Софи Лав

Pour Toi, Pour Toujours


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      — Un déca, s’il te plaît.

      Joe partit faire du café pendant qu’Emily trouvait le box où Amy était déjà assise.

      — C’est comme au bon vieux temps, n’est-ce pas ? dit Amy en embrassant son amie. Prendre un café avant le travail, chaque fois que nous le pouvions, bien sûr. Petits déjeuners, déjeuners et cocktails le soir.

      — Des cocktails ! s’exclama Emily en se tapotant l’estomac. Ne me rappelle pas ça. Elle rit. C’est merveilleux de t’avoir plus souvent dans les parages. Et tu as raison, c’est comme au bon vieux temps, sauf qu’il n’y a pas de gratte-ciels ou de rangées de taxis jaunes. Elle sourit en se souvenant de leur ancienne vie à New York. Cela faisait si longtemps maintenant. Alors, c’est quoi le problème ? demanda-t-elle à Amy. Comment ça va ?

      Amy se mordillait la lèvre comme si elle se demandait si elle allait se confier. Elle décida clairement de ne pas se retenir et se lança dans le vif du sujet.

      — C’est Harry. On se dispute.

      — Oh, dit tristement Emily. C’est vraiment dommage. Je suis désolée.

      Amy haussa les épaules et poussa son petit carré blond derrière ses oreilles.

      — C’est inévitable, n’est-ce pas ? La distance. Le fait que nous venons de mondes différents. Je veux dire, je plaisante sur le fait que les choses sont comme elles l’étaient à New York, mais elles ne pourraient pas être plus différentes. Je ne sais pas si je peux m’engager à vivre ici. Comment as-tu fait ?

      Emily réfléchit à la question.

      — Honnêtement, je pense que New York n’avait plus rien à m’offrir.

      — Oh merci, dit Amy en faisant la moue.

      — Je ne parle pas de toi ! s’exclama Emily en faisant marche arrière. Je veux dire, sur le plan de la carrière et des relations. La situation avec maman était horrible. Puis Ben était un abruti et fuir m’a semblé être la bonne chose à faire. Venir ici m’a forcé à affronter beaucoup de choses. Tu sais, avec mon père et la mort de Charlotte. C’était juste logique que je me retrouve ici. Puis il y a eu Daniel. Elle sourit en se rappelant l’avoir rencontré pour la première fois. L’hésitation qu’elle avait ressentie, la résistance à se laisser séduire par quelqu’un de nouveau. Mais les risques pris avaient tous porté leurs fruits.

      — Donc, en gros, tu dis que je dois rénover une vieille maison, monter une entreprise et me trouver moi-même, dit Amy en gloussant.

      — Et tomber amoureuse, ajouta Emily. Donc tu as coché une case.

      Amy soupira.

      — Je sais, je sais. Ça rend les choses plus difficiles. Je ne veux pas m’éloigner de ce que j’ai avec Harry, mais je ne sais pas si je peux être heureuse ici.

      Emily tendit la main de l’autre côté de la table et prit celle de son amie.

      — Est-ce à cause de ce qui s’est passé avec Fraser ? Je ne veux vraiment pas que cette mauvaise expérience vienne gâcher ça. Parce que je suis sûre que tu peux dire que c’est complètement différent. Ce que toi et Harry avez est mille fois mieux que ce que toi et Fraser aviez.

      — C’est vrai ? dit Amy d’une voix tendue. Au moins, Fraser et moi venions des mêmes mondes. Nous voulions des choses similaires. Vacances, carrières et maison. Des enfants, mais il y aurait une nounou pour aider, évidemment. Harry est le contraire de ça. Il est… Je ne sais pas. Rustique ? Il est….

      — ….il est Sunset Harbor, dit Emily avec un signe de tête résolu. Elle savait exactement où Amy voulait en venir. Mais dois-je te rappeler que Fraser était infidèle ? Harry ne ferait jamais ça. Il est honnête, gentil et loyal. C’est ce qu’on a avec un homme de Sunset Harbor.

