Amy Blankenship

La Pluie De Sang


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p> La Pluie de SangLa Saga des Liens du Sang – Livre 13Amy Blankenship, RK MeltonTraduit de l’américain au français par Virginie EymardCopyright © 2012 Amy BlankenshipEdition française publiée par Tektime Tous droits réservés

      Chapitre 1

      Ren se matérialisa en face du local principal du Brouet de la Sorcière… exactement au même endroit que là où il avait disparu. Il contempla la tête de Lacey. Lui tournant le dos, elle était assise sur le sol, et tenait Vincent en le berçant comme un petit bébé… avec la tête contre ses seins, du reste. Irrité à la vue de cette scène, il resserra les muscles qui encerclaient ses yeux.

      Lacey secoua la tête et fronça les sourcils lorsque les lumières tamisées de la pièce commencèrent à clignoter, ce qui lui fit craindre que l’orage ne coupe le courant comme il l’avait fait au « Musée des Damnés ». Elle tressaillit et resserra son emprise sur Vincent quand un coup de tonnerre frappa sèchement l’atmosphère exactement au même moment où elle vit l’éclair.

      Le visage de Vincent se fendit d’une grimace lorsqu’il remarqua la forme de l’ombre d’un homme projetée au sol par la lumière de l’éclair. Histoire de se faire plaisir, il enfonça sa joue encore plus profondément dans la poitrine douce de Lacey avant de murmurer :

      – Je crois que ton petit ami est de retour, mon amour.

      Lacey sentit les poils de l’arrière de son cou s’hérisser. Tous ses nouveaux sens paranormaux lui disaient que Ren était tellement proche d’elle que si elle se penchait même le plus doucement possible, elle pourrait sentir ses jambes. Elle s’inclina en arrière pour lever les yeux et vit que Ren était penché sur elle et Vincent, et son regard n’était certainement pas le même regard doux qu’il lui avait adressé quand il était parti il y a seulement quelques minutes. Au fond d’elle-même, elle se demandait ce qu’il s’était passé pour que son humeur se soit détériorée lorsqu’il était rentré du musée. Avant qu’elle ne puisse lui poser la question, elle sentit le sol trembler et au fur et à mesure que le temps passait, le tremblement s’accentuait de plus en plus. Elle était sûre que c’était un tremblement de terre.

      Ren serra les dents quand il entendit des objets en cristal ainsi que d’autres objets fragiles vibrer sur leurs étagères. Ne voulant pas que le magasin soit détruit une fois de plus, il se tint debout en tentant de se concentrer pour stabiliser le tout dans un grognement sonore jusqu’à ce que la secousse se calme enfin.

      Vincent était assis lorsque le mouvement de l’intérieur du magasin s’arrêta soudainement, mais le réverbère extérieur jouxtant la fenêtre continua de se balancer d’avant en arrière, jetant une ombre mouvante dans la pièce.

      – Pu-tain… c’était quoi, ça ? demanda-t-il doucement alors qu’un nuage de poussière et de débris se déplaça devant la fenêtre, obscurcissant pratiquement toute la vue sur la rue.

      Ren n’eut même pas à deviner… il savait, tout simplement. Il pouvait sentir les démons fuir leur destruction. Une fois l’onde de choc passée, il répondit :

      – Je crois que la ville est maintenant devenue un musée à démons, vu que le bâtiment ne tient plus debout.

      Son regard suivait Vincent, qui se dirigeait vers la fenêtre en s’éloignant de Lacey. Toujours affaibli, ce dernier saisit le rebord de la fenêtre tout en regardant le nuage de poussière lourde rouler comme une vague de fumée au-delà de l’immeuble. Il fit une grimace lorsqu’il vit des corps se déplacer dans la poussière en réalisant qu’il s’agissait en fait des démons qui fuyaient les lieux et qui se cachaient tout bonnement dedans pour ne pas être repérés.

      Il ne put s’empêcher de faire un rapide pas en arrière quand un démon sans peau passa en frôlant la fenêtre qui était face à lui. Il pouvait voir qu’il lui restait des lambeaux de peau accrochés à ses muscles, qui eux, étaient suintants de sang. Il tourna la tête pour le regarder droit dans les yeux et sa bouche s’ouvrit en grand en un cri silencieux qui semblait grotesque, avant de disparaître dans le nuage de poussière.

