Блейк Пирс

Sans Laisser de Traces


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Je n’ai pas entendu dire qu’elle avait disparu, dit Spelbren.

      — Cela n’a pas été officiellement signalé, dit Meredith. Son père a déjà été contacté. Et, bien sûr, il pense que les raisons sont politiques, ou personnelles, ou les deux. Il se fiche de savoir que la même chose est arrivée à une autre victime il y a six mois.

      Meredith secoua la tête.

      — Le sénateur pèse lourd, ajouta-t-il. La presse va s’en mêler. Il va s’en assurer, pour nous mettre le feu aux fesses.

      Le cœur de Bill se serra. Il commençait à sentir que cette affaire le dépassait. Il n’aimait pas cette impression.

      Un silence grave tomba sur l’assemblée.

      Enfin, Bill s’éclaircit la gorge.

      — Nous allons avoir besoin d’aide, dit-il.

      Meredith se tourna vers lui et Bill croisa son regard dur. Soudain, le visage du chef d’équipe était empreint d’inquiétude et de désapprobation. Il avait sans doute deviné ce qui passait par la tête de Bill.

      — Elle n’est pas prête, répondit-il.

      Bill soupira.

      — Monsieur, elle connaît l’affaire mieux que quiconque. Et je ne connais personne qui soit plus intelligent.

      Bill marqua une pause, avant de dire le fond de sa pensée :

      — Je ne pense pas que nous pourrons nous passer d’elle.

      Meredith frappa son calepin du bout de son stylo plusieurs fois, visiblement mal à l’aise.

      — C’est une erreur, dit-il. Si elle craque, ce sera de votre faute.

      Il poussa un soupir.

      — Appelez-la.

      Chapitre 3

      L’adolescente qui répondit à son coup de sonnette eut l’air de vouloir refermer la porte en claquant sur le nez de Bill. Cependant, elle tourna les talons sans un mot, en laissant le battant ouvert.

      Bill entra dans le vestibule.

      — Salut, April, dit-il sans réfléchir.

      La fille de Riley, une adolescente dégingandée et maussade de quatorze ans, qui avait hérité des cheveux noirs et des yeux noisette de sa mère, ne répondit pas. Vêtue d’un T-shirt trop grand pour elle, les cheveux en bataille, elle se laissa tomber sur le canapé, préoccupée seulement par son téléphone et ses écouteurs.

      Bill resta un instant dans le vestibule, gêné. Quand il avait appelé Riley, elle avait accepté qu’il vienne, mais de mauvaise grâce. Avait-elle changé d’avis ?

      Bill balaya du regard la petite maison. Il marcha jusqu’au salon. Tout était en ordre, ce qui était habituel venant de Riley. Cependant, les stores étaient tirés et une pellicule de poussière recouvrait les meubles. Cela, en revanche, ne lui ressemblait pas du tout. Bill aperçut sur l’étagère les couvertures neuves et brillantes des thrillers qu’il lui avait offerts pendant son congé, dans l’espoir qu’elle se change les idées. Aucune reluire ne semblait abîmée.

      Le sentiment d’angoisse de Bill ne fit que croître. Ce n’était pas la Riley qu’il connaissait. Meredith avait-il raison ? Avait-elle besoin de plus de vacances ? Bill avait-il le droit de la solliciter avant qu’elle ne soit prête ?

      Bill se prépara psychologiquement et s’enfonça plus avant dans la maison plongée dans les ténèbres. Au détour d’un couloir, il trouva Riley, seule dans la cuisine, assise à la table en Formica en robe de chambre et pantoufles, une tasse de café posée entre les coudes. Elle leva les yeux et il vit passer une lueur de gêne dans son regard, comme si elle avait oublié qu’il devait venir. Elle lui adressa vivement un faible sourire et se leva.

      Il la prit dans ses bras et elle répondit mollement à son étreinte. Les pieds glissés dans des pantoufles, elle était plus petite que lui. Elle avait minci, beaucoup, et son inquiétude ne fit que croître.

      Il s’assit en face d’elle et la détailla du regard. Elle avait les cheveux propres, mais échevelés, et il semblait qu’elle portait ces pantoufles depuis des jours. Son visage était émacié, trop pâle, et surtout plus vieux, bien plus vieux que la dernière fois qu’il l’avait vue, cinq semaines plus tôt. Elle avait l’air d’avoir traversé l’enfer. C’était le cas. Bill tâcha de ne pas penser à ce que leur dernier tueur lui avait fait subir.

      Elle évita son regard et tous deux restèrent assis en chiens de faïence au milieu d’un silence tendu. Bill avait été certain de trouver les mots justes, le moment venu, pour lui changer les idées et la motiver. À présent, assis devant elle, il était submergé par la tristesse, sans voix. Il aurait voulu qu’elle se redresse, qu’elle soit plus robuste, qu’elle ressemble un peu plus à ce qu’elle avait été.

      Il cacha furtivement par terre l’enveloppe contenant les informations sur l’affaire, à côté de sa chaise. Il n’était même pas sûr de vouloir la lui montrer. Il commençait à penser que tout ceci était une erreur. Il était clair qu’elle avait besoin de plus de temps. En fait, pour la première fois, il n’était pas sûr que sa partenaire reviendrait un jour.

      — Café ? demanda-t-elle.

      Il sentit sa gêne et secoua la tête. Elle avait l’air si fragile. Quand il lui avait rendu visite à l’hôpital et même quand elle était rentrée chez elle, il avait été terrifié pour elle. Il s’était demandé si elle reviendrait jamais de la douleur et de la terreur qu’elle avait endurées, si elle reviendrait jamais des ténèbres où elle avait été plongée pendant si longtemps. Cela ne lui ressemblait pas. Elle lui avait toujours eu l’air invincible mais, au cours de leur dernière affaire, quelque chose, ce dernier tueur, avait tout changé. Bill pouvait le comprendre : l’homme était certainement le psychopathe le plus tordu qu’il ait jamais rencontré – ce qui n’était pas peu dire.

      Alors qu’il étudiait Riley du regard, quelque chose finit par le frapper. Elle faisait son âge. Riley avait quarante ans, comme Bill, mais elle s’était montrée si vive et passionnée par son travail qu’elle lui avait toujours paru plus jeune. Des fils gris se laissaient entrevoir au milieu de ses cheveux noirs. Bien sûr, les cheveux de Bill grisonnaient également…

      Riley appela sa fille :

      — April !

      Pas de réponse. Riley répéta son nom plusieurs fois, plus fort, jusqu’à ce qu’elle répondre.

      — Quoi ? demanda April depuis le salon, visiblement irritée.

      — À quelle heure tu as classe aujourd’hui ?

      — Tu le sais très bien.

      — Dis-moi, c’est tout.

      — Huit heures trente.

      Riley fronça les sourcils, irritée à son tour. Elle croisa le regard de Bill.

      — Elle a séché l’anglais. Elle sèche trop de cours. J’essaye de l’aider.

      Bill secoua la tête : il ne comprenait que trop bien. Le travail au sein de l’agence prenait beaucoup de place et les membres de la famille étaient les premières victimes collatérales.

      — Je suis désolé, dit-il.

      Riley haussa les épaules.

      — Elle a quatorze ans. Elle me déteste.

      — Ce n’est pas bien.

      — Je détestais tout le monde quand j’avais quatorze ans, répondit-elle. Pas toi ?

      Bill ne répondit pas. Il était difficile d’imaginer Riley si vindicative.

      — Attends un peu que tes gamins grandissent, dit