la science n’y peut rien. Même les psychiatres où j’ai pourtant laissé beaucoup d’argent. Allez-vous en, mauvaises idées ! Non… Je ne veux pas penser à ce qu’a dit cet homme cet après-midi.
Il essaie… idéaliste au premier degré… bon garçon, aussi. Pourquoi dois-je endurer que mon cerveau fonctionne à pleine vapeur ? Pourquoi suis-je incapable de dormir ? Qu’est-ce qu’il a dit ? Ah oui, il est arrivé et m’a parlé de ses cuites épouvantables, de ses divagations, tout ce que je vis. Oui, il est bien alcoolique. Puis, il m’a dit qu’il savait qu’il était guéri. Il m’a dit qu’il avait trouvé la paix… (Je ne connaîtrai plus jamais la paix)… qu’il n’avait plus peur. Heureux parce qu’il se sentait libéré. C’est tordu. Il l’a lui-même admis. Cependant, j’ai commencé à avoir confiance en lui quand il m’a raconté sa vie. Elle ressemblait en tout point à la mienne. Il connaît cette torture. Il m’a donné beaucoup d’espoir ; il semblait qu’il avait trouvé quelque chose. Je n’en suis pas certain, j’imagine que j’étais tellement convaincu que je m’attendais à ce qu’il me sorte une pilule quelconque et je lui ai désespérément demandé ce que c’était.
Il a dit « Dieu ».
Et j’ai ri.
Un coup de bâton de baseball sur la tête ne m’aurait pas plus ébranlé. J’avais tellement d’espoir et d’attentes. Comment un homme peut-il être si cruel ? Il a dit que cela semblait tordu, mais que ça marchait, du moins pour lui… il a dit qu’il n’était pas religieux… en réalité, il n’allait pas beaucoup à l’église… là, j’ai porté attention… son caractère peu conventionnel m’attirait… il a dit que certaines visions de la religion étaient tordues… il a dit que la plus simple vérité de la vie avait souvent été déformée par des complications… cela m’a plu… ôte-toi de mon esprit… je ferais un bel oiseau rare religieux… imaginez les railleries des amis si je devenais religieux… Pfft !… esprit, calme-toi, s’il te plaît… pourquoi ne me donnent-ils pas quelque chose pour me faire dormir… m’allonger dans une verte prairie… ce gars est dingue… oublie-le.
Ainsi donc, je suis destiné à l’asile d’aliénés… une chance que maman soit morte, elle n’aura pas à endurer ça… tant qu’à devenir fou, peut-être devrais-je l’être comme lui… au moins, les enfants n’auraient pas à vivre toute leur vie avec la rumeur que leur père était devenu fou pour le reste de leur vie… la vie est cruelle… les commérages des faibles, derrière les rideaux… « vous ne saviez pas que son père avait été interné ? » quelle étiquette sournoise à accoler à ces garçons… . au diable le commérage, les fouineurs destructeurs de réputation qui se mêlent de la vie des autres.
Il avait eu le même cafard que moi… souffert… vécu l’enfer… décidé de se prendre en main… étudié l’alcoolisme… Jung… La Fondation médicale Blanc… les asiles… Hopkins… plusieurs ont dit que c’était une maladie incurable… impossible… la plupart des remèdes connus passaient par la religion… cela l’avait révolté… il avait étudié les religions… plus il les étudiait, plus elles lui semblaient de la foutaise… incompréhensible… l’autohypnose… puis, l’idée lui était venue que les gens n’avaient rien compris. Ils essayaient de mettre tout le monde dans le même moule, de les étiqueter, de leur dire ce qu’ils devaient faire et comment le faire, pour sauver leur âme. Alors qu’en réalité, les gens ne s’inquiétaient plus de leur âme. Ils veulent de l’action dès maintenant. Les plus belles idées du monde étaient habituellement enveloppées d’inepties.
Comment a-t-il formulé cette idée… Foutaise… Foutaise… Pourquoi diable je pense toujours à lui… en enfer… oui… je suis en enfer. Il a dit : « J’en ai conclu qu’il y avait QUELQUE CHOSE. Je ne sais pas ce que c’est, mais c’est plus grand que moi. Si je La reconnais, si je fais acte d’humilité, si je lâche prise et me soumets à cette CHOSE et que je tente ensuite de vivre selon ma conception du bien, alors, je serai en harmonie. » Plus tard, le mot bien a fait place au mot Dieu.
