pourrait être une bonne ou une mauvaise chose, pensa-t-elle.
Elle était bien connue et respectée dans les forces de l’ordre pour son intuition affûtée, sa capacité à entrer dans l’esprit des tueurs, et son talent pour résoudre des affaires apparemment insolubles.
Elle était aussi connue pour être parfois pénible et un électron libre, et les autorités locales qui devaient travailler avec elle l’avaient souvent prise en grippe.
Elle ne savait pas à quelle réputation se référait Stiles.
Elle aurait aimé pouvoir mieux déchiffrer son expression, mais il avait l’un de ces visages qui ne semblait probablement jamais satisfait de rien.
Ce que Riley redoutait vraiment en ce moment, c’était la possibilité que Stiles fasse la chose la plus logique – décrocher le téléphone et appeler Quantico pour confirmer qu’elle était là pour le compte du FBI. S’il le faisait, personne ne la couvrirait. En fait, elle se retrouverait avec de sacrés problèmes.
Enfin, ce ne serait pas la première fois, pensa-t-elle.
Finalement, le chef Stiles arrêta de tambouriner des doigts et se leva de son bureau.
— Eh bien, loin de moi l’idée de faire obstacle aux affaires du FBI. Allez, je vous emmène dans la cellule de Morgan Farrell », grommela-t-il.
Réprimant un soupir de soulagement, Riley se leva et suivit Stiles hors de son bureau. Pendant qu’il la guidait à travers le poste de police animé, Riley se demanda si l’un des agents autour d’elle pouvait être Jared Ruhl, celui qui l’avait appelée la nuit passée. Elle ne le reconnaîtrait pas si elle le voyait. Mais lui pourrait savoir qui elle était ?
Riley espérait que non, autant pour lui que pour elle. Elle se souvenait de lui avoir dit par téléphone, à propos de la mort de Morgan Farrell…
“Franchement, ce ne sont pas mes affaires.”
Ce qui avait été exactement la bonne chose à dire pour elle, et il serait mieux pour Ruhl qu’il pense que Riley restait fidèle à sa décision. Cela pourrait être un gros problème pour lui si son chef Stiles découvrait qu’il avait posé poser des questions à l’extérieur du service.
Quand que Stiles la mena dans la partie de la prison réservée aux femmes, Riley fut presque assourdie par le bruit. Les prisonnières frappaient contre les barreaux et se disputaient bruyamment les unes les autres, et maintenant elles commençaient à crier sur Riley tandis qu’elle passait devant leurs cellules.
Finalement, Stiles ordonna à un garde d’ouvrir celle occupée par Morgan Farrell et Riley entra. La femme était assise sur le lit et fixait le sol, apparemment inconsciente que quelqu’un était entré.
Riley fut choquée par son apparence. Comme elle s’en souvenait, Morgan était extrêmement mince et fragile. Elle en avait encore plus l’air maintenant, vêtue d’une combinaison orange qui paraissait trop grande pour elle.
Elle semblait aussi être profondément épuisée. La dernière fois que Riley l’avait vue, elle était complètement maquillée et ressemblait au mannequin qu’elle avait été avant de se marier avec Andrew Farrell. Sans maquillage, elle avait l’air incroyablement squelettique. Riley pensa que quelqu’un ignorant tout d’elle pourrait la prendre pour une femme sans abri.
Sur un ton plutôt poli, Stiles dit à Morgan :
« Madame, il y a un visiteur ici pour vous voir. L’agent spécial Riley Paige du FBI.
Morgan leva les yeux vers Riley et la dévisagea, comme si elle n’était pas sûre qu’elle ne rêvait pas.
Stiles se tourna alors vers Riley et dit :
— Appelez-moi quand vous aurez terminé. »
Stiles quitta la cellule et dit au gardien de fermer la porte derrière lui. Riley jeta un coup d’œil autour d’elle pour voir quel type de surveillance la cellule pouvait disposer. Elle ne fut pas surprise de voir une caméra. Elle espérait qu’il n’y avait pas de micros aussi. La dernière chose qu’elle voulait en ce moment était que Stiles ou quelqu’un d’autre espionne sa conversation avec Morgan Farrell. Mais maintenant qu’elle était là, elle devait saisir cette occasion.
Alors que Riley s’asseyait sur le lit à côté d’elle, Morgan continuait à plisser les yeux, incrédule.
D’une voix fatiguée, elle dit :
« Agent Paige. Je ne vous attendais pas. C’est gentil de venir me voir, mais vraiment, ce n’était pas du tout nécessaire.
— Je voulais juste… dit Riley.
Sa voix s’éteignit tandis qu’elle se demandait…
Qu’est-ce que je veux exactement ?
Avait-elle vraiment une idée précise de ce qu’elle faisait ici ?
Finalement, Riley dit :
— Pouvez-vous me raconter ce qui s’est passé ?
Morgan soupira profondément.
— Il n’y a pas grand-chose à dire, n’est-ce pas ? J’ai tué mon mari. Je ne regrette pas de l’avoir fait, croyez-moi. Mais à présent que c’est fait… eh bien, j’aimerais vraiment rentrer à la maison maintenant.
Riley était stupéfaite par ses paroles. La femme ne comprenait-elle dans quelle terrible situation elle se trouvait ?
Ne savait-elle pas que la Géorgie était un État qui pratiquait la peine de mort ?
Morgan semblait avoir du mal à tenir sa tête relevée. Elle frissonna au son du cri strident d’une femme dans une cellule voisine.
— Je pensais pouvoir dormir ici en prison. Mais écoutez tout ce vacarme ! Ça n’arrête pas, tout le temps, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, dit-elle.
Riley étudia son visage fatigué.
— Vous n’avez pas beaucoup dormi, n’est-ce pas ? Peut-être pas depuis longtemps ? demanda-t-elle.
Morgan secoua la tête.
— Cela va faire deux ou trois semaines maintenant – avant même mon arrivée ici. Andrew était entré dans un de ses état d’esprit sadiques et avait décidé de ne pas me laisser tranquille ou de me laisser dormir, de jour comme de nuit. C’est facile pour lui…
Elle s’arrêta, remarquant apparemment son erreur, puis dit :
— C’était facile pour lui. Il avait une sorte de métabolisme que certains hommes puissants ont. Il pouvait dormir trois ou quatre heures par jour. Et dernièrement, il était souvent à la maison. Donc il me traquait partout dans la maison, ne me laissant jamais aucune intimité, et entrait à toute heure dans ma chambre, pour me faire… faire toutes sortes de choses…
Riley se sentit un peu malade à l’idée de ce que ces “choses” non dites pouvaient être. Elle était sûre qu’Andrew avait sexuellement torturé Morgan.
Morgan haussa les épaules.
— J’ai finalement craqué, j’imagine, dit-elle. Et je l’ai tué. D’après ce que j’ai entendu, je l’ai poignardé douze ou treize fois.
— D’après ce que vous avez entendu, demanda Riley. Vous ne vous souvenez pas ?
Morgan laissa échapper un gémissement de désespoir.
— Devons-nous entrer dans les détails de ce dont je me souviens et ne me souviens pas ? Je buvais et prenais des pilules avant que ça n’arrive et tout est embrouillé. La police m’a posé des questions jusqu’à ce que je ne sache plus où j’en étais. Si vous voulez connaître les détails, je suis sûre qu’ils vous laisseront lire mes aveux.
Riley sentit un étrange picotement à ces mots. Elle n’était pas encore sûre