      – Rassure-moi… cet endroit est bien protégé contre les démons, hein ? demanda Vincent, qui avait le sentiment qu’il y avait plus de démons dans la rue qu’il n’y en avait au musée.

      Lacey se pencha rapidement en arrière après avoir remarqué la vision démoniaque à la fenêtre et se retrouva pressée contre les jambes de Ren. Pour le moment, elle ne s’en souciait guère et trouvait même cette situation réconfortante.

      – Ils ne peuvent pas entrer sans invitation, répéta-t-elle dans un chuchotement effrayé puis hurla de peur quand une main ensanglantée sortit de la poussière comme dans un film d’horreur et la poussa contre la vitre… laissant une longue trace cramoisie le long de son passage.

      – Putain ! chuchota Vincent tout en se retournant lentement en glissant le long du mur sous le rebord de la fenêtre.

      Il aurait nettement préféré avoir affaire à des démons plus puissants… au moins, eux, ils n’étaient pas aussi flippants. C’était leur manière de se manifester qui avait toujours retourné son estomac dans tous les sens. Il n’eut pas besoin de regarder de nouveau dehors pour savoir qu’ils étaient toujours là… il pouvait le savoir rien qu’en regardant Lacey, qui scrutait la fenêtre l’air terrorisé.

      – Ferme les yeux, ma belle. Tu n’as pas besoin que ce souvenir revienne te hanter. Ils seront partis au moment où la poussière s’estompera, continua-t-il d’une voix apaisante.

      Les muscles de la mâchoire de Ren se tendirent alors qu’il continuait de fixer l’homme qui était de l’autre côté de la pièce.

      – Il y a beaucoup de souvenirs dont elle aurait pu se passer, dit-il d’une voix dangereuse, ignorant que ses yeux étaient suffisamment brillants pour ressembler à des rays d’argent brillant derrière ses lunettes de soleil.

      Il essaya de contenir sa rage, mais avec toutes ses malédictions qui avaient croisé sa route, il lui fallut faire un énorme effort. Les plus hauts niveaux de pouvoir dérivant hors de sa portée essayaient de le pousser au-delà du point de rupture, ce qui le laissait perplexe.

      Vincent lança à Ren un regard ennuyé, mais quand il remarqua la lueur d’argent émanant de ses yeux, il sentit qu’il allait perdre son self-contrôle. Ce regard était un rappel sanglant des Déchus qui l’avaient condamné à cette existence.

      – He bien alors, si certains souvenirs ne peuvent être partagés, elle ne les a pas partagés avec toi de son plein gré… rétorqua-t-il de manière sarcastique.

      En voyant d’autres ombres encore plus sombres passer devant la fenêtre, Lacey décida de suivre le conseil de Vincent et ferma les yeux et tous ses autres sens se démultiplièrent à l’instant même où elle se sentit entourée par l’obscurité. Elle pouvait sentir les démons passer juste à côté de la boutique et plus elle se concentrait sur elle-même, plus elle avait l’impression que son ressenti devenait de plus en plus intense. Elle pouvait aussi percevoir de nombreuses émotions… comme la peur et la colère, mais aussi, comme des intentions malveillantes.

      C’est comme si elle pouvait mentalement toucher des choses qui lui étaient hors de portée, et elle n’allait pas mentir sur ce point-là : ça lui faisait peur, mais en même temps, c’était très tentant.

      Une sensation très alléchante capta toute son attention et elle se concentra dessus en respirant fortement pour ensuite avoir une sensation bizarre, comme si elle avait soudainement bien plus chaud et qu’elle était remplie d’une passion qui ne correspondait pas du tout à la scène qui se déroulait à l’extérieur du bâtiment dans lequel elle était. Elle cligna des yeux et frissonna quand elle ressenti comme un orgasme la parcourant de haut en bas.

      Ren, qui avait remarqué que quelque chose lui arrivait, s’approcha et saisit son poignet pour l’attirer vers lui.

      – Tu as mal quelque part ? lui demanda-t-il en oubliant complètement l’homme qu’il venait tout juste de mitrailler du regard.

      Les joues de Lacey s’enflammèrent. Elle ne sut que répondre. Sentant le corps lourd de Ren pressé contre son dos et sa respiration chaude dans le creux d’une oreille, elle se dit qu’elle était en mauvaise posture.

      Elle