Блейк Пирс

Avant Qu’il Ne Jalouse


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soit, Mackenzie n’avait pas la moindre idée d’où elle pouvait être.

      C’était triste, mais elle découvrit que cela ne lui posait pas plus de problèmes que cela. Oui, elle estimait que sa mère méritait de connaître son premier petit-fils, mais cela signifierait rouvrir les cicatrices qu’elle avait refermées il y avait seulement un an, lorsqu’elle avait finalement clôt l’affaire du meurtre de son père. En résolvant cette enquête, elle avait aussi refermé la porte de cette partie de son passé – incluant sa relation conflictuelle avec sa mère.

      Mais il était étrange que sa mère ne quitte pas ses pensées depuis qu’elle avait eu un bébé. Chaque fois qu’elle prenait Kévin dans ses bras, elle se rappelait à quel point sa mère était distante même avant le meurtre de son père. Elle se jura que Kévin saurait toujours que sa mère l’aimait, qu’elle ne laisserait jamais rien – ni Ellington, ni le travail, ni ses problèmes personnel – passer avant lui.

      C’était la pensée qui l’obnubilait à la vingtième nuit que Kévin passait avec eux. Elle venait de terminer de l’allaiter en pleine nuit – il avait toujours faim entre une heure et demie et deux heures du matin. Ellington revint dans la chambre après l’avoir recouché dans le berceau de la pièce contiguë – le bureau où ils stockaient leur paperasse et leurs objets personnels s’était aisément transformé en chambre d’enfant.

      - Pourquoi es-tu encore réveillée ? demanda-t-il en grommelant dans son oreiller tandis qu’il se recouchait.

      - Penses-tu que nous serons de bons parents ?

      Il acquiesça, l’air endormi, puis haussa les épaules.

      - Je crois. Ou plutôt, je sais que tu seras une bonne mère. Mais moi… j’imagine que je lui mettrai trop de pression quand il commencera à faire du sport. C’est quelque chose que mon père n’a jamais fait et qui m’a toujours manqué.

      - Je suis sérieuse.

      - Je n’en doute pas. Pourquoi me poses-tu la question ?

      - Parce que nos familles sont tellement dysfonctionnelles. Comment pouvons-nous élever correctement un enfant si nous n’avons que des expériences terribles comme modèles ?

      - Je pense qu’on pourrait faire une liste de tout ce que nos parents ont mal fait et ne pas reproduire leurs erreurs.

      Il tendit la main dans le noir pour la poser sur son épaule, rassurant. Honnêtement, elle aurait voulu qu’il la serre dans ses bras en cuillère, mais elle n’était toujours pas complètement remise après l’opération.

      Ils restèrent allongés l’un à côté de l’autre, tout aussi épuisés et excités par la direction que prenait leurs vies, jusqu’à ce que le sommeil les emporte, l’un après l’autre.

      ***

      Mackenzie se retrouva à nouveau dans un champ de maïs. Les tiges étaient si hautes qu’elle n’en voyait pas le sommet. Les épis de maïs, comme de vieilles dents jaunes émergeant de gencives malades, s’élevaient dans la nuit. Chaque épi mesurait facilement un mètre de haut ; le maïs et les tiges sur lesquels ils poussaient étaient ridiculement grands, lui donnant l’impression d’être un insecte.

      Quelque part, un peu plus loin, un bébé pleurait. Pas seulement un bébé, mais son bébé. Elle reconnaissait le timbre des gémissements et des pleurs du petit Kévin.

      Mackenzie se mit à courir à travers les rangées de maïs. Les plantes lui giflaient le visage, les tiges et les feuilles lui ouvraient la peau. Lorsqu’elle arriva au bout de la rangée dans laquelle elle courait, le sang perlait sur son visage. Elle le sentait dans sa bouche et le voyait dégouliner sur son menton et sur sa chemise.

      Au bout de la rangée, elle s’arrêta net. Elle se trouvait face à une plaine à perte de vue, rien que de la terre, de l’herbe morte, et l’horizon. Pourtant, au milieu, elle distinguait une petite structure qui ne lui était que trop familière.

