Daniel Wrinn

La Première Guerre Mondiale


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avaient décollé et entamé leur long voyage dans le ciel sombre de la Mer du Nord. Il s'agissait de la plus grande flotte de dirigeables réunie à ce jour par les Allemands, et leur cible était le quartier général de l'armée britannique à Londres.

      Tous n'étaient pas des zeppelins. La moitié de la flotte avait été fabriquée par une entreprise rivale de dirigeables dont la structure était en bois plutôt qu'en métal léger. Ces dirigeables étaient tout aussi redoutables. Le SL-11 mesurait 174 mètres de long et 21 mètres de haut et pouvait transporter un nombre similaire de bombes.

      Nous avions maintenant une nouvelle arme anti-zeppelin dans notre arsenal. Nous avions utilisé des balles incendiaires contre les dirigeables depuis aussi longtemps que nous avions tenté de les abattre. Ces balles s’étaient révélées inefficaces. De nouveaux incendiaires plus puissants avaient été développés, et les résultats avaient été désastreux. Ces nouveaux types de balles étaient susceptibles d'exploser dans l'arme qui les tirait, et nous avions perdu près d'une douzaine d'avions de guerre britanniques en essayant de les utiliser.

      À la tombée de la nuit, les opérateurs radio des stations d'écoute captèrent une augmentation notable des communications allemandes. Cela suggérait qu'un raid massif était en cours. Les observateurs le long de la côte scrutaient le ciel à la recherche de tout vaisseau en approche. À 10 heures ce soir-là, la flotte de dirigeables est détectée en train de s'approcher de la côte de Norfolk. Le son massif de ses moteurs combinés laisse présager de la taille de l'attaque.

      Les batteries de canons antiaériens et les aérodromes de Londres sont alertés. Sur l'aérodrome de la ferme Suttons, à 30 km au sud-ouest de Londres, je suis en train de préparer mon biplan pour le décollage. Ces lourds avions biplaces étaient normalement utilisés comme avions de reconnaissance. Leurs larges ailes et leurs puissants moteurs leur permettaient de voler plus haut que de nombreux chasseurs plus rapides et plus maniables du Royal Flying Corps. La mission du BE2 était d'intercepter les zeppelins. Il ne transportait généralement qu'un seul membre d'équipage au lieu de deux, cette réduction de poids permettant à l'avion de prendre de l’altitude. J’ai décollé par un ciel sans lune juste après 19h30. Cette nuit-là, j'étais l'un des six pilotes qui tentèrent leur chance dans les cieux dangereux de Londres.

      Il a fallu une heure entière à mon BE2 pour atteindre une altitude de 10 000 pieds. Je scrutais le ciel de velours dans l'espoir d'apercevoir une tâche noire entre les nuages, mais je ne voyais rien. J'ai même éteint mon moteur, dans l'espoir d'entendre les dirigeables en approche.

      Juste après une heure du matin, je repère ce zeppelin, c'était le LZ-98. Je me suis retourné pour attaquer et j'ai tiré une grêle de balles dans le vaste corps du dirigeable. Rien ne s’est produit. Dès que l'équipage a réalisé qu'il était attaqué, il a exécuté la procédure standard du zeppelin. Le LZ-98 s'est élevé rapidement, hors de portée. Alors que j'étais sur le point d'abandonner et de faire demi-tour, j'ai vu quelque chose d'autre se cacher dans les nuages en dessous. Le projecteur avait illuminé un autre dirigeable.

      C'était le SL-11, sur le chemin du retour après avoir largué ses bombes sur la banlieue nord de Londres. Une demi-heure plus tôt, ce dirigeable avait été le point de mire de la plupart des canons anti-aériens du centre de Londres. Ils ne l’avaient pas touché, mais le volume des tirs qui avaient éclatés autour du SL-11 avait convaincu son capitaine de faire demi-tour et de se diriger vers le nord.

      Je me suis retourné pour faire face à mon ennemi. Le SL-11 avait disparu dans un banc de nuages et vingt minutes passèrent. J'envisageais de rentrer à la base avant d’épuiser le reste de mon carburant. Le dirigeable apparut à nouveau. Des canons anti-aériens lui tiraient dessus et des projecteurs captaient occasionnellement sa forme énorme dans leur faisceau. J'ai viré mon BE2 pour lui faire face. Cette fois, je ne le laisserai pas s'échapper. Ma mitrailleuse était prête à tirer. Mon avion bascula. Je sentis la chaleur d'une explosion en dessous de moi.

