rigoles ? dit Jessie. Combien de fois m’as-tu aidée à résoudre une affaire quand je ne voulais pas passer par la voie officielle ? C’est le moins que je puisse faire.
– Merci, Jessie, dit Kat, qui eut l’air soulagée pour la première fois depuis le début de leur conversation.
– Pas de problème. Cela dit, est-ce que je peux parler à Morgan ? Ça m’aiderait vraiment de bénéficier d’informations de première main.
– Bien sûr, dit Kat. Elle est à une conférence en dehors de la ville pour l’instant et elle ne reviendra que tard ce soir, mais je peux te prévoir un rendez-vous pour demain.
– Bonne idée. Je vais voir ce que je peux découvrir entre temps, dit Jessie avant de prendre une autre grande gorgée de café. Maintenant qu’on a parlé de ça, j’ai une autre question.
– Laquelle ?
– Tu couches souvent ?
Kat afficha finalement le sourire que Jessie avait espéré obtenir la première fois qu’elle avait posé la question. Elle rougit intensément.
– Je m’occupe, dit-elle énigmatiquement.
– Je m’en doute, dit Jessie pour la taquiner.
– Et toi ? répliqua Kat en essayant de taquiner Jessie elle aussi. Comment ça se passe avec Ryan ?
Ce fut au tour de Jessie de rougir.
– Ça se passe bien, dit-elle. On se met d’accord sur l’endroit où on passe la nuit, mais c’est habituellement chez moi à cause de Hannah.
– Et ça ne te gêne pas de vivre dans le péché avec une jeune fille impressionnable sous ton toit ? demanda Kat avec un sourire taquin aux lèvres.
– Crois-moi, cette fille en a vu tellement que je ne crois pas qu’elle soit troublée que le petit copain de sa sœur vienne passer la nuit chez elle. Je crois plutôt qu’elle trouve ça rassurant.
– On verra si elle sera si rassurée quand vous tomberez tous dans le gouffre de Hadès, persista Kat tout en essayant de ne pas rire en le disant.
– Tu trouves ça vraiment drôle, n’est-ce pas ?
– T’as pas idée.
Malgré ces taquineries, Jessie se permit d’apprécier le moment. Pendant quelques secondes au moins, elle pouvait oublier qu’elle craignait que sa petite sœur soit une sociopathe ou qu’elle ou son petit copain se fassent abattre au travail. Elle pouvait faire comme si elle avait une vie normale avec des problèmes familiaux et relationnels normaux.
Ensuite, le moment passa.
CHAPITRE CINQ
Jessie eut de la chance.
Juste après 8 heures du matin, quand elle entra dans la grande salle du Poste Central de la Police de Los Angeles dans le centre-ville en essayant de rester discrète, il y avait beaucoup d’activité. La brigade des mœurs avait mené un grand raid la nuit d’avant et démantelé un réseau de prostitution important. Le poste tout entier était rempli de prostituées, de proxénètes et de clients de prostituées.
Par conséquent, personne ne la remarqua quand elle se faufila jusqu’à son bureau. Même Ryan, qui aidait un policier en uniforme à maîtriser un client en colère, ne la vit pas passer. De son côté, elle ne put s’empêcher de le remarquer. Même si cela faisait maintenant quelques mois qu’ils étaient ensemble et même si elle connaissait intimement les contours de son corps, elle ne s’était jamais lassée de son charme extrême.
Avec un mètre quatre-vingts et un peu moins de quatre-vingt-dix kilos, il n’était pas physiquement imposant mais, comme elle le savait personnellement, il n’y avait pas un gramme de graisse sur son corps musclé de trente-deux ans. Malgré son torse ciselé, Ryan dégageait une modestie et une chaleur humaine étonnantes pour un inspecteur vétéran spécialisé dans les homicides. Il souriait souvent et, comme ses cheveux noirs étaient coupés court, ils ne cachaient pas la gentillesse de ses yeux marron.
Quand il parlait, la douceur de sa voix ne suggérait en rien qu’il était l’inspecteur le plus connu de la Section Spéciale Homicides du poste, ou SSH, qui enquêtait sur les affaires à profil élevé ou suivies de près par les médias, souvent avec plusieurs victimes et avec des tueurs en série. Jessie se disait parfois que, comme il était capable de faire ce travail tout en ayant une relation avec elle, on devrait lui décerner une médaille spéciale.
Jessie arrêta de penser à son petit copain, s’assit et sortit le dossier de l’affaire des femmes enlevées. Il y avait peu d’informations et cela devait être en grande partie parce que les femmes avaient toutes eu les yeux bandés pendant la plus grande partie de leur emprisonnement et n’avaient pas grand-chose à révéler à la police.
Après s’être familiarisée avec les événements autant que possible, elle décida d’appeler l’inspecteur principal qui s’occupait de l’affaire de Morgan Remar. D’abord, c’était l’affaire la plus importante pour Kat. Ensuite, l’inspecteur du Poste du Pacifique auquel on avait attribué cette affaire, Ray Sands, avait un parcours exemplaire et la bonne réputation d’un homme qui préférait résoudre les affaires que suivre strictement la procédure. Il accepterait peut-être de l’aider.
– Inspecteur Sands, dit-il en décrochant avant la fin de la première sonnerie.
– Bonjour, inspecteur Sands, dit-elle aussi nonchalamment que possible. Je m’appelle Jessie Hunt. Je suis profileuse criminelle au Poste Central. Comment allez-vous ce matin ?
– Je suis très occupé, Mme Hunt. Que puis-je faire pour vous ? demanda-t-il, poli mais terre à terre.
– J’espérais pouvoir vous consulter sur une affaire sur laquelle vous travaillez ces temps-ci.
– Quelle affaire ? demanda Sands d’un ton méfiant.
– L’enlèvement de Morgan Remar. J’espérais que vous pourriez m’aider à élucider quelques mystères.
– En quoi cette affaire vous intéresse-t-elle, Mme Hunt ? J’ai entendu parler de vous. Je croyais que vous étiez spécialisée dans les homicides, surtout avec tueurs en série.
– C’est exact, concéda Jessie.
Décidant qu’elle aurait plus de chances d’arriver à ses fins si elle se montrait franche, elle lui dit la vérité.
– En fait, je m’intéresse à cette affaire pour une amie, Katherine Gentry. Mme Remar l’a embauchée comme détective privée et elle a eu du mal à obtenir des informations sur la progression de l’affaire.
– Oui. Je connais Mme Gentry, répondit-il d’un ton fatigué. Elle a assurément été … persévérante. Je vais vous dire ce que je lui ai dit. À l’heure actuelle, nous n’avons guère d’informations intéressantes susceptibles d’être partagées.
Jessie eut l’impression que Sands était un homme respectable mais comprit qu’il ne lui disait pas vraiment tout.
– Inspecteur, me dites-vous que, au bout d’un mois et de trois enlèvements par ce qui semble être le même coupable, vous n’avez pas de pistes exploitables ?
Jessie n’avait pas pu cacher son scepticisme et Sands mit quelques secondes à répondre.
– Écoutez, Mme Hunt, dit-il très lentement en prononçant distinctement chaque syllabe, vous émettez pas mal d’hypothèses. La première est que ces affaires sont liées.
– Suggérez-vous qu’elles ne le sont pas ? demanda Jessie, étonnée.
– Nous ne le savons pas avec certitude, dit-il de manière peu convaincante. Tous les enlèvements se sont produits dans des juridictions différentes. Toutes les femmes ont été retrouvées loin des endroits où elles ont été enlevées.
– Pourtant, elles ont toutes été