Фиона Грейс

Mûr pour le Meurtre


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qu’Olivia avait consulté le site web de la villa, elle avait lu que, autrefois, les deux hectares avaient servi à élever des poulets en plein air. Un vieux poulailler en bois, ingénieusement placé dans le jardin, aidait à s’en souvenir.

      Ils passèrent devant un verger puis montèrent une pente abrupte et arrivèrent dans un champ herbeux parsemé d’arbustes et bordé d’arbres. Olivia se demanda si c’était là où les poulets élevés en plein air avaient vécu.

      Le sentier suivait le bord du champ aux herbes folles et Olivia se rendit compte qu’elle reconnaissait les arbres grâce à leur écorce distinctive épaisse et fissurée. C’étaient des chênes-lièges. Leur présence ici, dans ce pays viticole, était tout à fait appropriée.

      Elle les admira pendant quelques minutes en passant les mains sur l’écorce avant de retourner dans la cour aux herbes médicinales odorantes.

      Olivia entra dans la fraîcheur de la cuisine en se sentant déchirée. Une moitié d’elle-même était émerveillée d’être venue dans ce paradis. L’autre moitié tremblait de terreur, craignant que ses actions irréfléchies n’aient compromis tout son avenir.

      Charlotte lui tapota gentiment l’épaule et l’arracha ainsi à ses pensées.

      – Tu ne paniquerais pas pour ton travail, par hasard ? demanda Charlotte.

      – Juste un peu, admit Olivia.

      Charlotte croisa sévèrement les bras.

      – En vacances, c’est interdit, je le crains. Et si on allait se promener en ville ? Il y a un bar local que je voudrais découvrir. J’ai vu des tas d’hommes magnifiques y aller. Ça te dirait ?

      Olivia se souvint du rêve qu’elle avait eu avant l’atterrissage de l’avion. OK, elle avait fini par se ridiculiser à cause de ça, mais c’était justement une bonne raison pour essayer à nouveau. L’amour l’attendait quelque part et il n’attendrait pas toujours.

      – Je me mets du rouge à lèvres et je suis prête ! dit-elle joyeusement.

      CHAPITRE HUIT

      Quand elles partirent pour la petite ville de Collina, Olivia fut contente que Charlotte soit au volant. Elle était tellement fascinée par le paysage qu’elle les aurait probablement envoyées tout droit dans un des murs de pierre qui encadraient la route étroite.

      Il y avait un château en ruine devant l’entrée de la ville, un vrai château avec des murs qui s’effondraient et des remparts sur sa tour. Il avait l’air sombre et imposant quand on en voyait la silhouette sur fond du soleil bas de l’après-midi tardif. Longtemps auparavant, cette tour avait peut-être protégé le village contre les invasions.

      Les villageois habitaient à côté d’un vrai château en ruine ! Olivia subit son deuxième accès de jalousie de la journée quand elle contempla avidement les appartements voisins de deux étages avec leurs façades crème délavées, leurs volets en bois et leurs pots de fleurs colorées sous les fenêtres.

      Alors qu’elle regardait, une jeune femme qui tenait un panier de courses descendit hâtivement l’escalier en envoyant un joyeux Buon giorno à son voisin. Ses longs cheveux noirs formaient une queue de cheval et elle était habillée avec un style intuitif que, selon les constatations d’Olivia, toutes les Italiennes semblaient avoir. Si Olivia avait osé associer ce haut bordeaux foncé avec un jean bleu ciel à mi-mollet et des sandales blanc vif, elle n’aurait jamais donné l’impression de sortir directement des pages de Vogue.

      Sur Olivia, ces vêtements auraient paru dépareillés, comme si elle les avait choisis dans le noir. Les gens regarderaient fixement ses chaussures puis la regarderaient, elle, comme pour dire ‘Vraiment ? Quel choix étrange !’.

      Dans la ville elle-même, une barrière en fer forgé séparait le trottoir étroit de la route presque aussi étroite. Quand elle se pencha par la vitre de la voiture, Olivia inspira l’arôme intense de café qui venait de la boutique locale. Bien que ce soit la fin de l’après-midi, quelques personnes du coin étaient au comptoir, où ils buvaient des expressos et consultaient leur téléphone.

