Морган Райс

Un Règne de Fer


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quand elle rouvrit les yeux, il était encore là.

      « Ma sœur m’a trahie », répondit-elle doucement. « Et maintenant il est temps pour moi de la trahir. »

      Luanda ferma les yeux et fit un dernier pas, au-delà du pont, vers le côté opposé du Canyon.

      Au moment où elle le fit, il y eut un bruit tonnant, un souffle derrière elle ; des brumes tourbillonnantes s’élevèrent dans les airs depuis les tréfonds du Canyon, comme une grande vague se levant, et tout aussi soudainement retomba à nouveau. Il y eut un son, comme si la terre craquait, et Luanda sut avec certitude que le Bouclier avait disparu. Qu’à présent, rien ne restait entre l’armée de Romulus et l’Anneau. Et que le Bouclier avait été brisé pour toujours.

      Romulus baissa les yeux sur elle, alors que Luanda se tenait fièrement à trente centimètres, lui faisant face, stoïque, le dévisageant en retour avec défi. Elle avait peur, mais ne le montrait pas. Elle ne voulait pas donner à Romulus cette satisfaction. Elle voulait qu’il la tue alors qu’elle le regardait en face. Au moins cela lui donnerait quelque chose. Elle voulait juste qu’il en finisse.

      Au lieu de cela, le sourire de Romulus s’élargit, et il continua de la fixer directement, au lieu de porter son regard sur le pont, comme elle s’attendait qu’il fasse.

      « Vous avez ce que vous voulez », dit-elle, perplexe. « Le Bouclier est abaissé. L’Anneau est votre. N’allez-vous pas me tuer maintenant ? »

      Il secoua la tête.

      « Tu n’es pas ce que j’attendais », dit-il finalement, dressant son portrait. « Il se peut que je te laisse vivre. Voire même que je te prenne pour femme. »

      Luanda eut un haut-le-cœur à cette idée ; ce n’était pas la réaction qu’elle souhaitait.

      Elle se pencha en arrière et lui cracha à la figure, espérant que cela l’amènerait à la tuer.

      Romulus tendit la main et essuya son visage du dos de la main, et Luanda se prépara au coup à venir, escomptant qu’il la frappe comme auparavant, à briser sa mâchoire – à faire n’importe quoi d’autre qu’être bon envers elle. En lieu et place, il fit un pas en avant, l’empoigna par l’arrière de sa chevelure, l’attira vers lui, et l’embrassa durement.

      Elle sentit ses lèvres, grotesques, gercées, musculeuses, tel un serpent, comme il la pressait contre lui, de plus en plus brutalement, si fort qu’elle pouvait à peine respirer.

      Enfin, il se recula – et ce faisant, il la frappa du revers de la main, la giflant si fort que sa peau picota.

      Elle leva les yeux sur lui, horrifiée, remplie de dégoût, ne le comprenant pas.

      « Enchainez-la et gardez-la près de moi », ordonna-t-il. Il avait à peine achevé de prononcer ces mots avant que ses hommes ne s’avancent et lient ses bras derrière son dos.

      Les yeux de Romulus s’écarquillèrent de plaisir alors qu’il faisait un pas au-devant de ses hommes, et, se tenant prêt, fit une première enjambée sur le pont.

      Il n’y avait pas de Bouclier pour l’arrêter. Il se tenait sain et sauf.

      Romulus afficha un large rictus, puis éclata d’un grand rire, tenant ses bras musclés écartés alors qu’il renversait la tête en arrière. Il rugit de rire, de triomphe, le son résonnant à travers le Canyon.

      « C’est à moi », tonna-t-il. « Totalement à moi ! »

      Sa voix se répercuta, encore et encore.

      « Soldats », ajouta-t-il. « Envahissez ! »

      Ses troupes s’élancèrent soudainement, le dépassant, laissant échapper un grand cri qui fut répété, bien au-dessus, par la horde de dragons, qui battirent des ailes et volèrent, s’élevant dans les airs par-dessus le Canyon. Ils pénétrèrent dans les brumes tourbillonnantes, hurlant, un grand bruit qui s’élevait dans les cieux mêmes, qui faisaient savoir au monde que l’Anneau ne serait plus jamais le même.

