chose… d’horrible était arrivé et j’ai commencé à avoir peur.
Elle tremblait et pendant un moment, Riley se demanda si elle n’allait pas s’écrouler sous le poids de ses émotions. Mais Sheila continua de parler d’une voix étrangement détachée, comme si elle racontait l’histoire de quelqu’un d’autre.
Riley était habituée à ce genre de distanciation émotionnelle déjà rencontrée lors d’autres entretiens. Elle ne savait pas si l’agent Johnson comprenait ce que ressentait cette femme, ou plutôt ce qu’elle ne ressentait pas.
– Je l’ai appelé, dit Sheila. Il ne m’a pas répondu. Je suis descendu à sa recherche. Je n’ai pas pris la peine de vérifier l’étage. Les lumières du haut étaient éteintes et j’étais sûre qu’il n’était pas allé se coucher en laissant les lumières du bas allumées et l’alarme désactivée.
Désignant un endroit de la maison, elle ajouta :
– Je suis allée dans la cuisine et j’ai vu qu’il s’était préparé un encas. L’espace d’un instant la bouche de la femme endeuillée se tordit comme si elle se souvenait d’une chose, puis elle continua. J’ai remarqué que la porte du sous-sol était ouverte, que lumière était allumée et…
Elle frissonna et se figea.
Riley sentit qu’elle n'arriverait pas à décrire ce qu’il s’était passé ensuite.
C’est le moment de changer de sujet, réalisa-t-elle.
– Dr Banfield, votre mari avait-il des ennemis ? Est-il possible que quelqu’un ait put vouloir lui faire du mal ?
Sheila soupira et répondit :
– Malheureusement oui, c’est possible.
Riley fût surprise.
– Pouvez-vous me dire qui ? dit-elle.
Sheila haussa les épaules.
– Difficile à dire. Sa spécialité en tant que psychologue consistait à travailler avec des criminels, des délinquants juvéniles aux meurtriers purs et durs. Son but était de les aider à dépasser leurs traumatismes et à gérer de lourdes maladies mentales. Il trouvait cela tellement gratifiant et la plupart du temps il aidait vraiment ses patients dans leur réhabilitation. Mais parfois…
Elle marqua une pause et inspira lentement.
– Parfois, ça ne fonctionnait pas aussi bien, ajouta-t-elle. Parfois ses patients s’enfonçaient dans la colère et l’hostilité et parfois ils la retournaient contre lui. Mais… je ne me souviens pas l’avoir entendu mentionner ce genre de cas récemment. Je crois que la plupart de ses patients sont soit en prison, soit en centre spécialisé.
– Pouvez-vous nous donner accès aux dossiers médicaux de ses patients ? demanda Riley.
Sheila plissa les yeux
– Je ferai tout ce qui est légalement possible. Ce ne sera pas facile. Il a travaillé pour beaucoup d’établissements au fil des années, parfois plusieurs en même temps. Ce sont ces structures qui ont les dossiers.
Riley demanda :
– Pourriez-vous faire une liste de ces dossiers et les envoyer par email ou par fax au bureau du shérif ?
– Oui, c’est possible, répondit Sheila.
– Vous devriez rester là et continuer l'entretien pendant que le shérif me montre la scène du crime, dit Johnson à Riley.
Elle grimaça, énervée. Deux choses l’avaient dérangée. D’abord, Johnson avait utilisé l'expression « scène du crime » devant une veuve éplorée. Mais encore pire, il pensait pouvoir l’exclure de l’endroit où le meurtre avait eu lieu.
Que croyait-il ? pensa-t-elle.
Essayait-il de la protéger de la vision d’une scène aussi horrible ?
N’avait-il aucune idée du genre d’horreurs dont elle avait déjà été témoin ?
Évidemment, elle n’allait pas lui en parler ici et maintenant…
Celui qui m'empêchera d’aller dans ce sous-sol n'est pas né.
Elle parla d’une voix exagérément douce en espérant faire passer son mécontentement.
– On devrait laisser le Dr Banfield se reposer un peu. Je vais vous accompagner.
Johnson haussa les épaules, apparemment indifférent à l’irritation de Riley.
– D’accord, dit-il. Allons-y.
Le shérif Dawes les guida à travers la cuisine. Riley remarqua qu’une poêle était restée sur la plaque. Une fois arrivés à la porte du sous-sol, Dawes les emmena en bas.
Les yeux de Riley s'écarquillèrent.
Elle avait vu son lot de scènes de crime durant sa courte carrière, mais elle n’avait jamais rien vu de tel.
CHAPITRE HUIT
En plus d’être perturbante, Riley trouva la mise en scène du sous-sol complètement absurde. Deux belles chaises en bois assez imposantes se faisaient face, séparées d’un mètre à peine. Près de l’une de ces chaises, posée sur une petite table, se trouvait une bouteille de vin ouverte. Sur l’autre chaise, on pouvait encore voir des traces d’adhésif là où la victime avait été attachée. Juste devant celle-ci, un élégant plateau en argent était posé sur le sol.
C’était bien plus qu’un simple meurtre. Une mise en scène macabre s’était déroulée ici, mais Riley avait, pour l’instant, du mal à la comprendre.
Elle ne fut pas surprise de voir que le corps de la victime n’était plus là. Le médecin légiste du comté avait dû vouloir pratiquer au plus vite l’autopsie. Mais Crivaro aurait sûrement désapprouvé. Bien que déplaisante, la vue du corps aurait donné aux agents une image plus précise des événements.
– Vous avez des photos ? demanda-t-elle à Dawes.
– Oui, ici, dit-il en ouvrant un dossier contenant des clichés en noir et blanc. Nous les avons prises ce matin.
Riley et Johnson s’échangèrent les photos. Elles montraient la scène de crime au moment de l’arrivée de la police. La victime était encore attachée sur la chaise, la tête penchée vers l’avant, comme si elle s'était endormie.
Alors que Riley se rapprochait des chaises, le shérif indiqua sur les photos le plateau en argent en ajoutant :
– Les pieds de la victime étaient maintenus dans l’eau.
Riley constata en observant le plateau qu’il restait effectivement un fond d’eau à l’intérieur. Le shérif lui montra un gros câble électrique posé au sol. Le bout avait été dénudé pour exposer les fils métalliques.
– Le tueur a branché le câble au disjoncteur, ajouta Dawes. Puis il a jeté la partie dénudée dans l’eau. Cela a fermé le circuit et la victime a été électrocutée immédiatement.
Le mot « immédiatement » sonnait faux aux oreilles de Riley. La victime avait sans doute eu une mort rapide, mais il s’était passé autre chose. Il y avait vraisemblablement eu une sorte d’interaction entre le tueur et sa victime. Selon elle, le meurtre n’avait pas été « immédiat. »
Riley voulait par-dessus tout savoir ce qu’il s’était dit entre eux.
– Je vois, dit Johnson en acquiesçant. Il enfila une paire de gants. L’eau est un excellent conducteur électrique, tout comme l’argent. Le tueur devait avoir des semelles en caoutchouc pour se protéger. Je suppose que le circuit a grillé au moment de l’électrocution.
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