier de son père mais ne savait où se tourner.

      Gwendolyn finit par se lever de son siège aquatique, sortit nue sur le bord, frissonnant dans l’air matinal, se cacha derrière un gros arbre et leva la main pour attraper sa serviette sur une branche comme elle le faisait toujours.

      Cependant, alors qu’elle tendait la main, elle fut surprise de découvrir que sa serviette n’était plus là. Elle resta là, nue, mouillée, sans comprendre. Elle était certaine de l’avoir mise là, comme elle le faisait toujours.

      Alors qu’elle se tenait là, déconcertée, en essayant de comprendre ce qui se passait, elle perçut soudainement un mouvement derrière elle. Cela se passa très vite, comme une impression, et l’instant d’après, son cœur s’arrêta lorsqu’elle comprit qu’un homme se tenait derrière elle.

      Tout se passa très vite. En quelques secondes, l’homme vêtu, comme dans son rêve, d’une cape noire à capuche l’attrapa d’une main osseuse qui se plaqua sur sa bouche, étouffant ses cris alors qu’il l’immobilisait fermement. Il l’entoura avec son autre bras en l’attrapant par la taille, la maintenant contre lui et la soulevant du sol.

      Elle se débattit dans les airs en essayant de crier jusqu’à ce qu’il la repose tout en continuant à la serrer fermement. Elle essaya d’échapper à son emprise mais il était trop fort. Il la ceintura de nouveau et Gwen vit une dague à la poignée luisante de rouge, la même que dans son rêve. Cela était donc bien un avertissement.

      Elle sentit la lame sur sa gorge et il appuyait si fort qu’il aurait suffi qu’elle bouge dans n’importe quelle direction pour avoir la gorge tranchée. Des larmes se mirent à rouler sur ses joues tandis qu’elle commençait à avoir du mal à respirer. Elle était furieuse contre elle-même. Elle était vraiment trop bête. Elle aurait dû être plus prudente.

      “Me reconnais-tu ?” demanda-t-il.

      Il se pencha en avant. Elle sentit son horrible haleine chaude sur sa joue et aperçut son profil. Son cœur cessa de battre : c’était le même visage que dans son rêve, le borgne à la cicatrice.

      “Oui”, répondit-elle d’une voix tremblante.

      Elle connaissait trop bien ce visage. Elle ne connaissait pas son nom mais elle savait que c'était un agent. Un personnage de basse classe, de ceux qui traînaient autour de Gareth depuis l’enfance. C’était le messager de ce dernier. Gareth l’envoyait à tous ceux qu’il souhaitait effrayer, torturer ou tuer.

      “Tu es le chien de mon frère”, lui siffla-t-elle sur un ton de défi.

      Il sourit, révélant une dent manquante.

      “Je suis son messager”, dit-il. “Et mon message t’est envoyé avec une arme spéciale pour s’assurer que tu t’en souviennes bien. Aujourd’hui, son message pour toi, c’est qu'il faut que tu arrêtes de poser des questions. C’est une chose dont tu te souviendras parfaitement bien car lorsque j’en aurai fini avec toi, la cicatrice qui restera sur ton joli visage te le rappellera jusqu’à la fin de tes jours.”

      Il renifla puis leva la lame haut dans les airs et commença à l’abaisser vers son visage.

      “NON !” hurla Gwen.

      Elle se débattit pour éviter cette blessure qui changerait irrémédiablement sa vie.

      Cependant, alors que la lame était en train de s’abattre, quelque chose se produisit. Un oiseau poussa soudain un cri perçant et fondit sur l’homme. Elle leva les yeux et le reconnut au dernier moment.

      C'était Estopheles.

      Elle fondit sur l’homme toutes serres dehors et lacéra le visage de l’homme au moment où il abattait sa dague.

      La lame avait tout juste commencé à entailler la joue de Gwen, la transperçant d’une vive douleur, lorsqu’elle changea brusquement de direction; l’homme hurla, laissa tomber son arme et leva les mains. Gwen vit un éclair blanc dans le ciel, le soleil brillant derrière les branches et, alors qu’Estopheles s’envolait, elle savait, elle en était persuadée, que c’était son père qui