du regard. C’était une nuit très fraîche. L’automne avait fini par s’installer sur la côte Est et les températures avaient chuté de manière significative. Elle appréciait cet instant et aurait aimé que la tente de Hunter soit équipée de l’une de ces bâches à mailles qui permettait de voir au travers mais ce n’était malheureusement pas le cas. Cette escapade avait néanmoins été romantique – loin de chez eux et seuls en forêt. C’était ainsi qu’elle envisageait une vie en commun, jusqu’à ce que cet idiot finisse par lui demander sa main. Avec ce beau ciel nocturne, ce climat parfait et leur incroyable alchimie, c’était l’une des plus belles nuits de sa vie.
Elle avait envie de retourner à l’intérieur de la tente et de se réchauffer contre lui mais elle devait d’abord aller aux toilettes. Elle pénétra dans la forêt et prit un instant pour prendre ses repères. Il lui était maintenant difficile de voir dans quelle direction se diriger. Il faisait sombre; les étoiles et la demi-lune projetaient un peu de lumière mais pas assez. Elle observa ce qui l’entourait, presque certaine qu’elle n’avait qu’à tourner à gauche pour trouver les toilettes.
Elle avança sans faire de bruit dans cette direction pendant une trentaine de secondes. Quand elle se retourna, elle ne parvint plus à distinguer la tente.
« Merde, » murmura-t-elle, en paniquant un peu.
Ressaisis-toi, se dit-elle, tout en continuant à avancer. La tente est juste là et...
Son pied gauche heurta quelque chose et avant qu’elle n’ait eu le temps de réaliser ce qui lui arrivait, elle trébucha. Elle parvint à tendre les bras au dernier moment, afin d’empêcher que son visage ne heurte le sol. Elle eut le souffle coupé et se remit directement sur pied, d’un air gêné.
Elle se retourna pour regarder le tronc sur lequel elle venait de trébucher, d’un air contrarié. Dans l’obscurité, la forme avait l’air étrange, presqu’abstraite. Mais il y avait une chose dont elle était certaine : c’était qu’il ne s’agissait pas d’un tronc d’arbre.
Elle voulut croire que c’était l’obscurité qui lui jouait des tours. Ça devait être le résultat de jeux d’ombres dans le noir.
Mais avec des sueurs froides lui traversant le dos, elle dut se rendre à l’évidence : c’était bien ce qu’elle croyait être.
Une jambe humaine.
Et d’après ce qu’elle pouvait en discerner, c’était tout ce qu’il y avait. Il n’y avait aucun corps qui l’accompagnait. Elle gisait là, sur le sol, partiellement dissimulée par le feuillage et des branches d’arbres. Le pied était recouvert d’une chaussure de sport et d’une chaussette trempée de sang.
Pam laissa échapper un cri. Elle se retourna et se mit à courir dans la nuit noire, sans cesser de hurler un seul instant.
CHAPITRE UN
Mackenzie était assise dans le siège passager d’une sedan appartenant au FBI et tenait en main un Glock de service – une arme qui était devenue une sorte de seconde peau pour elle. Mais aujourd’hui, le Glock lui donnait une sensation différente. En fait, après aujourd’hui, tout serait différent.
La voix de Bryers la fit sortir de son état de rêvasserie. Il était assis derrière le volant et la regardait avec l’air d’un père déçu par sa fille.
« Tu sais… tu n’es pas obligée de le faire, » dit Bryers. « Personne ne te regardera de travers si tu n’y vas pas. »
« En fait, je me sens obligée de le faire. Je me le dois à moi-même. »
Bryers soupira et regarda à travers le pare-brise. Devant eux, un grand parking était éclairé par de faibles réverbères placés sur les bords et au centre de l’espace. Trois voitures y étaient garées et Mackenzie pouvait distinguer la silhouette de trois hommes qui faisaient les cent pas d’un air anxieux.
Mackenzie tendit la main et ouvrit la portière de la voiture.
« Tout va bien se passer, » dit-elle.
« Je sais, » dit Bryers. « Mais… fais quand même attention à toi. Si quelque chose t’arrive ce soir et que certaines personnes apprennent que j’étais ici avec toi… »
Elle n’attendit pas la fin de sa phrase. Elle sortit de la voiture et ferma la portière derrière elle. Elle tenait le Glock avec le canon baissé et s’avança lentement en direction des trois hommes qui se tenaient près des voitures. Elle savait qu’il n’y avait aucune raison d’être nerveuse mais elle ne parvenait pas à s’en empêcher. Même en voyant le visage d’Harry Dougan parmi eux, elle restait sur les nerfs.
« Il fallait vraiment que ce soit Bryers qui t’amène ? » demanda l’un des hommes.
« Il garde un œil sur moi, » dit-elle. « Il n’apprécie guère aucun d’entre vous. »
Les trois hommes se mirent à rire, puis regardèrent en direction de la voiture que Mackenzie venait de quitter. Ils firent tous un signe à Bryers d’une manière parfaitement synchronisée. Bryers leur décocha un faux sourire et leur montra le majeur de sa main droite en guise de réponse.
« Même moi, il ne m’aime toujours pas, hein ? » demanda Harry.
« Non, désolée. »
Les deux autres hommes regardérent Harry et Mackenzie du même air résigné qu’ils avaient eu l’habitude d’adopter ces dernières semaines. Bien qu’ils ne soient pas vraiment en couple, ils étaient maitenant assez proches que pour créer de légères tensions parmi leurs condisciples. Le plus petit des hommes s’appelait Shawn Roberts et l’autre, un homme robuste de deux mètres de haut, était Trent Cousins.
Cousins désigna de la tête le Glock que Mackenzie tenait en main et dégaina le sien.
« Alors, on y va ? »
« On y va ! Nous n’avons probablement pas beaucoup de temps devant nous, » dit Harry.
Ils regardèrent autour d’eux avec un air de conspiration. Un sentiment d’exaltation commença à remplir l’air et Mackenzie se rendit soudain compte que ça l’amusait beaucoup. C’était la première fois depuis son enfance qu’elle était vraiment enthousiaste au sujet de quelque chose.
« À trois, » dit Shawn Roberts.
Ils frétillaient et ne tenaient plus en place au moment où Harry commença le compte à rebours.
« Un… deux… trois ! »
En une fraction de seconde, ils avaient tous les quatre disparu. Mackenzie fonça vers la gauche, en direction de l’une des trois voitures. Derrière elle, elle entendit le bruit assourdi de coups de feu tirés par les autres. Les armes qu’ils utilisaient étaient bien entendu fictives… des armes de paintball créées et conçues afin de donner l’impression d’être de vraies armes. Ce n’était pas la première fois que Mackenzie se retrouvait dans un environnement de munitions à blanc mais c’était la première fois qu’elle le faisait sans la présence d’un instructeur – et sans aucune protection.
Une traînée de peinture rouge explosa au sol, à seulement quinze centimètres de son pied droit. Elle se baissa davantage pour mieux se cacher derrière la voiture et se faufila rapidement vers l’avant du véhicule. Elle se mit à quatre pattes et vit deux paires de pieds plus loin devant elle. L’une de ces paires se dirigeait derrière une autre voiture pour s’y cacher.
Mackenzie avait analysé la disposition du terrain au moment où ils s’étaient tous retrouvés et elle savait que le meilleur endroit où se tenir était la base du pilier en pierre qui soutenait le réverbère au centre du parking. Comme le reste de la ruelle Hogan, la disposition de ce parking était aussi aléatoire que possible mais avait toujours pour but la formation de stagiaires de l’académie. C’est pourquoi Mackenzie savait