Морган Райс

L'Anneau des Dragons


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visiblement un malin plaisir à le tourmenter. Renard se mit à nager jusqu’au bord de la vasque.

      Arrivé à bon port, il se hissa hors de l'eau sur une berge rocailleuse, épuisé et trempé jusqu'aux os. Il resta allongé pendant ce qui lui sembla une éternité, le soleil était désormais suffisamment chaud pour qu’il crut percevoir de la vapeur s'élever de tout son être.

      Renard vérifia ses biens, essaya de définir ce qui restait suite à son plongeon dans la cascade. Il n'avait pas d'épée, mais toujours un long couteau sanglé à sa hanche. Sa bourse contenant son argent avait survécu, il possédait par conséquent encore une forte somme, grâce à l'amulette revendue à Geertstown.

      Renard savait sans même avoir besoin de vérifier que l'amulette était toujours là. Il la sentait qui s’amusait à le pousser à bout, le vidait petit à petit de son énergie vitale. Renard était brisé et meurtri, épuisé et à peine capable de reprendre son souffle. Il sentait malgré tout quelque chose de bien plus insidieux sous-jacent, alors que l'amulette menaçait de l’achever.

      Pourquoi cette amulette ne l’avait-elle pas déjà tué ? Renard n'était pas du genre à poser ce genre de question en temps normal, cela ne pouvait qu’attirer du négatif mais il ne pouvait s'empêcher de se poser des questions en pareil moment. Il ne pouvait rien faire hormis s’en poser justement, trop épuisé pour agir, même avec la perspective d'un dragon dans les parages qui le traquerait sans doute.

      Le receleur auquel il avait vendu l'amulette était mort moins d'une heure après, pompé jusqu’à la moelle et n’ayant plus rien d’humain. L'homme était certes âgé mais quand bien même, Renard ne pouvait croire que l'amulette ait pu causer pareils dégâts. Il se tramait quelque chose, quelque chose qui le dépassait.

      Renard finit par se redresser, s’asseoir et se lever. Il savait ce qu'il devait faire sans qu’on ait besoin de le lui souffler, il le savait depuis le moment où il avait volé l'amulette à Geertstown : il avait besoin d'un sorcier.

      Le problème était toujours le même. Les sorciers étaient tout sauf du vulgus pecum, trouver quelqu'un qui en savait suffisamment long en matière de magie pour s'occuper d'une amulette redoutée par les Forces Obscures en personne, en dépit de leur terrible pouvoir… comment espérer trouver un homme qui en soit capable ?

      Renard se mit en marche, ses vêtements dégoulinaient à chacun de ses pas. Il avait déjà fait une douzaine de pas avant de réfléchir quelle direction prendre. La position du soleil lui fournit la réponse. Il allait vers l'est, vers Royalsport.

      Il savait son idée stupide, les rumeurs qui couraient sur Geertstown disaient que la guerre venait de l'est. Une cité pleine de voleurs et de contrebandiers était considérée comme un havre de paix eu égard au reste du royaume.

      Evidemment, la majeure partie de Geertstown était actuellement en feu, grâce au dragon venu chercher l'amulette.

      Renard la prit et l’admira. Un petit morceau d'écaille de dragon au centre d’un octogone, chaque face affichait une pierre précieuse de couleur différente qui brillait au soleil.

      "J'aurais dû te laisser à ta place," dit Renard à l'amulette. "Pourquoi faut-il toujours que je n’en fasse qu’à ma tête ?"

      Et pourtant. Il l'avait reprise pour éviter des problèmes ultérieurs, la seule solution aurait été de laisser une chose aussi puissante entre les mains des Forces Obscures. Cette seule motivation s'était avérée suffisante pour que Renard prenne de court des individus capables de le réduire en pièces à l'aide de leurs pouvoirs magiques.

      Devoir se rendre à Royalsport pour trouver un sorcier n'était rien en comparaison. Il savait de qui il avait besoin, il n’existait qu'un seul homme capable de l'aider en pareille situation. Renard devait faire appel à Maître Grey, le sorcier du roi. Il devait aller voir l’enchanteur, même si cela impliquait affronter la violence qui sévissait à l'est, et demander son aide.

      Ou bien, conserver simplement l'amulette dans sa main et s’enfuir, en espérant que cela suffise à rompre leur lien, le sorcier saurait quoi faire.

