Джек Марс

La Cible Zéro


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      “Ah, mais oui !” dit Cicero. “Mais la question qui vient maintenant, c’est comment une tribu nomade isolée l’a attrapée ? De la même manière, je suppose : en creusant la terre gelée et en tombant sur quelque chose depuis longtemps enfoui. Cette souche trouvée sur la carcasse de caribou, il y a cinq mois, remonte au début de l’époque Holocène.” Le vieux virologue ne parvenait pas à détacher son regard du bras qui saillait de la terre gelée, en-dessous. “Renault, sortez la boîte, s’il vous plaît.”

      Renault récupéra la boîte à échantillons en acier et la posa sur le sol gelé au bord du trou. Il détacha les quatre crochets qui la fermaient, puis ouvrit le couvercle. À l’intérieur, là où il l’avait caché plus tôt, se trouvait un MAB PA-15. C’était un vieux pistolet, mais pas lourd, pesant moins d’un kilo entièrement chargé, avec un chargeur quinze coups et un autre dans la chambre.

      L’arme avait appartenu à son oncle, un vétéran de l’armée française qui avait combattu au Maghreb et en Somalie. Toutefois, le jeune français détestait les armes. Elles étaient trop directes, trop discriminatives et bien trop artificielles à son goût. Contrairement à un virus : machine parfaite de la nature, capable de décimer des espèces entières, de manière à la fois systématique et sans critique. Sans émotion, inflexible et très rapide : tout ce qu’il avait besoin d’être en ce moment.

      Il fourra sa main dans la boîte en acier et entoura l’arme avec, légèrement hésitant. Il n’avait pas envie de l’utiliser. En fait, il s’était plutôt attaché à l’optimisme infectieux de Cicero et au scintillement dans les yeux de cet homme mûr.

      Mais toute chose doit avoir une fin, pensa-t-il. L’expérience suivante attend.

      Renault se leva avec le pistolet dans sa paume. Il retira le cran de sûreté et tira sans aucun état d’âme sur deux chercheurs, de chaque côté du trou, à bout portant dans la poitrine.

      Le Dr. Bradlee laissa échapper un cri d’effroi au soudain bruit choquant de l’arme à feu. Elle recula de deux pas, juste avant que Renault ne lui tire deux fois dessus. Le docteur anglais, Scott, tenta vainement de grimper hors du trou avant que le français n’en fasse sa propre tombe d’un seul coup au sommet de la tête.

      Les coups de feu étaient assourdissants comme le tonnerre, mais il n’y avait personne pour les entendre à plus de cent kilomètres à la ronde. Presque personne.

      Cicero restait comme enraciné sur place, paralysé par le choc et la peur. Il n’avait fallu que sept secondes à Renault pour mettre un terme à quatre vies… seulement sept secondes pour que l’expédition de recherche se transforme en exécution massive.

      Les lèvres du vieux docteur tremblaient sous son masque, alors qu’il essayait de parler. Au bout d’un long moment, il parvint à bégayer un seul mot : “Pou-pourquoi ?”

      Le regard glacial de Renault était stoïque, aussi détaché que tout virologue doit l’être. “Docteur,” dit-il doucement, “vous hyperventilez. Retirez votre respirateur avant de perdre connaissance.”

      La respiration de Cicero devenait haletante et rapide, dépassant la capacité du respirateur. Ses yeux allaient et venaient entre l’arme dans la main de Renault, au bout de son bras qu’il laissait pendre tranquillement le long de son corps, et le trou dans lequel le Dr. Scott gisait mort à présent. “Je… je ne peux pas,” bafouilla Cicero. Retirer son respirateur signifiait se soumettre potentiellement lui-même à la maladie. “Renault, je vous en supplie…”

      “Je ne m’appelle pas Renault,” dit le jeune homme. “Je m’appelle Cheval, Adrien Cheval. Il y a bien eu un Renault, un étudiant d’université qui a été pris pour cet internat. Il est mort maintenant. C’est sa transcription et sa thèse que vous avez lues.”

      Les yeux injectés de sang de Cicero s’élargirent encore. Les bords de sa vision devenaient sombres et brumeux, alors qu’il menaçait de perdre connaissance. “Je ne… je ne comprends pas… pourquoi ?”

