sera avec vous ici, pour les convenances », dit son père avec un clin d’œil conspirateur.
« Merci, Maman 8et Papa, » dit-elle. Elle tenta de garder un visage impassible, ses lèvres tremblant.
Sa mère se leva. « Je vais aller dire aux domestiques de préparer nos bagages. Nous devrions partir aussi tôt que possible. »
Après le départ de sa mère, Margaux s’assit et discuta confortablement avec son père. Le majordome entra et demanda si elle était disponible pour des visiteurs ce matin.
« Qui est là ? » demanda-t-elle.
« Lord Craig, et les demoiselles Douglas. »
« Oui, bien sûr. Je les attendais. » Margaux se leva. « Menez-les au petit salon, s’il vous plaît. »
« Oui, Madame. »
Son père la suivit pour les saluer.
« Bonjour, Craig. » Il lui serra la main jovialement.
« Lady Margaux. » Lord Craig s’inclina devant elle. « Vous souvenez-vous de Mademoiselle Catriona et Mademoiselle Maili Douglas ? »
« Bien sûr. Bienvenue. » Elle fit la révérence aux petites filles.
« C’est l’une des princesses ! » s’exclama Maili en se redressant d’une profonde révérence.
« Je ne suis pas une princesse, Maili », dit Margaux avec un sourire, repensant à sa décision de s’habiller sobrement exprès ce matin-là.
« Vous ressemblez à une princesse. » L’admiration de l’enfant était évidente.
Margaux rit et prit les mains des petites filles. « Voudriez-vous rencontrer quelques-unes de nos jeunes demoiselles au douaire ? Je m’y rends justement. »
Les filles hochèrent la tête avec excitation et la suivirent avec émerveillement.
« Puis-je vous prendre un peu de votre temps ? » demanda Gavin à Lord Ashbury quand Lady Margaux et les filles furent parties.
« Oui, bien sûr. Je voulais aussi vous parler avant notre départ », répondit Ashbury.
« Départ ? » Gavin ne s’était pas attendu à un départ si rapide après les conversations du soir précédent.
« Allons dans mon bureau pour discuter du vif du sujet. » Lord Ashbury brandit le bras pour indiquer à Gavin de traverser le hall, puis ferma la porte derrière eux. Il fit signe à Gavin de s’asseoir.
« Nous avons décidé de rentrer à Londres, afin de faire meilleure connaissance avec le gentleman courtisant l’une de nos autres filles. J’ai convaincu ma femme de permettre à Margaux de rester ici pendant un petit moment. Peut-être Margaux verra-t-elle raison une fois qu’elle est loin de tout ce qui lui est familier. Je suis certain que rien n’arrivera à ma fille, mais puis-je peut-être vous demander de garder un œil sur elle de temps en temps et de m’écrire ? J’imagine que vous amènerez les petites ici de temps à autres, et cela me rassurerait de savoir comment elle se porte. »
« Je serai ravi de le faire si Lady Margaux est favorable à mes visites », Gavin le rassura.
« Merci, Craig. Je n’ai aucun doute que Margaux et vous vous entendrez bien. Puis-je vous offrir à boire ? Le meilleur de toute l’Écosse. » Avant que Gavin ne puisse répondre à sa remarque énigmatique, Ashbury lui tendit un verre de whiskey que Gavin reconnut instantanément par son arôme comme étant du whisky Craig. Son frère avait peut-être capitalisé la recette, mais elle avait été héritée de génération en génération.
« Vous êtes donc une des personnes que mon frère approvisionnait ? » demanda Gavin.
« Bien sûr… moi et la moitié de l’aristocratie qui ne sommes pas suffisamment chanceux pour avoir notre propre alambic en Écosse. Et ceux qui lui envient sa recette. »
« La moitié ? » Gavin leva les yeux, surpris.
« On trouve le whisky Craig dans les maisons les plus élégantes de Grande-Bretagne », dit Lord Ashbury en remuant le liquide doré dans son verre, le humant avec admiration.
« Je n’en avais aucune idée », dit Gavin, complètement stupéfait.
« Il ne faut pas, bien sûr, en parler publiquement tant que la législation n’est pas passée. Il est, pour beaucoup de distillateurs légaux, difficile de jouir d’une vaste distribution en raison des impôts qui leur sont demandées. Quand vous serez mieux installé ici, vous devriez penser à accepter votre position à la chambre des Lords et faire entendre votre opinion sur le sujet », conseilla Lord Ashbury.
Gavin acquiesça. « C’est ce que je planifiais, mais pour le moment je suis complètement débordé. »
« S’il vous plaît, dîtes-moi comment je peux vous aider », dit gentiment l’homme mûr.
« Je ne sais pas par où commencer. De mes habits à l’absence d’une épouse, rien ne va. Apparemment, il me faut aussi devenir un agriculteur désormais. J’ai un bal à préparer, mon intendant est à la retraite, et j’ai besoin d’une gouvernante. Si vous pouvez me conseiller sur quoique ce soit parmi tout cela, je vous serai éternellement reconnaissant. »
« Bonté divine. Je peux naturellement me renseigner concernant d’éventuels intendants pendant que nous sommes à Londres. Il y a toujours des deuxièmes fils de bourgeois qui seraient exactement ce qu’il vous faut. Lady Ashbury sera plus utile quand à vos autres dilemmes. En particulier concernant une épouse. »
Gavin tenta de ne pas s’étouffer. « Je pensais qu’Easton aurait un vétéran ou deux qui pourraient faire l’affaire. »
« Très bonne idée. J’en discuterai avec lui aussi », dit Lord Ashbury en sonnant la cloche, appelant sa femme. Elle arriva en courant quelques minutes plus tard.
« Lord Craig, excusez-moi 9! Je ne savais pas que vous étiez ici. Comment allez-vous aujourd’hui ? » Lady Ashbury porta ses mains à son cœur quand elle entra dans la pièce et le vit.
« Très bien, Madame. » Il s’était levé à son entrée et s’inclina devant elle en guise de salutation.
« Lord Craig a besoin de votre aide. Vous serait-il possible de vous renseigner sur une éventuelle nouvelle gouvernante pendant que vous êtes en ville ? » expliqua Lord Ashbury.
« Oui10. J’en serais ravie. » Elle lui sourit.
Gavin la remercia, mais ne sentait toujours pas soulagé.
« Il y a-t-il quelque chose d’autre qui ne va pas ? Vous semblez inquiet, non 11? »
« Malheureusement, rien sur quoi vous puissiez m’aider, Madame. Je dois maintenant aborder la femme du pasteur pour voir si elle peut m’aider à planifier la fête du solstice. Il semblerait que c’était une autre des responsabilités de feue Lady Craig. »
« J’imagine qu’ils ont laissé un grand vide à remplir dans une si grande maison. Peu de dames sont préparées à gérer un foyer si majestueux. Avez-vous envisagé prendre une épouse ? »
Gavin haussa les sourcils, mais ne répondit pas. Il avait en effet besoin d’une épouse, mais pourquoi était-ce si humiliant de l’admettre ?
« J’imagine que si vous demandiez de l’aide à Margaux, elle serait ravie de vous aider avec les petites. Je lui donne une semaine avant qu’elle ne meure d’ennui. Elle croit qu’elle aidera à l’orphelinat, mais aujourd’hui même nous avons plus de personnel que nécessaire. »
« Elle m’a déjà proposée d’enseigner aux filles », dit-il, comme s’il dérangerait Margaux et prendrait de son temps.
Lady