      Joe arriva avec leurs gaufres et le café d’Emily. Les deux amis s’installèrent, poursuivant leur conversation.

      — Le truc, ajouta Amy, c’est que tu n’as jamais eu à t’inquiéter pour ça. Par exemple, Daniel et toi n’aviez pas à débattre à propos de la distance ou pour savoir qui déménagerait où. Ça allait de toute manière être ici. Mais Harry et moi en parlons sans cesse. Pourrions-nous être un couple à distance ? Puis-je vraiment laisser ma vie derrière moi, mon affaire, pour un homme ? C’est contre tout ce que je défends !

      Emily sourit et soupira.

      — Amy, c’est vraiment ce qui te retient ? Ou est-ce autre chose ?

      Amy mâchait lentement sa gaufre.

      — Honnêtement, je ne sais pas. Je suis tellement indécise.

      — Tu crois qu’il serait possible que tu aies juste peur ? demanda Emily. Je sais que tu n’as pas peur, que tu es une femme d’affaires sûre d’elle et pragmatique, mais y a-t-il une petite chance que tu aies peur du fait que Harry t’adore et qu’il puisse être le bon, et que si tu déménages ici et prends ce risque, tu puisses être heureuse ?

      — Je suppose, dit Amy. Mais ce n’est pas du bonheur dont j’aie peur. C’est du contenu. C’est….l’ennui.

      Elle regarda Emily d’un air désolé. Emily savait qu’Amy était en train de suggérer que la vie à Sunset Harbor était ennuyeuse, mais elle s’en fichait. Elle ne changerait pour rien au monde. Si ça était ennuyeux, elle le choisirait plutôt que n’importe quelle journée excitante !

      — Peut-être que je devrais retourner en ville un moment, dit Amy. Me vider la tête. Faire le point avec l’entreprise. Me souvenir de mes racines, tu vois ?

      — Si tu penses que ça peut aider, dit Emily. Elle embrocha un morceau de gaufre et le mit dans sa bouche. Je ne suis pas retournée à New York depuis des lustres.

      Amy écarquilla alors les yeux.

      — Oh mon Dieu ! Viens avec moi !

      Emily la regarda, surprise.

      — Hum…

      — S’il te plaît, Em, ajouta Amy. On peut passer un long week-end ensemble. Je vais t’organiser une baby shower, puisque la dernière a été un fiasco.

      Emily rougit en se souvenant qu’elle s’était enfuie maladroitement de la fête prénatale qu’Amy avait organisée pour elle. Elle ne pouvait s’empêcher d’hésiter.

      — S’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît, poursuit Amy. Tu mérites un peu de temps libre. Et le pic d’activité de l’été est terminé. Je suis sûre que l’hôtel peut survivre sans toi pendant quelques jours. Amy claqua alors des doigts. Et si on organise une baby shower à New York, ta mère peut venir !

      Emily eut instantanément un mouvement de recul.

      — D’accord, maintenant je ne veux vraiment pas venir, dit-elle, se souvenant de l’énorme dispute qu’elle et Patricia avaient eu la dernière fois qu’elles s’étaient parlées. En fait, à chaque fois qu’elles se parlaient.

      — Em, dit Amy sur un ton maternel. Elle est sur le point de devenir grand-mère pour la première fois. Combien de temps va durer ce fossé entre vous ?

      — Pour toujours, dit Emily, maussade. Tu as rencontré ma mère, n’est-ce pas ? ajouta-t-elle avec ironie.

      Mais en y réfléchissant, elle se rendit compte qu’il y avait une chose de très importante dont elle devait parler à sa mère, quelque chose qui ne pouvait pas être fait par téléphone. Et c’était la maladie de Roy. Elle devait savoir.

      — En fait, dit Emily, je n’ai que trop tardé pour me rendre à New York. Peut-être que ma mère sera moins pénible sur son propre territoire.

      Amy frappa dans ses mains.

      — Vraiment ? Ce week-end ?

      Emily