Блейк Пирс

De Sac et de Corde


Скачать книгу

Comment tu appelles ça, toi ?

      Riley réfléchit quelques instants.

      — Elle est très investie, dit-elle. Elle s’inquiète pour son amie Tiffany et elle se sent impuissante. Elle a peur que quelque chose de terrible soit arrivé à Lois. On devrait être contents qu’elle pense aux autres. Ça veut dire qu’elle grandit.

      Ils se turent à nouveau.

      — Alors, à ton avis, que s’est-il passé ? demanda enfin Ryan. Tu penses que Lois s’est suicidée ou qu’elle a été assassinée ?

      Riley secoua la tête d’un air las.

      — Si seulement je le savais. J’ai appris à suivre mon instinct, mais mon instinct ne me dit rien du tout. Je n’ai aucune intuition.

      Ryan lui tapota la main.

      — Peu importe ce qui s’est passé. Dans tous les cas, ce n’est pas ta responsabilité, dit-il.

      — Tu as raison.

      Ryan bâilla.

      — Je suis fatigué, dit-il. Je crois que je vais me coucher de bonne heure.

      — Je vais rester un peu là, dit Riley. Je n’ai pas encore envie de dormir.

      Ryan monta à l’étage et Riley se versa un autre grand verre. La maison était silencieuse et Riley se sentit seule et étrangement impuissante – comme April, probablement. Après un autre verre, elle se détendit. Elle retira ses chaussures et s’allongea sur le canapé.

      Peu après, quand elle se réveilla, elle se rendit compte que quelqu’un avait déposé une couverture sur elle. Ryan avait dû descendre pour voir ce qu’elle faisait et il s’était assuré qu’elle ait chaud.

      Riley sourit, un peu moins seule. Puis elle s’endormit à nouveau.

      *

      Riley eut une impression de déjà-vu quand April se précipita dans le garage des Pennington.

      Comme elle l’avait fait la première fois, Riley l’appela :

      — April, n’y va pas !

      Cette fois, April tira sur la rubalise de la police avant d’ouvrir la porte.

      Elle disparut dans le garage.

      Riley lui courut après.

      Le garage est beaucoup plus grand et sombre, comme un hangar abandonné.

      Riley ne voyait April nulle part.

      — April, où es-tu ? appela-t-elle.

      La voix d’April résonna :

      — Je suis là, Maman.

      Riley n’aurait su dire d’où venait la voix.

      Elle tourna lentement sur elle-même en fouillant les ténèbres du regard.

      Enfin, un plafonnier s’alluma. Riley resta pétrifié d’horreur.

      Une fille à peine plus âgée qu’April était pendue à une poutre.

      Elle était morte, mais ses yeux étaient ouverts. Elle fixait Riley du regard.

      Autour de la fille, par terre et sur des étagères, il y avait des centaines de photos encadrées la représentant avec sa famille à différents moments de sa vie.

      — April ! cria Riley.

      Personne ne répondit.

      Riley se réveilla en sursaut et se redressa sur le lit. Elle hyperventilait.

      Elle se retint de hurler à pleins poumons, comme dans son cauchemar : « April ! ».

      Elle savait qu’April était endormie dans son lit.

      Toute la famille dormait, sauf elle.

      Pourquoi ai-je fait ce rêve ? se demanda-t-elle.

      Elle n’eut besoin que d’un instant pour comprendre.

      C’était enfin son instinct.

      April avait raison. Quelque chose n’allait pas dans la mort de Lois.

      Et Riley devait découvrir ce que c’était.

      CHAPITRE CINQ

      En sortant de sa voiture, garée devant l’université Byars, Riley sentit un frisson la parcourir. Ce n’était pas seulement la température. Il y avait de mauvaises ondes dans cette école.

      Elle frémit en balayant le campus du regard.

      Des étudiants allaient et venaient, emmitouflés pour se protéger du froid, sans se parler, pressés d’arriver. Aucun n’avait l’air particulièrement heureux d’être là.

      Pas étonnant que les étudiants aient envie de se tuer, pensa Riley.

      L’école semblait appartenir au passé. Riley avait l’impression de faire un voyage dans le temps. Les vieux bâtiments de brique étaient en parfait état, tout comme les colonnes blanches, reliques d’une époque où l’on copiait les monuments antiques.

      Le parc était immense – d’autant plus impressionnant qu’il était planté au milieu d la capitale. Bien sûr, la ville de Washington avait grandi autour de l’université depuis sa fondation. La petite école élitiste avait prospéré, formant des étudiants qui intégraient ensuite avec succès les programmes de master et de doctorat les plus réputés du pays, puis le monde des affaires et de la politique. Les étudiants qui fréquentaient des écoles comme celle-ci se construisaient un réseau qui leur servait toute la vie.

      Naturellement, c’était beaucoup trop cher pour la famille de Riley, même avec une bourse que l’école accordait occasionnellement aux très bons élèves. Cela n’avait pas d’importance : Riley n’aurait jamais eu l’idée d’envoyer April étudier ici. Ou Jilly.

      Riley entra dans le bureau réservé à l’administration et trouva le bureau du doyen, où elle fut accueillie par une secrétaire à l’air revêche.

      Riley lui montra son badge.

      — Je suis l’agent spécial Riley Paige, FBI. Je vous ai appelée aujourd’hui.

      La femme hocha la tête.

      — M. Autrey va vous recevoir, dit-elle.

      La femme fit entrer Riley dans un bureau grand et sinistre, aux boiseries sombres.

      Un homme élégant, d’âge mûr, se leva de son siège pour l’accueillir. Il était grand, il avait les cheveux argentés et il portait un costume trois pièces visiblement hors de prix, avec un nœud papillon.

      — Agent Paige, je suppose, dit-il avec un sourire froid. Je suis le doyen, Willis Autrey. Je vous en prie, asseyez-vous.

      Riley s’assit devant son bureau. Autrey fit de même et pivota sur son siège.

      — Je ne suis pas sûr de comprendre le but de votre visite, dit-il. Il s’agit du décès tragique de Lois Pennington, c’est bien ça ?

      — Son suicide, vous voulez dire.

      Autrey hocha la tête et joignit les mains.

      — Rien qui nécessite l’intervention du FBI, il me semble, dit-il. J’ai appelé les parents de la jeune fille et je leur ai transmis nos plus sincères condoléances. Ils étaient bouleversés, bien entendu. C’est fâcheux, mais ils ne semblaient pas avoir de doutes ou d’inquiétudes.

      Riley comprit qu’elle allait devoir choisir ses mots avec attention. Elle n’était pas là pour son travail – en fait, ses supérieurs à Quantico n’auraient pas approuvé sa démarche. Mais peut-être qu’elle pouvait se débrouiller pour le cacher à Autrey.

      —