et tous les Historiens en ont très-bien senti le poids. En général, par tout où cet ordre, qui soumet un État à une autorité supérieure, a été reçu, il y subsiste toujours. En particulier, on voit que certaines formes de Gouvernement se maintiennent en quelque Païs pendant une longue suite de siécles. Combien de temps n'a pas duré, par exemple, le Gouvernement monarchique des Assyriens, des Egyptiens et des François. Le Gouvernement Aristocratique des Vénitiens compte déjà plus de douze cents ans. Il est vrai que la Politique a beaucoup contribué à cette longue durée. Cependant, si l'on prend garde combien il y a toûjours eu d'esprits déréglez et turbulens; à combien de traverses un État est sujet de la part de ses Voisins, et quelle, est l'inconstance de toutes les choses du Monde: on verra qu'il est impossible qu'une certaine maniére de Gouvernement subsiste: si long tems, sans une direction toute particuliére de la Providence. Cette direction est encore plus sensible dans la maniére dont Dieu change la forme des Empires & les ôte à de certains Peuples pour les donner à d'autres. Ceux par qui il opére ces grandes Révolutions, Cyrus, par exemple, Alexandre, César, Cingi parmi les Tartares, & Namcaa dans la Chine, ont tous eu une enchaînure de succès, que toute la prudence humaine n'auroit jamais pu leur procurer; ils ont tous éprouvé un bonheur dont la grandeur surpassoit leurs désirs, & dont la durée constante était fort éloignée du cours ordinaire des choses du monde, dans lesquelles on ne voit que mêlange & qu'inégalité. La ressemblance qu'ont entr'eux ces événemens mémorables, & leur concours à une même fin, c'est-à-dire, à l'établissement d'un Empire sur les ruïnes d'un autre, ne peuvent partir d'une cause fortuite & aveugle. On peut faire plusieurs fois de suite un coup de dé heureux: mais si on le fait jusqu'à cent fois, il n'y a personne qui ne l'atribue d'abord à quelque adresse cachée.
3. Preuve par les miracles.
XIII. Entre toutes les preuves qui nous convainquent d'une Providence, il n'en est point de incontestable que les miracles & les prédictions dont les Historiens font mention. Il est vrai qu'on en débite beaucoup sans fondement. Mais doit-on rejetter pour cela tout ce qu'on a là-dessus de bien atesté par des témoins oculaires, dont le jugement & la bonne foi sont au-dessus du soupçon? Ce sont des choses impossibles, dira-t'on; mais si Dieu peut tout & sait tout, pourquoi ne feroit-il pas ce qu'il veut, & ne pourroit-il pas révéler ce qu'il sait? Si l'on ajoûte que ces actions miraculeuses violent les loix de la Nature; je demanderai pourquoi Dieu, étant l'auteur de ces loix, il n'en seroit pas le maître; & s'il s'y est tellement lié, qu'il ne puisse jamais se dispenser de les suivre? Si l'on dit que ces choses extraordinaires peuvent avoir été produites par des Esprits inférieurs à Dieu, j'y consens: mais j'en conclus qu'à plus forte raison Dieu les pouvoit produire lui-même: outre que, comme dans un Royaume bien réglé il ne se fait rien d'extraordinaire que sous le bon plaisir de celui qui le gouverne, il faut nécessairement que ces Esprits, à qui on veut faire honneur de ces grandes choses, ne les ayant faites que par l'ordre ou par la permission de leur Maître.
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