DIX-SEPT
PROLOGUE
Christine n’avait vu la neige qu’une fois dans sa vie. Lorsque les flocons se mirent à tomber alors qu’elle rentrait de chez son petit-ami, elle sourit. Elle pensa que si elle n’avait pas bu autant d’alcool, elle apprécierait encore davantage qu’il neige. Elle avait vingt ans mais elle ne put s’empêcher de tirer la langue pour attraper quelques flocons. Elle rit sous cape à cause de la sensation… en plus du fait qu’elle se trouvait bien loin de San Francisco, sa ville natale.
Elle avait quitté son université pour aller étudier à Queen Nash dans le Maryland, avec pour but de se concentrer sur les sciences politiques. Les vacances d’hiver touchaient à leur fin et elle était impatiente de se remettre au travail, de se plonger dans les nouvelles matières du printemps. C’était l’une des raisons pour lesquelles son petit-ami Clark et elle avaient décidé de passer du bon temps ce soir – un dernier moment de gloire avant le début du semestre. Une sorte de petite fête avait été organisée et Clark, comme à son habitude, avait abusé de la bouteille. Elle avait décidé de rentrer chez elle – à trois pâtés de maison de distance – à pied, au lieu de rester et de supporter les tentatives de séduction des amis de Clark. Sans oublier les regards noirs de leurs copines. C’était en général de cette manière que toute réunion chez Clark se terminait lorsqu’elle ne le rejoignait pas dans son lit.
D’ailleurs… elle se sentait négligée. C’était l’un des défauts de Clark : il lui préférait toujours le travail, les études, ou l’alcool. Mais il y avait quelqu’un qu’elle pouvait appeler une fois chez elle. Bien sûr, il était tard, mais il lui avait bien fait comprendre que pour elle, il était disponible à tout moment. Il l’avait prouvé par le passé, alors pourquoi pas ce soir ?
Alors qu’elle traversait la rue qui séparait deux pâtés de maison, elle remarqua que la neige tenait sur les trottoirs. La tempête avait été prévue, les routes étaient donc salées, prêtes à résister aux intempéries, mais la couche blanche de neige qui tombait adhérait aux trottoirs et aux petites bandes de pelouse devant ou entre les bâtiments qu’elle longeait.
Au moment où Christine arriva chez elle, elle eut presque envie de retourner chez Clark. Il faisait froid et la neige suscitait en elle une sensation d’émerveillement enfantin. Tandis qu’elle saisissait sa clef pour ouvrir la porte de l’immeuble, elle manqua tourner les talons et le faire pour de bon.
La seule chose qui la convainquit du contraire fut la certitude qu’elle ne dormirait pas aussi bien que si elle restait chez elle. Son propre lit l’attendait ici, les couvertures chaudes, et au moins huit bonnes heures de sommeil.
Elle entra dans le hall et se dirigea vers les ascenseurs. Elle appuya sur le bouton et attendit que la porte s’ouvre. Elle n’était pas ivre, juste un peu pompette, et elle commença à caresser l’idée de boire un verre de vin supplémentaire en arrivant chez elle avant d’appeler… l’homme qu’elle voyait plus ou moins en cachette ces derniers mois.
C’était à cela qu’elle songeait lorsque l’ascenseur arriva. Elle entra et apprécia la sensation de sa tête qui tournait lorsque la cabine remonta sur les rails.
Elle émergea dans le couloir, qu’elle trouva désert. Logique, il était plus d’une heure du matin, un mercredi. Elle s’approcha de sa porte et sortit à nouveau ses clefs. Tandis qu’elles dansaient dans ses mains toujours glacées, une voix dans son dos la fit sursauter.
- Christine ?
Elle se tourna en entendant son prénom. Elle sourit en le voyant là. Elle ne serait pas obligée de l’appeler, après tout. C’était comme s’il s’était douté qu’elle aurait envie de lui. Ils ne s’étaient pas vus depuis environ une semaine.
- Salut, dit-elle.
Il s’approcha d’elle d’une démarche assurée. Il la regardait comme il la regardait toujours, avec une lueur dans les yeux qui ne laissait aucun doute sur ses intentions. Son simple regard l’excita – ça, et son identité. Il lui était interdit. Il était… eh bien, dangereux, en quelque sorte, maintenant, n’est-ce pas ?
Ils se jetèrent l’un sur l’autre avant même de franchir la porte. Le baiser était un peu maladroit, tant il était passionné. Elle commença immédiatement à l’explorer des mains. Elle l’attrapa par la taille et l’attira contre elle. Sa main à lui retraça les contours de son corps, glissa entre ses cuisses tandis qu’ils s’accrochaient l’un à l’autre dans le couloir.
- Entrons, parvint-elle à murmurer entre deux baisers, la respiration courte. Maintenant.
Elle ouvrit la porte pendant qu’il lui mordillait le cou. Elle gémit, excitée par ce qui s’apprêtait à survenir. Elle ignorait si elle parviendrait à attendre d’arriver dans sa chambre. Ils n’arriveraient peut-être même pas jusqu’au canapé. La serrure cliqueta, elle poussa la porte. Quand il se colla à elle, après avoir claqué la porte, elle s’éloigna. Elle s’appuya contre le petit plan de travail de la cuisine et retira sa jupe. Il aimait qu’elle se déshabille pour lui. L’idée de la contrôler l’excitait, ça lui donnait l’impression qu’elle se soumettait avant même qu’ils commencent à coucher ensemble.
Lorsqu’elle fit passer son top par dessus sa tête, tâtonnant pour dégrafer son soutien-gorge, elle plongea son regard dans le sien… et se figea. Il était parfaitement immobile, la lueur d’excitation avait disparu de ses yeux. Maintenant, elle y distinguait autre chose. Quelque chose de nouveau… quelque chose qui la terrifiait.
Il inclina la tête, comme s’il l’observait pour la première fois puis se rua sur elle. Il avait déjà été brutal avec elle mais jamais de cette manière. Ce n’était pas sexuel. Il l’écrasait de son poids et entourait son cou de ses mains. Cela ne ressemblait en rien à un jeu ; sa prise était forte et elle sentit tout de suite qu’il lui comprimait la trachée.
Moins de dix secondes plus tard, ses poumons commencèrent à s’affoler. À ce moment-là, elle le frappa furieusement, même lorsqu’elle sentit ses propres genoux se dérober sous elle.
Sa poitrine se contracta, comme si une force en elle tentait d’expulser l’air qui s’y trouvait, coûte que coûte. Lorsqu’elle s’effondra par terre, son crâne frappa contre le plan de travail de la cuisine. Il ne desserra pas la pression sur son cou, il lui sembla même qu’il l’augmentait à mesure qu’elle s’affaiblissait.
Elle