voir les choses phénographiquement, ce qui constitue une tentative de résoudre le problème par le biais d’un mètre-ruban ou d’une règle en introduisant constamment de nouveaux paramètres et à l’aide de matériel technique.
On oublie pourtant que chaque mouvement humain a une signification. Ou bien, comme dans l’exemple ci-dessus, l’enseignant déclare de manière succincte : « Concentrez-vous à rencontrer la balle correctement ! » Cependant la frappe correcte d’une balle constitue réellement la signification du mouvement. Pourquoi le professeur de tennis se réfère-t-il subitement à la rencontre, au but, c’est-à-dire à la signification de mouvement puisqu’il utilise d’ordinaire une méthode d’enseignement du tennis orientée uniquement sur le mouvement du corps extérieur ?
« Concentrez-vous à rencontrer la balle correctement ! » Par cette déclaration l’enseignant de tennis aborde le cœur du problème, mais sa méthode d’enseignement n’est pas orientée dans ce but. Il considère plutôt la rencontre correcte de la balle et la maîtrise de celle-ci permettant de la renvoyer à un endroit choisi à l’avance comme insignifiantes et allant de soi. On ne prend en considération la signification du mouvement que lorsque la totalité des instructions données restent sans effet.
Peut-être cet exemple rend-il plus clair le fait qu’il y ait désaccord entre la présentation (description) d’une forme de mouvement et la signification inhérente à cette forme. La considération du comportement humain dont le but est d’objectiver l’homme, est un non-sens ! Néanmoins, supposer cette signification et la mettre en relation avec la forme de mouvement doit être l’objectif véritable d’une théorie du mouvement, laquelle rend davantage justice à l’homme ! Si, par exemple, on représente les formes de mouvement en enregistrant la trace d’un point du corps humain sur une photographie au moyen d’un temps de pose prolongé, cela s’avère inutile si ensuite cette trace est mesurée par toutes sortes d’accessoires techniques. Le but, la recherche de la structure d’une forme est de donner une signification à la trace, de chercher la cause de sa genèse et par la même, de comprendre la signification de cette forme de mouvement.
1. « DEFINIERTES TIMING » : BASE THEORIQUE
Il s’agit donc de partir de la signification du mouvement, c’est-à-dire de rencontrer correctement la balle et, à partir de là, de tenter d’approcher la forme de mouvement. Qui et quoi rencontre la balle ? C’est la surface de la raquette qui rencontre la balle et non le corps du joueur. Si la surface de la raquette doit rencontrer la balle, qu’entend-on par la rencontrer correctement?
La balle est rencontrée correctement si celle-ci est envoyée dans une zone choisie à l’avance par le joueur. Le « placement » est par conséquent le résultat optimal de l’impact réciproque de la balle et de la surface de la raquette.
Cette manière de poser la question témoigne de la compulsion à laquelle est soumise la forme de mouvement. La compulsion de la rencontre de la balle sur la surface de la raquette admet l’idée de réduire la forme de mouvement à la forme du mouvement de la surface de la raquette afin d’être capable de mieux l’examiner.
Sous réserve que la balle soit envoyée dans une zone donnée, la surface de la raquette doit effectuer un mouvement compulsif par rapport à la balle. Ainsi donc, la fonction du corps du joueur est de rendre ce mouvement compulsif possible. Ceci limite la liberté de mouvement du corps du joueur ; mais malgré cela, les possibilités de mouvement sont immenses.
Le rapport entre la balle et la surface de la raquette limite le mouvement de cette dernière à une certaine forme, comme si celle-ci était introduite dans une machine (comportement de la balle).
Le joueur doit se déplacer de façon à ce que cet « acte d’être guidé » ne soit pas perturbé. Dans ce cas, les possibilités de mouvement sont multiples mais uniquement descriptibles en tant que forme.
Dans les conditions mentionnées plus haut, la forme de mouvement de la surface de la raquette représente la performance du joueur par rapport à la balle en mouvement. Il doit y avoir une relation entre le mouvement de la surface de la raquette et celui de la balle. La question de la forme du mouvement se trouve être la question de la liaison existant entre la balle perçue par le joueur et la surface de la raquette.
Ceci correspond à la demande déjà formulée par V. v. Weizsäcker (Gestaltkreis 1973, 176) : »… alors, notre question n’est plus : Comment peut-on percevoir les relations spatiales d’environnement ? Mais plutôt : Quelle est la relation entre le « moi » et l’environnement crée par la perception ? »
Fig. 1 La balle comme objet de perception
1.1 La balle comme objet de perception
Il n’est nul besoin de réfléchir plus avant pour identifier la balle comme l’objet sur lequel le joueur de tennis doit se concentrer et qu’il doit observer (photo 1). Malgré ça, la méthode d’enseignement toujours utilisée aujourd’hui prétend que la balle n’existe pas. Bien que celle-ci décrive les phases du mouvement du corps dans tous les détails, le joueur reste « aveugle ». L’instruction « Regardez la balle ! » ne fait que mettre en évidence l’inutilité de cette méthode qui empêche d’associer la forme du mouvement du joueur à sa perception bien que ceux-ci se produisent simultanément. Si l’on parvenait à toujours considérer comme une nécessité la perception et le mouvement comme allant de paire, alors seulement il serait possible d’établir une liaison entre le mouvement de la surface de raquette et celui de la balle. Cela signifie que le mouvement de la surface de la raquette doit coïncider dans l’espace et dans le temps avec celui de la balle en tant qu’objet de perception. De ce fait, le « timing » se positionne comme point de mire.
1.2 Comportement de la balle – gravitation – Possibilités de perception
S’il s’avère significatif de considérer la balle comme l’objet de perception il s’agit en outre d’estimer ce qui peut être, et sera perçu de cet objet. Les possibilités de perception sont infinies même si cette perception est focalisée sur la balle. Le joueur peut se concentrer sur la couleur, la forme ronde et l’ombre de la balle ou bien sur la façon dont elle semble grossir ou rapetisser pendant son vol ou encore sur sa rotation, etc. Ces dernières constituent des perceptions possibles dont la sélection est, entre autre, motivée par le désir de découvrir un rapport descriptible entre le mouvement de la surface de la raquette et celui de la balle.
Les déplacements en trajectoire courbe de la balle constituent par la suite une présentation spatiale et une fiction physique, une ligne imaginaire grâce à laquelle on peut décrire les mouvements. Si le joueur dirige ses actions en fonction de cette courbe de la balle, la question qui se pose alors est de savoir s’il est à même d’y parvenir. Peut-il percevoir cette trajectoire de la balle ?
V. v. Weizsâcker a démontré que les mouvements perçus par l’homme ne correspondent pas toujours à la réalité, c’est-à-dire qu’il est justement impossible pour l’homme de percevoir des mouvements arbitraires de manière objective. Pourtant, « l’œil sensible se comporte comme s’il était conscient de cette loi, on pourrait dire de manière allégorique qu’il le fait : comme s’il était mathématicien ou physicien ».- « Nous nommons ce comportement nomophilie ou nomotrophie… » (V. v. Weizsäcker 1973, 13). Plus loin, nous lisons : « La perception se comporte comme s’il existait un monde composé de seulement deux corps dans une pièce vide, ceux-ci étant soumis à la loi de la gravitation. L’œil perçoit ce qui serait physiquement possible ». (V. v. Weizsäcker 1973, 264). Ce théorème de la possibilité signifie qu’il est utile d’être en conformité avec les lois physiques parce que cela représente une perception possible. Etant donné que la perception humaine se