      Les canons anti-aériens tiraient sur le dirigeable et leurs obus explosaient à la hauteur à laquelle ils pensaient que la cible se trouvait. Ils ne savaient pas que mon avion se trouvait à la même hauteur. Les pilotes n'avaient pas de radios pour alerter leurs camarades au sol, mais il existait une procédure pour ce genre d'urgences. Je pourrais lancer une fusée éclairante, mais cela préviendrait aussi l'équipage du dirigeable qu’il était traqué. J'ai continué à me rapprocher en espérant que mon avion ne serait pas touché.

      Je suis arrivé sur ma cible en chandelle par en dessous avec l’avant de sa coque pour objectif. Alors que la majestueuse silhouette se profilait au-dessus de moi, j'ai tiré mes balles incendiaires dans le grand corps gazeux du vaisseau.

      Je volais en piqué dans la direction du zeppelin. Je vis des obus éclater et des traceurs lumineux fuser tout autour. Alors que je me rapprochais, je m'aperçus que le viseur anti-aérien visait trop bas, et à 800 pieds derrière moi. Je fis une passe de la proue à la poupe en tirant un baril complet de munitions le long du vaisseau. Cela semblait n’avoir aucun effet.

      J’engageais un nouveau chargeur dans ma mitrailleuse tout en pilotant. C’était un processus délicat. La mitrailleuse du dirigeable se déchaîna sur moi. Je partis en piqué dans la nuit noire puis je fis demi-tour pour une deuxième tentative. J'avais vidé à nouveau tout mon baril de munitions, et toujours rien.

      Après cette passe, je me rapprochai de la nacelle de l'équipage et j'aperçus les silhouettes des hommes à l'intérieur. Ils étaient conscients que je les attaquais. Après tout, ils étaient impliqués dans le bombardement du territoire en contrebas, et le rugissement de leurs propres moteurs les aurait empêchés d'entendre mon petit avion. Je commençais à m'impatienter. Les balles incendiaires représentaient un danger bien plus grand pour le pilote qui les tirait que pour le dirigeable qu'elles visaient. Mais, risquant une attaque des mitrailleuses des Allemands et de mon camp, je retournais l'avion pour la troisième fois.

      Je le suivais maintenant de près en concentrant un baril sur une partie du fuselage. J'avais presque vidé le baril que la partie sur laquelle je concentrais mon tir se mit à briller. Quand mon troisième baril fut vide, les projecteurs de recherche braqués sur le zeppelin étaient éteints et les tirs aériens s’étaient arrêtés. Je me suis écarté du chemin du zeppelin suivant. Je tremblais d'excitation et je lançais deux fusées rouges et une fusée parachute.

      Quelque chose d'incroyable se produisait dans le corps du dirigeable. La partie pleine de gaz où j'avais concentré mon tir s'est enflammée, éclairant l'intérieur de la coque comme une lanterne magique.

      La poupe du dirigeable s'est ouverte dans une immense explosion et a projeté mon petit avion comme une plume de papier dans une rafale de vent. Le feu s'est rapidement propagé le long du corps entier du vaisseau. J'ai vu de nombreux membres de l'équipage sauter du zeppelin pour éviter d'être brûlés vifs.

      J'ai tiré le reste de mes fusées, j'étais déterminé à faire savoir aux canons anti-aériens en bas que c'était moi qui avais abattu le dirigeable et non eux. J'ai fait pivoter mon avion pour retourner à la base aérienne et j'ai constaté que le SL-11 s'était déjà écrasé au sol. L’incendie dégageait une lueur si intense que je pouvais distinguer les formes des maisons tout le long de la bordure extérieure du nord-est de Londres.

      J'avais prouvé qu'il était possible de descendre ces énormes machines. Malgré l'heure matinale, dans tout Londres, les gens se sont précipités dans les rues pour chanter et danser. Les cloches des églises ont sonné, les sirènes ont hurlé, les sirènes des bateaux et les moteurs ont retenti. Les dirigeables avaient causé une telle terreur pendant si longtemps. Mais maintenant, nous avions trouvé notre vengeance.

      Tout autre équipage de dirigeable allemand avait très certainement vu l'énorme brasier illuminant le ciel nocturne dans le lointain. Les dirigeables n'étaient pas indestructibles après tout. La disparition du SL-11 a affecté leur performance car le raid sur Londres cette nuit-là fut loin d'être un succès. Bien que les dirigeables aient largué un grand nombre de bombes, seules quatre personnes avaient été tuées et douze autres blessées. Seize