négligeance impardonnable de la commission et de Mm. Широков et Нестеров. Le Major Сердаковский est arrivé ici le 15 de ce mois de Wladikawkase et m’a dit qu’il avoit rencontré en route beaucoup de transports avec des vivres. Je l’ai pourtant envoyé à Stavropol pour secouer vigoureusement la commission et dès qu’il reviendra ici j’aurai l’honneur de Vous présenter mon opinion sur ce qu’il faudrait faire pour la mettre à la raison.
Vous apprendrez par le rapport ci-joint du commendant du Piatigorsk une malheureuse et desagréable histoire arrivée ici avant hier. Lermantow a été tué en duel avec Мартынов, l’excosaque du regf de Grebenskoi. Les témoins ont été Gléboff de la garde à cheval et le Pce Wassiltschikoff un des noveaux législateurs de la Géorgie. On n’a appris la cause de leur querelle qu’après le duel; quelques heures avant on les a vu ensemble et personne ne s’est douté qu’ils alloient se battre. Lermantow se moquoit depuis longtems de Мартынов et faisoit circuler des caricatures à l’instar de celles de Mr. Mayeux, sur le costume ridicule de Мартынов, qui s’habilloit en circassien avec un long poignard et l’avoit surnommé Mr. Poignard du Mont Sauvage. A une soirée chez les Werziline il s’est moqué de Мартынов devant les dames. En sortant Мартынов lui a dit qu’il le ferait taire; Lermontow lui a répondu qu’il ne craignoit pas ses menaces et qu’il étoit prêt à lui rendre raison s’il se croyoit offensé. La-dessus cartel de la part de Мартынов, et les témoins qu’ils ont choisi n’ont pas pu arranger l’affaire malgré toutes les peines qu’ils se sont donnés; ils alloient se battre sans témoins. Leur animosité fait croire qu’ils ont eu d’autres griefs mutuels. Ils se sont battus à la barrière qui de 15 pas convenus a été allongé par les témoins jusqu’à 20 pas. Lermantow avoit dit qu’il ne tirerait pas et qu’il attendrait le coup de Мартынов. Ils sont arrivés à la barrière en même tems; Мартынов a tiré le premier et Lermantow est tombé. La balle avoit traversé le corps du coté droit au coté gauche et avoit percé le coeur. Il n’a vécu que 5 minutes et n’a pas pu proférer une seule parole.
Piatigorsk est peuplé à demi par des officiers qui arrivent des détachements sans aucune autorisation écrite et légale et qui viennent non pour se traiter mais pour s’amuser et ne rien faire; entre autres est arrivé ici Mr. Дорохов, qui certes n’est pas malade. Même les Chefs de régiments se permettent de laisser venir ici qui bon leur semble et même des junkers. Il serait indispensable de défendre cela. Le vieuхИлъяшенков est un brave et digne homme, mais il n’est pas fait pour contenir une jeunesse aussi turbulente; aussi marchoit on sur la tête ici. J’ai mis le holà à cela et j’ai renvoyé quelques personnes qui étoient sans permission légale et entre autres le Pce Troubetzkoi, mais je ne parviens pas à mettre tout en ordre parcequ’il y a quantité de personnes qui ne sont pas de ma compétence et qui ne se trouvent pas dans nos troupes.
JeVous remercie beaucoup, mon Général, pour Vos deux lettres du7 et du 11 Juillet; malheureusement je ne suis pas à même de Vous envoyer des livres car je n’en ai pas ici. Je Vous envois pourtant un roman d’Eugène Sue Arthur en 4 vol. et je tâcherai de Vous envoyer encor des livres avec Сердаковский, qui doitpasser ici aujourd’hui ou demain. Est-ce que Vous ne croyez pas, mon Général, qu’il seroit bon de redemander Wolf à la place de Nordenstam? Milutine seroit excellent, mais est-ce qu’on le donnera? Philipson seroit ce qu’il y aurait de mieux, mais le voudra-t-il?
Agréez, je Vous prie, mon Général, mes respectueux hommages.
Перевод:
АС. Траскин – П.Х. Граббе Пятигорск, 17 июля 1841
Г-жа Граббе поселилась в Кисловодске с и числа. Я оставил ее 12-го и вернулся сюда, чтобы продолжить свое лечение. Ей очень нравится у Принтца, и она кажется более спокойной. Ее смотрели доктора Норман и Рожер, и, как они мне сказали, она уже начала принимать ванны и совершает длительные прогулки.
Вы узнаете, генерал, из прилагаемого доклада, о намерениях Генерального штаба относительно снабжения продовольствием Назранской команды и о непростительном небрежении комиссии и гг. Широкова и Нестерова. Майор Сердаковский прибыл сюда 15-го из Владикавказа и рассказал мне, что встретил по пути большое число транспортов с припасами. Я все же послал его в Ставрополь, чтобы он посильнее встряхнул комиссию, и как только он вернется, я буду иметь честь представить вам свое мнение, что нужно делать, чтобы образумить их.
Из прилагаемого при сем рапорта коменданта Пятигорска вы узнаете о несчастной и неприятной истории, происшедшей позавчера. Лермонтов убит на дуэли с Мартыновым, бывшим казаком Гребенского войска. Секундантами были Глебов из кавалергардов и князь Васильчиков, один из новых законодателей Грузии. Причину их ссоры узнали только после дуэли; за несколько часов их видели вместе и никто не подозревал, что они собираются драться. Лермонтов уже давно смеялся над Мартыновым и пускал по рукам карикатуры, наподобие карикатур на г-на Майе, на смешной костюм Мартынова, который одевался по-черкесски, с длинным кинжалом, – и называл его «Г-н Пуаньяр с Диких гор». Однажды на вечере у Верзилиных он смеялся над Мартыновым в присутствии дам. Выходя, Мартынов сказал ему, что заставит его замолчать; Лермонтов