      CHAPITRE QUATRE

      Alistair reposait dans les bras d’Erec à la proue de l’énorme navire, qui se balançait doucement alors que l’immense océan roulait de chaque côté encore et encore. Elle leva les yeux, hypnotisée, vers les millions d’étoiles rouges parsemant le ciel nocturne, étincelantes au loin ; de chaudes brises marines soufflaient, la caressant, la berçant jusqu’au sommeil. Elle se sentait heureuse. Simplement en étant là, avec Erec, tout son univers paraissait être en paix ; ici, dans cette partie du monde, sur ce vaste océan, il semblait que tous les maux du monde avaient disparu. D’innombrables obstacles les avaient gardés tous deux séparés et maintenant, enfin, ses rêves devenaient réalité. Ils étaient ensemble, et il ne restait rien ni personne pour les séparer. Ils avaient déjà pris la mer, étaient déjà en route pour ses îles, sa terre natale, et quand ils arriveraient, elle l’épouserait. Il n’y avait rien qu’elle souhaite plus au monde.

      Erec la serrait fermement dans ses bras, et elle s’inclina plus près de lui tandis qu’ensemble ils se penchaient en arrière, leurs regards contemplant l’univers, la douce brume océane glissant sur eux. Ses yeux se firent lourds dans la calme nuit marine.

      En admirant le ciel ouvert, elle pensa à quel point le monde était vaste ; elle pensa à son frère, Thorgrin, là dehors quelque part, et elle se demanda où il était en ce moment. Elle savait qu’il était en route pour voir leur mère. La trouverait-il ? À quoi ressemblerait-elle ? Existait-elle même réellement ?

      Une part d’Alistair voulait le rejoindre dans son voyage, rencontrer leur mère, aussi ; et une autre partie d’elle se languissait déjà de l’Anneau, et voulait être de retour chez elle en terrain familier. Mais la majeure partie en elle était excitée ; elle était excitée de commencer une nouvelle vie, avec Erec, dans un nouvel endroit, une nouvelle partie du monde. Elle était excitée de rencontrer son peuple, de voir à quoi ressemblait sa terre natale. Qui vivait dans les Îles Méridionales ? se demanda-t-elle. De quoi son peuple avait-il l’air ? Est-ce que sa famille l’accepterait ? Seraient-ils heureux de l’avoir, ou se sentiraient-ils menacés par elle ? L’idée de leur mariage serait-elle la bienvenue ? Ou avaient-ils envisagé quelqu’un d’autre, une des leurs, pour Erec ?

      Pire que tout, ce qu’elle craignait le plus – que penseraient-ils d’elle une fois qu’ils auraient appris pour ses pouvoirs ? Une fois qu’ils auraient découvert qu’elle était une Druidesse ? La considéreraient-ils comme une curiosité de la nature, une étrangère, comme tous les autres ?

      « Raconte-moi encore comment est ton peuple », dit Alistair à Erec.

      Il la regarda, puis regarda à nouveau le ciel.

      « Qu’aimerais-tu savoir ? »

      « Parle-moi de ta famille », dit-elle.

      Erec réfléchit dans le silence pendant un long moment. Finalement, il parla :

      « Mon père, il est un grand homme. Il a été le roi de notre peuple depuis qu’il a eu mon âge. Sa mort imminente changera notre île pour toujours.

      « Et as-tu d’autres membres dans ta famille ? »

      Erec hésita un long moment, puis finalement acquiesça.

      « Oui. J’ai une sœur…et un frère. » Il hésita. « Ma sœur et moi étions très proches en grandissant. Mais je dois te prévenir, elle est très territoriale et trop aisément jalouse. Elle est méfiante envers les étrangers, et n’aime pas les nouvelles personnes dans notre famille. Et mon frère… » Erec devint inaudible.

      Alistair le poussa.

      « Qu’y a-t-il ? »

      « Tu ne rencontreras pas meilleur combattant. Mais il est mon frère cadet, et il s’est toujours placé en compétition vis-à-vis de moi. Je l’ai toujours vu comme un frère, et il m’a toujours