      Quoi qu'il en soit, Renard continua à cheminer parmi la rocaille, continua d’avancer dans l'espoir de trouver un chemin. Il tomba sur une piste qu’il suivit et le mena à une piste plus grande, il poursuivit son périple.

      Il était presque déjà rendu au prochain village lorsqu’il se hasarda à jeter un regard en arrière, il avait gardé les yeux rivés devant lui jusque-là, penser à ce qui l’attendait éventuellement l’avait empêché de se retourner. Mais Renard n’y tenait plus. Il regarda par-dessus une épaule, scruta ciel et terre.

      Il n'en fallut pas plus pour qu'il trouve ce qu'il cherchait. Ce n'était qu'un point maintenant, mais bel et bien là, de sorte que Renard savait qu'il ne ferait pas halte dans ce village, ou dans n’importe quel autre, bien longtemps, à peine le temps de voler un cheval.

      Le dragon volait à l’horizon, le suivait lentement mais sûrement, Renard savait qu’il rôtirait à nouveau dans ses flammes s’il ne rejoignait pas le sorcier au plus vite, guerre ou pas.

      CHAPITRE NEUF

      Nerra regarda fixement la grosse masse sombre du dragon qui s’élevait au-dessus d'elle, elle était persuadée de mourir. Il la regardait fixement de ses yeux jaune d’or, contemplant Nerra comme s’il essayait de se persuader de la facilité déconcertante avec laquelle il la dévorerait.

      Les restes de la colonie éparse autour d'elle lui indiquaient qu’un souffle suffirait à l’anéantir. Pourtant, le sentiment étrange qui emplissait son coeur à cet instant n'était pas de la terreur, mais la fascination.

      Comparé au dragon dont elle avait trouvé l'œuf, celui-ci était énorme, d’un noir étincelant, mais Nerra voyait désormais que le noir était en fait une douzaine de nuances et de teintes différentes, du gris le plus clair au noir goudron, comme parsemé des ombres du ciel nocturne. Ses écailles étaient si larges qu'elles ressemblaient à des plaques d'armure au niveau de son ventre, les seules giclées de couleur étant le jaune de ses yeux et le rouge profond de sa gueule lorsque le dragon l’ouvrait grand.

      Il cracha des flammes près de Nerra, la terreur fit soudainement son retour dans l'esprit de Nerra. Elle se retourna et courut, trébucha parmi les vestiges de la colonie dévastée, se dirigea vers les arbres plutôt que vers le terrain sombre et rocheux à découvert, en partant du principe qu’une créature aussi volumineuse ne pourrait s’y faufiler.

      Nerra entendit un rugissement derrière elle, et continua à courir.

      Elle se trouvait maintenant dans la jungle à l'intérieur de l'île, des tâches de soleil trouaient la canopée tandis qu’elle continuait sa course. Les plantes que Nerra apercevait en courant ne ressemblaient en rien à celles qu'elle connaissait, des plantes vertes et luxuriantes, aux couleurs vives, qui emplissaient son nez de leurs parfums. Pressait-elle l’allure à cause des épines de la végétation ou sa nouvelle apparence en était-elle la cause ?

      Nerra distinguait l'ombre énorme et large du dragon volant au-dessus d'elle, il la suivait sans encombre même à travers les arbres. Nerra ne pouvait s'empêcher de le regarder, partagée entre la terreur à l'idée qu'un si grand prédateur rôde et son admiration pour l'élégance avec laquelle il fendait l'air. Il descendait en piqué et remontait en battant à peine ses ailes géantes, crachant des flammes devant lui qui produisaient des courants thermiques facilitant son vol.

      Mais, comment Nerra savait-elle tout cela ? Elle avait vu son propre dragon, bien sûr, elle avait senti ce lien particulier qui les unissait, mais ignorait tout du fonctionnement de leur organisme, ce qu’être un dragon signifiait. Elle semblait désormais posséder ce savoir indéniable qui allait crescendo.

      Nerra ne put s'empêcher de regarder le dragon en arrivant dans une clairière, comprit alors que ses serres étaient presque aussi habiles que ses mains, que son corps pouvait transformer la magie ambiante en flamme, ombre ou brume. Elle savait sans qu'on ait besoin de le lui dire qu’il s’agissait d’un dragon femelle, qu'il était grand, même pour