Essai sur le principe générateur des constitutions politiques et des autres institutions humaines
Il est écrit: C’EST MOI QUI FAIS LES SOUVERAINS. () Ceci n’est point une phrase d’Eglise, une métaphore de prédicateur: C’est la vérité littérale, simple et palpable. C’est une loi du monde politique. Dieu fait les Rois, au pied de la lettre. Il prépare les races royales; il les murit au milieu d’un nuage qui cache leur origine. Elles paroissent ensuite couronnées de gloire et d’honneur; elles se placent; et voici le plus grand signe de leur légitimité.
C’est qu’elles s’avancent comme d’elles-mêmes, sans violence d’une part et sans délibération marquée de l’autre: c’est une espèce de tranquillité magnifique qu’il n’est pas aisé d’exprimer. Usurpation légitime me sembleroit l’expression propre (si elle n’étoit point trop hardie) pour caractériser ces sortes d’origines que le temps se hâte de consacrer.
Qu’on ne se laisse donc point éblouir par les plus belles apparences humaines. Qui jamais en rassembla davantage que le personnage extraordinaire dont la chûte retentit encore dans toute l’Europe? Vit-on jamais de souveraineté en apparence si affermie; une plus grande réunion de moyens; un homme plus puissant, plus actif, plus redoutable? Long-temps nous le vîmes fouler aux pieds vingt nations muettes et glacées d’effroi; et son pouvoir enfin avoit jeté certaines racines qui pouvoient desespérer l’espérance.–Cependant il est tombé, et si bas que la Pitié qui le contemple recule, de peur d’en être touchée. On peut au reste observer ici en passant, que par une raison un peu différente, il est devenu également difficile de parler de cet homme, et de l’auguste Rival qui en a débarrassé le monde. L’un échappe à l’insulte et l’autre à la louange.–Mais revenons.
Dans un ouvrage connu seulement d’un petit nombre de personnes à St.– Pétersbourg, l’auteur écrivoit en l’année1810:
«Lorsque deux partis se heurtent dans une révolution, si l’on voit tomber d’un côté des victimes précieuses, on peut gager que ce parti finira par l’emporter, malgré toutes les apparences contraires.»
C’est encore là une assertion dont la vérité vient d’être justifiée de la manière la plus éclatante et la moins prévue. L’ordre moral a ses lois comme le physique, et la recherche de ces lois est tout-à-fait digne d’occuper les méditations d’un véritable philosophe. Après un siècle entier de futilités criminelles, il est temps de nous rappeler ce que nous sommes et de faire remonter toute science à sa source. C’est ce qui a déterminé l’auteur de cet opuscule à lui permettre de s’évader du porte-feuille timide qui le retenoit depuis cinq ans. On en laisse subsister la date, et on le donne mot à mot tel qu’il fut écrit à cette époque. L’amitié a provoqué cette publication, et c’est peut-être tant pis pour l’auteur; car la bonne dame est, dans certaines occasions, tout aussi aveugle que son frère. Quoiqu’il en soit, l’esprit qui a dicté l’ouvrage jouit d’un privilége connu: Il peut sans doute se tromper quelquefois, sur des points indifférens: Il peut exagérer ou parler trop haut: Il peut enfin offenser la langue ou le goût, et dans ce cas, tant mieux pour les malins, si par hasard il s’en trouve; mais toujours il lui restera l’espoir le mieux fondé de ne choquer personne, puisqu’il aime tout le monde; et de plus, la certitude parfaite d’intéresser une classe d’hommes assez nombreuse et très-estimable, sans pouvoir jamais nuire à un seul: Cette foi est tout-à-fait tranquillisante.
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