      Tous les gens, mis à part Olivia et Charlotte, semblaient habiter ici et y être à leur place. C’était un privilège de voir les gens du coin vivre leur vie quotidienne dans ce lieu isolé.

      Olivia vit un petit magasin de vêtements et se demanda si elle oserait y aller pour voir si elle pouvait se procurer un peu de style italien avec l’aide de l’employé du magasin. Elle constata avec plaisir qu’un marchand de vin avait beaucoup de clients. Au-delà, il y avait un magasin de chaussures, un vendeur ambulant de légumes avec un étalage de tomates et de mandarines aux couleurs vives, un salon de coiffure, une minuscule quincaillerie et une épicerie.

      Des deux côtés de la route, deux boulangeries situées en face l’une de l’autre fermaient leurs rideaux pour la journée.

      – Crois-tu que ce sont des concurrents ? demanda Charlotte, s’arrêtant pour permettre à un homme âgé de traverser la route.

      – J’en suis sûre, dit Olivia en contemplant les deux enseignes l’une après l’autre. C’est quasiment fatal. Leur querelle dure probablement depuis des siècles.

      – Et un jour, quand le fils du propriétaire de Mazetti tombe amoureux de la fille du propriétaire de Forno Collina, ils sont forcés de s’échapper à Pise et leurs familles les répudient pour toujours, dit Charlotte pour poursuivre l’histoire.

      À ce moment-là, un homme en tablier blanc sortit de chez Mazetti. Il contempla le magasin d’en face puis traversa la route. Sortant son téléphone de sa poche, il commença à photographier les pancartes ‘En Promotion’ affichées dans la vitrine de l’autre magasin.

      Olivia et Charlotte éclatèrent de rire.

      – Ils sont vraiment concurrents ! dit Olivia en riant. Demain matin, il diminuera ses prix ou imitera les réductions. Il nous a remarquées. Partons vite, avant qu’on ne soit impliquées dans ce drame.

      Au bout de ce qui tenait lieu de rue principale dans cette ville, il y avait une église minuscule avec une flèche très décorée. Le pasteur aux cheveux gris était dehors et il balayait les marches en pierre. Il les salua d’un hochement de tête et Olivia lui répondit par un sourire, charmée. Dès son premier jour en Italie, elle était déjà acceptée par les gens du coin.

      Faisant demi-tour au bout de la ville, Charlotte alla jusqu’à un petit bar noir de monde situé au bout d’un cul-de-sac fortement incliné. La rue était pleine de voitures et on ne voyait aucune place pour se garer. Olivia commençait à comprendre pourquoi les gens conduisaient des voitures aussi petites. Partout par ici, l’espace était rare. Quand elle était montée pour la première fois dans la Fiat, elle l’avait trouvée minuscule par rapport aux grandes berlines et aux SUV dont elle avait l’habitude au pays. Maintenant, elle voyait que sa Fiat avait une taille appropriée pour cet endroit ; en fait, elle était très spacieuse.

      Cependant, quand Charlotte jura en essayant de faire un demi-tour avec sa Fiat de location dans l’espace très réduit qu’elles avaient, Olivia commença à se dire qu’il aurait fallu que sa voiture soit encore plus petite.

      Après un demi-tour difficile, Charlotte réussit à dégager la voiture sans endommager les pare-chocs ou les enjoliveurs.

      Elles redescendirent jusqu’en bas de la colline et se garèrent dans une autre rue plus tranquille avant de revenir au bar à pied.

      Le martèlement des basses de la musique les guida vers le bar, en haut de la colline, et Olivia s’émerveilla quand elle constata que même le rock italien paraissait mélodieux grâce à la beauté de la langue. Elle se rappela qu’il faudrait vite qu’elle apprenne quelques expressions en italien. Elle pourrait commencer ce soir, ici, dans ce bar.

      Olivia inspira l’arôme où se mélangeaient la bière, le vin, la fumée de cigarette et, elle en était sûre, la testostérone. Une télévision installée au-dessus du bar diffusait un