      Il s’agissait de la maison dans laquelle elle avait grandi. Et les cris venaient de là.

      Mackenzie courut en direction de la maison, ses jambes se mouvaient comme si le maïs y était encore accroché et tentait de la retenir dans le champ.

      Elle courut plus férocement, en réalisant que la cicatrice de son ventre s’était ouverte. Lorsqu’elle atteignit le porche de la maison, le sang de la blessure coulait sur ses jambes, formant une flaque sur les marches du porche.

      La porte d’entrée était fermée mais elle entendait toujours les pleurs. Son bébé, à l’intérieur, qui hurlait. Elle ouvrit la porte qui céda instantanément. Il n’y eut ni grincement ni crissement, malgré la vétusté de la maison. Avant même d’être entrée, elle vit Kévin.

      Au milieu du salon vide – le même salon dans lequel elle avait passé tellement de temps enfant – se trouvait un rocking-chair. Sa mère y était assise, Kévin dans ses bras, et elle le berçait doucement.

      Sa mère, Patricia White, leva les yeux vers elle. Elle paraissait beaucoup plus jeune que la dernière fois que Mackenzie l’avait vue. Elle sourit à Mackenzie, les yeux injectés de sang, avec un air étrange.

      - Félicitations, Mackenzie. Mais pensais-tu vraiment que tu pouvais me cacher mon petit-fils ? Pourquoi le souhaiterais-tu, d’ailleurs ? Ai-je été une si mauvaise mère ? Est-ce cela ?

      Mackenzie ouvrit la bouche pour dire quelque chose, pour exiger que sa mère lui rende son bébé. Mais lorsqu’elle s’exécuta, tout ce qui sortit de sa bouche fut de la barbe de maïs et de la terre, se déversant sur le sol.

      Et pendant ce temps, sa mère souriait, en serrant Kévin contre elle, le blottissant contre elle.

      Mackenzie bondit dans le lit en criant.

      - Seigneur, Mac… est-ce que ça va ?

      Ellington se tenait sur le seuil de la chambre. Il portait un T-shirt et un short de jogging, indiquant qu’il était en plein entraînement dans la chambre d’amis.

      - Ouais, soupira-t-elle. Juste un cauchemar. Un très vilain cauchemar.

      Puis elle jeta un coup d’œil au réveil et vit qu’il était presque huit heures du matin. Ellington avait réussi à lui accorder quelques heures de sommeil supplémentaires ; Kévin se réveillait en général aux alentours de cinq ou six heures pour manger.

      - Il ne s’est pas encore réveillé ? demanda Mackenzie.

      - Si. Je lui ai donné du lait congelé. Je sais que tu voulais garder ta réserve mais j’ai pensé que tu avais vraiment besoin de dormir.

      - Tu es merveilleux, dit-elle en se rallongeant dans le lit.

      - Ne l’oublie jamais. Maintenant, rendors-toi. Je te l’apporterai quand il aura besoin d’être changé. Marché conclu ?

      Elle laissa échapper un murmure affirmatif tout en se rendormant. Pendant un instant, elle entrevit des images fantôme de son cauchemar dans sa tête mais elle les éloigna en repensant à son mari aimant et à son bébé qui serait ravi de la voir quand elle se réveillerait.

      ***

      Un mois plus tard, Ellington retourna travailler. Le directeur McGrath lui avait promis de ne pas lui assigner des affaires intenses ou trop complexes pendant un moment, à cause du bébé et de l’épouse en plein allaitement qui l’attendaient à la maison. Et au-delà de ça, McGrath s’était également révélé assez souple quant à ses horaires. Certains jours, Ellington partait à huit heures du matin et revenait à seulement quinze heures.

      Lorsqu’Ellington reprit ses fonctions, Mackenzie commença véritablement à se sentir mère. L’aide d’Ellington lui manqua vraiment beaucoup pendant les premiers jours mais être seule avec Kévin lui procurait une sensation spéciale. Peu à peu, elle se rendit compte qu’elle connaissait ses rythmes et ses petits caprices par cœur.