      “Dr. Cicero, s’il vous plaît. Retirez le respirateur. Si vous devez mourir, ne préférez-vous pas le faire avec un peu de dignité ? En regardant le soleil, plutôt que derrière un masque ? Si vous perdez connaissance, je vous assure que vous ne vous réveillerez jamais.”

      Avec des doigts tremblants, Cicero leva lentement le bras et retira la capuche jaune serrée sur ses cheveux blancs. Puis, il attrapa le respirateur et le masque pour les retirer. La sueur qui avait perlé sur son front se figea instantanément et gela.

      “Je veux que vous sachiez,” dit le français, Cheval, “que je vous respecte vraiment, ainsi que votre travail, Cicero. Je ne prends aucun plaisir à faire ça.”

      “Renault, ou Cheval, qui que vous soyez, écoutez la voix de la raison.” Une fois le respirateur enlevé, Cicero regagna assez de ses facultés pour pouvoir faire son plaidoyer. Il ne pouvait y avoir qu’une seule motivation chez le jeune homme face à lui pour commettre une telle atrocité. “Peu importe ce que vous prévoyez de faire avec ça, je vous prie de bien réfléchir. C’est extrêmement dangereux…”

      Cheval soupira. “J’en suis conscient, Docteur. Vous savez, j’étais moi-même étudiant à l’Université de Stockholm et j’étais réellement en doctorat. Cependant, j’ai commis une erreur l’an dernier. J’ai imité des signatures de professeurs sur un formulaire de demande afin d’obtenir les échantillons d’un entérovirus rare. Ils l’ont découvert et j’ai été renvoyé.”

      “Alors… alors laissez-moi vous aider,” implora Cicero. “Je-je peux signer une telle demande. Je peux vous aider dans vos recherches. N’importe quoi, mais ça…”

      “Recherches,” se moqua tranquillement Cheval. “Non, Docteur. Il ne s’agit pas de recherches. Les miens attendent et ce ne sont pas des hommes patients.”

      Les yeux de Cicero lançaient des éclairs. “Rien de bon ne découlera de tout ça. Vous le savez bien.”

      “Vous avez tort,” rétorqua le jeune homme. “Beaucoup mourront, c’est vrai. Mais ils mourront noblement, pour tracer la voie d’un avenir meilleur.” Cheval détourna le regard. Il n’avait pas envie de tirer sur ce gentil vieux docteur. “Vous aviez raison à propos d’une chose, toutefois. Ma Claudette : elle existe. Et l’absence rend effectivement mon cœur plus tendre. Maintenant, je dois y aller, Cicero, et vous aussi par conséquent. Mais je vous respecte et je souhaite vous accorder un dernier vœu. Y a-t-il quoi que ce soit que vous aimeriez dire à votre Phoebe ? Vous avez ma parole que je lui transmettrai le message.”

      Cicero secoua lentement la tête. “Je n’ai rien d’assez important à lui dire qui justifierait de mettre un monstre comme vous sur son chemin.”

      “Très bien. Au revoir, Docteur.” Cheval leva le PA-15 et tira un seul coup dans le front de Cicero. La blessure gela, le temps que le docteur titube et s’effondre sur le sol de la toundra.

      Dans le silence étrange qui suivit, Cheval prit un moment pour s’agenouiller et murmurer une courte prière. Ensuite, il se mit à l’œuvre.

      Il nettoya ses empreintes et la poudre sur l’arme, puis la balança dans les flots de la rivière glaciale Kolyma. Ensuite, il fit rouler les quatre corps dans le trou pour qu’ils rejoignent le Dr. Scott. À l’aide d’une pelle et d’une pioche, il passa quatre-vingt-dix minutes à les recouvrir, ainsi que le bras décomposé mis à jour, avec de la terre partiellement gelée. Il démantela le site de fouilles, retirant les poteaux et arrachant le ruban jaune du périmètre. Il prit son temps, travaillant méticuleusement : personne ne tenterait de contacter l’équipe de recherche dans les huit à douze heures qui viendraient, et il faudrait au moins vingt-quatre bonnes heures avant que l’OMS n’envoie quelqu’un sur le site. Il y aurait certainement une enquête et les corps enterrés seraient découverts, mais Cheval n’avait pas envie de leur faciliter la tâche.

      Pour finir, il s’empara des flacons en verre qui contenaient