Pourtant, monsieur, je ne vois pas un homme à la longue barbe blanche au-dessus de moi qui attend que je le supplie… qu’a-t-il répondu ?… il a dit que je compliquais les choses… pourquoi voulais-je absolument qu’Il prenne forme humaine… tout ce que j’avais à faire était de croire en une puissance supérieure à la mienne et m’y mettre sérieusement… et j’ai répondu, peut-être, mais dites-moi, monsieur, pourquoi vous perdez votre temps ici ? Ne me racontez pas l’histoire qu’il vaut mieux donner que recevoir… Je lui ai demandé combien son truc coûtait, et il a ri. Il a dit qu’il ne perdait pas son temps… lorsqu’il a saisi ce dont il s’agissait, il a pensé à ce que quelqu’un avait dit. On n’apprend jamais une leçon avant d’essayer de l’enseigner à une autre personne. Il avait découvert que chaque fois qu’il tentait de transmettre ceci à une autre personne, ça devenait plus clair pour lui. Alors, si on voulait être logique, c’est lui qui me devait quelque chose, et non moi. Ça, c’est nouveau… ce gars est totalement idiot… cerveau, éloigne-toi de lui… imaginez que je me promène en disant aux gens comment vivre leur vie… si je pouvais seulement dormir… ce somnifère ne semble pas faire effet.
Il imaginait un grand mouvement de gens comme nous… transmettant discrètement d’un alcoolique à un autre… rien de structuré… pas de ministres… pas de missionnaires… quelle histoire… pensait que nous devions le faire pour aller mieux… un miracle s’était produit dans sa vie… le gars semble sensé… son plan stimule l’imagination.
Je lui ai dit que cela me semblait de l’autohypnose et il a dit, et après… peu lui importe si cela ressemble au yoga, à l’autohypnose, ou à quoi que ce soit d’autre… quatre d’entre eux allaient mieux. Mais, c’est tellement hypocrite… tout le reste a raté et j’abandonne et je me confie à Dieu… ce n’est pas moi qui irais vers Dieu… quel sale tour, lâche et méprisable ce serait… je ne crois pas en Dieu de toute façon… c’est juste de la frime pour subjuguer les masses… les pires inquisitions de l’histoire ont été pratiquées en Son nom… il a dit… est-ce que je dois devenir un inquisiteur… si je ne fais rien, je mourrai… pourquoi missionnaire méprisable… quelle pression bâtarde à imposer à une personne… c’est un chasseur de sorcières… qu’il aille au diable avec ses maudites théories… chasseur de sorcières…
Allez, sommeil, arrive… j’en suis au huit cent quatre vingt cinquième mouton… je devrais en insérer quelques noirs… moutons… bergers… mages… c’était quoi cette histoire… diable, me voilà revenu à la même histoire… je lui ai dit que je ne comprenais pas et que je ne pouvais croire en ce que je ne comprenais pas. Il a répondu que je ne devais donc pas utiliser l’électricité. Personne ne comprenait vraiment d’où elle venait ou ce qu’elle était. Qu’il aille au diable… il a réponse à tout. Qu’est-ce qu’il croyait ? Se soumettre à une quelconque puissance supérieure… demander de l’aide… être sincère… tenter de transmettre le message. Lui ai demandé quel nom il entendait donner à cette chose ? Il a répondu qu’il serait fatal de lui donner une étiquette… de lui donner quelque formalité.
Je deviens fou… j’ai tenté d’engager un débat sur les miracles… sur l’Immaculée Conception… sur l’étoile qui a mené les Rois Mages… sur Jonas et la baleine. Il a voulu savoir si cela changeait quelque chose… il ne se compliquait pas la vie avec ces choses… s’il le faisait, il boirait à nouveau. Alors, je lui ai demandé son opinion sur la Bible. Il a répondu qu’il l’avait lue, et qu’il avait mis en pratique ce qu’il avait compris. Il ne prenait pas la Bible comme une série d’instructions à suivre au pied de la lettre, car on pouvait lui faire dire toutes sortes de choses insensées.
J’ai pensé l’interroger sur mes péchés passés. Je crois bien que je les ai tous commis… J’imagine que je devrais prendre l’attitude que tout était pardonné… me voilà pur et propre comme la nouvelle neige… ou que je devrais passer ma vie à me flageller mentalement… Ouais. Mais, il avait une réponse à ça aussi. Il a dit qu’il