Elizabeth Johns

De Feu Et De Flammes


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fenêtre en fenêtre et de siège en siège, escaladant quasiment les murs du carrosse comme un singe en cage que Gavin avait un jour vu. Elle n’était jamais calme, chantant ou papotant toujours. Il était certain qu’elle le garderait bien occupé, pensa-t-il. Il n’avait pas remarqué son enthousiasme auparavant, mais il ne s’était pas retrouvé avec elle dans un si petit espace pour de longues périodes. Seamus et Catriona étaient des enfants bien plus calmes.

      D’un seul coup, Maili grimpa sur ses genoux pour lui faire un câlin. Plus tôt, Catriona s’était endormie sur son épaule. Peut-être devraient-ils s’arrêter pour la nuit. Lorsqu’il était seul, il ne s’arrêtait jamais, impatient d’être chez lui et n’étant pas fervent des auberges de bord de route. Il devrait adapter sa façon de penser, maintenant qu’il était père. Il préviendrait le cocher de ce changement de plan la prochaine fois qu’ils s’arrêteraient pour changer les chevaux.

      Alors qu’ils s’apprêtaient à s’arrêter à côté d’une auberge, une Maili ensommeillée leva ses grands yeux gris vers lui.

      « Papa Craig, quand aurons-nous une maman ? »

      Sa gorge se serra quand il l’entendit l’appeler Papa. Il jeta un coup d’œil vers Catriona, qui l’observait avec des yeux remplis d’espoir, attendant la réponse à la question. Son cœur se serra dans sa poitrine.

      « Je ne sais pas, ma petite. Je n’avais pas pensé prendre une épouse. »

      Maili fronça les sourcils et replaça sa tête sur sa poitrine. Catriona détourna les yeux, déçue.

      Le cœur de Gavin s’alourdit, et il espéra que les filles seraient assez heureuses avec lui. Fut un temps, plusieurs années auparavant, il avait rêvé d’avoir une femme et sa propre famille. Il avait toujours voulu une maison pleine d’enfants, qu’il adorait. Il était tombé amoureux une fois, rapidement et profondément, mais à l’échec de la relation, il avait renoncé à l’amour et au mariage. Pendant longtemps, cela avait été trop douloureux d’y penser, mais il avait enfin l’impression d’avoir atteint une certaine satisfaction. Cela ne voulait pas dire qu’il souhaitait à nouveau s’y soumettre. Il focaliserait son amour sur ces enfants.

      Alors qu’ils s’arrêtaient à l’auberge, le carrosse fit une embardée, et Maili, contre toute attente, se mit à répandre le contenu de son estomac sur lui. Il soupira.

      « Maili ! Je t’ai dit de ne pas manger toutes les dragées que Mme Millbanks t’avait données ! » gronda Catriona.

      Maili leva les yeux vers Gavin, honteusement. Il était très dur d’être en colère face à petit visage.

      « Je suis désolée, Papa Craig. Je ne le referai plus. »

      « J’espère alors que vous avez appris votre leçon. Arrêtons-nous pour la nuit afin de manger, faire notre toilette et dormir. »

      Après avoir accompagné les filles jusqu’à leur chambre avec leur nourrice et leur avoir commandé un dîner servi dans leur chambre, Gavin enfila une tenue propre et se rendit jusqu’au petit salon pour trouver à dîner et profiter d’un peu de temps pour lui. Il allait également devoir s’habituer à ce nouveau mode de vie. On lui montra où était le salon, mais il fut surpris d’y voir quelque de familier déjà assis.

      « Lord Ashbury », dit-il alors que le Marquis se levait pour le saluer.

      « Lord Craig. Je suis ravi de vous revoir. » Ashbury lui tendit la main et serra celle de Gavin.

      Gavin avait fait la rencontre de Lord Ashbury et sa famille lorsqu’ils avaient visité le prieuré d’Alberfoyle quelques années auparavant. Lord Vernon courtisait alors l’une des filles triplettes du Marquis, Lady Margaux. Elle aussi avait été déçue lorsque Lord Vernon s’était marié avec Lady Béatrice. Mais Margaux était probablement mariée à quelqu’un d’autre à cette heure-ci.

