Блейк Пирс

A votre santé


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la colère contre les gens, partout, avec leurs mensonges, leurs secrets et leur méchanceté.

      Comme souvent, elle s’imagina en train de survoler le monde avec des ailes noires, semant la mort et la destruction parmi les méchants.

      Et tout le monde était méchant.

      Tout le monde méritait de mourir.

      Même Cody Woods était méchant et il avait mérité de mourir.

      Après tout, si personne ne l’aimait, quel genre d’homme était-il ?

      Un homme abominable, sans doute.

      Abominable et haineux.

      — Bien fait pour lui, grogna-t-elle.

      Sa colère disparut aussi vite qu’elle était venue. Elle eut honte d’avoir dit ça à voix haute. Elle n’en pensait pas un mot, bien sûr. Elle se rappela qu’elle ne devait ressentir que de l’amour envers les autres.

      Et puis, il était l’heure d’aller travailler. Aujourd’hui, elle serait Judy Brubaker.

      En se regardant dans le miroir, elle vérifia que sa perruque auburn était bien alignée et que la frange retombait de façon naturelle sur son front. Cette perruque lui avait coûté cher et personne n’avait jamais remarqué que ce n’étaient pas ses vrais cheveux. Sous la perruque, les cheveux blonds et courts de Hallie Stillians avaient été teints en brun sombre et coupés de différente manière.

      Il ne restait plus aucune trace de Hallie, ni dans sa garde-robe, ni dans ses manies.

      Elle ramassa une paire de lunettes de lecture rouges et les suspendit à son cou, avec un cordon.

      Elle sourit avec satisfaction. Elle avait eu raison d’investir dans de bons accessoires. Judy Brubaker méritait ce qu’il y avait de mieux.

      Tout le monde aimait Judy Brubaker.

      Et tout le monde adorait la chanson que Judy Brubaker chantait souvent. Une chanson qu’elle chanta à tue-tête en se préparant pour aller travailler.

      Ne pleure pas,

      Fais de beaux rêves,

      Abandonne-toi au sommeil.

      Plus de soupirs,

      Ferme les yeux

      Et tu seras chez toi en rêve.

      Sa paix intérieure menaçait de déborder. Elle en avait assez pour la partager avec le monde entier. Elle avait apporté la paix à Cody Woods.

      Et bientôt, elle apporterait la paix à quelqu’un qui en avait besoin.

      CHAPITRE QUATRE

      Le cœur de Riley battait fort dans sa poitrine, et sa respiration lui brûlait les poumons. Une mélodie familière lui trottait dans la tête :

      « Follow the yellow brick road… »

      Malgré ses efforts et son essoufflement, Riley était amusée. C’était une froide matinée, et elle faisait la course à obstacles de Quantico. On appelait cette course la « route de brique jaune ».

      C’étaient les Marines qui l’avaient construite et qui l’avaient baptisée aisi. Des briques jaunes marquaient chaque mile parcouru. Quand un débutant du FBI terminait la course, on lui donnait une brique jaune en récompense.

      Riley avait gagné la sienne des années plus tôt. Mais, de temps en temps, elle refaisait le parcours, pour savoir si elle en était toujours capable. Après l’émotion et le stress de ces derniers jours, elle avait bien besoin d’un peu d’exercice pour se vider la tête.

      Elle venait de passer une série d’obstacles difficiles, et elle avait déjà croisé trois briques. Elle avait escaladé un mur, sauté par-dessus des barrières et elle s’était jetée à travers une fenêtre. A présent, elle était montée sur un rocher à l’aide d’une corde. Elle descendit en rappel de l’autre côté.

      En sautant au sol, elle leva les yeux vers Lucy, une jeune agente avec laquelle elle aimait travailler et s’entraîner. Lucy avait joyeusement accepté d’être sa partenaire d’entraînement. Essoufflée et appuyée sur le rocher, Lucy tourna la tête vers Riley qui s’exclama :

      — Tu n’arrives pas à suivre le rythme d’une vieille comme moi ?

      Lucy éclata de rire.

      — J’y vais doucement. Je préfère que tu te ménages… à ton âge !

      — Eh, ne te retiens pas pour me faire plaisir ! s’écria Riley. Fais de ton mieux.

      Riley avait quarante ans, mais elle n’avait jamais ralenti à l’entrainement. Force et rapidité étaient nécessaires sur le terrain. Cela pouvait sauver des vies, y compris celle de Riley.

      Mais en voyant arriver l’obstacle suivant, Riley se renfrogna : c’était une piscine d’eau froide et boueuse surmontée de fils barbelés.

      Cela commençait à se corser.

      Riley portait des vêtements chauds et une parka waterproof, mais cela ne suffirait pas : elle finirait trempée et gelée.

      Attention les yeux…, pensa-t-elle.

      Elle se jeta dans la boue. La température de l’eau lui fit l’effet d’un choc électrique. Elle s’obligea à avancer, en s’aplatissant le plus possible quand elle sentit les barbelés effleurer son dos.

      Un engourdissement familier la saisit, ainsi qu’un souvenir désagréable.

      Riley rampait sous le plancher de la maison. Elle venait de s’échapper de la cage où un psychopathe armé d’un chalumeau la retenait prisonnière. Dans le noir, elle avait perdu la notion du temps.

      Elle avait réussi à ouvrir la porte. A présent, elle rampait à l’aveuglette, à la recherche d’une issue. Il avait plu récemment, et la boue était froide et collante.

      Tout son corps était engourdi par le froid, et un profond désespoir lui remonta dans la gorge. Elle était trop faible, à cause du manque de sommeil et de la faim.

      Je ne vais pas y arriver, pensa-t-elle.

      Elle devait chasser ces idées noires. Elle devait continuer à chercher. Si elle ne sortait pas d’ici, il finirait par la tuer, comme il avait tué les autres.

      — Riley, ça va ?

      La voix de Lucy la tira brusquement de ses pensées. C’était un de ses souvenirs les plus atroces. Elle n’oublierait jamais l’expérience traumatisante qu’elle avait vécue. C’était d’autant plus vrai qu’April avait souffert aux mains du même psychopathe. Riley se demanda si elle serait un jour débarrassée de ces étranges visions du passé.

      Et April ? En serait-elle débarrassée ?

      Riley réalisa qu’elle s’était arrêtée au milieu de la piscine de boue. Derrière elle, Lucy attendait qu’elle vienne à bout de l’obstacle.

      — Je vais bien, dit Riley. Désolée de t’avoir fait attendre.

      Elle s’obligea à avancer. Au bout de l’obstacle, elle bondit sur ses pieds et rassembla ses pensées. Puis elle s’élança sur le sentier, certaine que Lucy la suivait de près. Elle connaissait déjà l’obstacle suivant : un filet suspendu. Ensuite, il resterait deux miles à parcourir, et encore quelques obstacles difficiles.

      *

      Au bout des six miles, Riley et Lucy passèrent la ligne d’arrivée, bras dessus bras dessous, essoufflées, en riant et en se félicitant l’une l’autre. Riley remarqua avec surprise que son partenaire de longue date l’attendait. Bill Jeffreys était un homme de haute stature, du même âge que Riley.

      — Bill