      « Vous avez entendu la nouvelle, alors ? » demanda Gavin, surpris d’être appelé par le titre de son frère.

      « Oui. Mes condoléances. Vous joindrez-vous à moi ? Mes compagnons sont partis se coucher. » Ashbury désigna la table de la main. « Vous ne le savez peut-être pas, mais je connaissais votre père lorsque j’étais enfant. J’ai passé la majorité de ma jeunesse dans un domaine à proximité du Château Craig, et j’ai récemment bien appris à connaître votre frère. Lady Ashbury préfère vivre en ville, ou en France, nous sommes donc rarement en Écosse. J’ai récemment ouvert un foyer pour jeunes filles dans le douaire du domaine, et nous y passons de temps en temps. Nous sommes en ce moment même ici pour une courte visite, bien que j’y passerais volontiers l’été tout entier. »

      « Voulez-vous dire Breconrae ? Je me souviens vaguement que le propriétaire du domaine avait pour nom Ashbury. Je me souviens qu’une douairière y résidait quand j’étais enfant. »

      « En effet, ma mère. Elle est décédée depuis, mais une tante y vit toujours. Allez-vous au château seulement maintenant ? »

      Gavin secoua la tête. « Je suis retourné à Alberfoyle. »

      « Ah, oui. J’imagine que fermer votre cabinet et déménager prend du temps à organiser. Pouvez-vous vous joindre à nous pour diner la semaine prochaine ? Lady Ashbury sera déçue d’apprendre qu’elle vous a manqué ce soir, mais aura ma peau si je ne m’assure pas de vous avoir à dîner. Une soirée calme, je vous le garantis. »

      « J’en serai honoré, merci. »

      La groupe des Craig était à nouveau sur la route tôt le lendemain, impatients d’arriver au château tant qu’il faisait encore jour. Les collines ondoyantes et les vallées étaient parsemées de moutons broutant, et les chemins étaient étroits et escarpés. Les filles retinrent leur respiration plusieurs fois tandis que le carrosse montait puis descendait rapidement. La dernière partie du voyage, qui durait un certain temps, se faisait le long du fleuve Clyde, avant qu’ils ne passent finalement par l’énorme portail en fer du domaine Craig. Ceci était l’étape du voyage où, habituellement, Gavin exhortait son cheval vers l’avant, impatient de saluer sa famille.

      « Sommes-nous bientôt arrivés, Papa Craig ? » demanda Maili pour la centième fois.

      « Presque, ma petite. Nous sommes sur la propriété désormais, » dit-il avait patience. « Quand nous serons arrivés, nous traverserons un grand pont en pierre. »

      « Tout ceci est à vous ? » demanda Catriona, les yeux écarquillés. Les deux filles regardaient avec fervent intérêt par la fenêtre.

      « Oui. Au-delà des bois, le château surplombe le loch, et l’autre côté de la propriété est couverte de champs d’orge tout le long du chemin jusqu’au village, » indiqua-t-il et expliqua-t-il.

      « Il y’a-t-il d’autres enfants à proximité ? » demanda-t-elle avec espoir.

      « Je ne sais pas, ma petite. Je suis certain qu’il y en a quelques-uns au village. »

      Ils contournèrent le bord sud du lac et un immense édifice en pierre apparut. Gavin y avait été élevé, mais cela semblait être une autre vie. Il n’avait aucune envie d’être le propriétaire d’un château ou de la responsabilité qui allait avec. Le bâtiment paraissait être de la même époque que Camelot. Il semblait médiéval, doté de tourelles et de meurtrières. Là, ils avaient avec Iain capturé leurs Guenièvres et massacré d’innombrables dragons et monstres du Loch Ness.

      « Je ne peux y croire. Un vrai château ! » s’exclama Maili.

      « Je vous avais dit que cela en était un, demoiselle, » dit-il avec amusement.

      « Il y a-t-il un donjon ? » demanda-t-elle avec une ferveur effrayante.

      « Bien sûr que oui. Ne sois pas stupide, » réprimanda sa sœur.

      «