Oleg Vasiljevitch Filatov

L’inconnu Tsarévitch Alexis. Souvenirs de la famille de Filatov au Tsesarevitch Alexis


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      Souvenirs de la famille de Filatov au Tsesarevitch Alexis

      Oleg Vasiljevitch Filatov

      © Oleg Vasiljevitch Filatov, 2019

      ISBN 978-5-4496-1589-3

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      L’Inconnu Tsesarevich Alexis

      Préface de l’éditeur russe

      En 1988, dans un centre de district voisin d’Astrakhan, mourait Vassili Ksenofontovitch Filatov, professeur de géographie de village. Peu avant sa mort, il avait commencé à raconter à sa femme et à ses enfants – un fils et trois filles – l’histoire fantastique de sa vie. D’après ses récits, ils apprirent que Vassili Filatov n’était pas son vrai nom, qu’en réalité, il n’était autre qu’Alexis Romanov, fils de Nicolas Romanov, le dernier tsar de Russie, et qu’il avait été sauvé par des soldats lorsque le reste de sa famille avait été exécuté en 1918. Au moment où Vassili relatait son histoire, les reliques de la famille impériale n’avaient pas encore été découvertes sur la vieille route de Koptiaki, aux abords d’Iekaterinbourg. Cette tragédie ne constituait pas encore pour les historiens un sujet brûlant, pas plus qu’elle n’avait attiré l’attention internationale. Quand tout fut dévoilé, la famille Filatov, abasourdie, se rendit compte que la plupart des histoires racontées par Vassili Ksenofontovitch, jusqu’aux détails les plus banals, coïncidaient avec les faits que l’on venait de dévoiler. A l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de l’exécution, on décida d’entreprendre l’identification des restes de Iekaterinbourg et d’effectuer de nouvelles recherches utilisant les méthodes les plus modernes.

      Comme Starinkevitch, ministre de la Justice des blancs sous l’amiral Alexandre Koltchak, le nota dès le début, l’affaire de l’exécution de la famille impériale avait la « particularité de ne pas présenter ce que l’on trouve presque toujours dans les cas de meurtre et ce qui sert souvent à prouver le crime en lui-même: des cadavres. En conséquence, d’autres voies durent être explorées pour démontrer qu’il y avait eu assassinat1”. L’absence de preuve matérielle a inévitablement donné lieu à des versions divergentes de la même histoire. Sous le régime soviétique, la thèse officielle, généralement acceptée, se fondait sur le mythe que la décision d’exécuter les Romanov « avait été prise consciemment, en connaissance de cause de la situation de l’époque, et mise en vigueur avec une détermination absolue, d’inspiration purement prolétarienne2”. D’où l’idée trompeuse que l’exécution avait été longuement préméditée et méticuleusement organisée. Selon cette version officielle, les corps des victimes avaient été brûlés de sorte qu’il était inconcevable qu’un membre de la famille du tsar ait pu survivre et recouvrer la liberté.

      On sait aujourd’hui que la décision fut prise – et l’exécution préparée et menée à bien – en moins de trois jours, et que les « farouches révolutionnaires” se trouvaient être les mêmes jeunes aventuriers sans scrupule qui assassinèrent de leur propre autorité, sans attendre les ordres de Moscou, le grand duc Michel Alexandrovitch Romanov (frère de Nicolas II), l’archevêque Hermogène de Tobolsk et bien d’autres. Pour le restant de leurs jours, ceux d’entre eux qui survécurent se démèneront pour s’arroger chacun le droit d’être considéré comme le principal meurtrier et bénéficier des avantages consentis à un tel personnage. Mais cela, ce fut plus tard. Au moment de l’exécution, en 1918, alors que les blancs approchaient de la ville et que personne ne savait quel camp l’emporterait – les bolcheviks n’avaient toujours pas les rênes en main, au lendemain d’un coup d’Etat qui n’était pas encore une révolution – la question de la dévolution du pouvoir restait posée. A l’époque, tuer le « souverain consacré par Dieu” et sa progéniture devait être une terrible mission et il y a fort à parier que les meurtriers n’étaient pas tous d’accord pour l’accomplir. Parmi eux il se trouvait probablement des hommes qui compatissaient au sort des victimes et tentèrent d’en sauver quelques-unes.

      Dès que l’on prend connaissance des dépositions des participants au crime, la légende d’une organisation méticuleuse de l’exécution et de l’inhumation s’effondre. Tous signalent la confusion lors de la fusillade, et la pagaille au moment de l’ensevelissement des corps, mais les versions different dès qu’on entre dans les détails. Tous s’accordent dans les grandes lignes, mais chacun comble les trous par des anecdotes de son cru. Ils n’auraient pas agi autrement si un membre de la famille Romanov, ayant réchappé au peloton d’exécution, n’avait pu être retrouvé au moment de l’ensevelissement. Une reconstitution de l’exécution – des coups de feu tous azimuts dans une pièce remplie de fumée – laisse supposer qu’une telle issue est possible. Et si tel avait été le cas, les fautifs auraient incontestablement dû le taire et garder le secret leur vie durant.

      Si l’on analyse les sources dans cette optique, des contradictions sautent aux yeux entre les différentes dépositions. En évoquant par exemple l’exécution et l’ensevelissement des corps, tous les participants parlent des diamants cousus à l’intérieur des « corsets” et « brassières” découverts sur les corps des victimes. Or, dans son témoignage, Iourovski indique spécifiquement que trois des enfants seulement – Tatiana, Olga et Anastasia – portaient « une sorte de corset spécial”. Bien sûr, il ne s’agissait pas de corsets ordinaires mais de gaines bien particulières confectionnées par la tsarine Alexandra elle-même, ou à sa demande. Son objectif était clair. Elle ne pouvait imaginer qu’on tirerait sur ses enfants, et pensait que ces pierres précieuses leur permettraient de survivre si la famille venait à être dispersée. Marie aurait dû en porter elle aussi. En outre, il semblerait parfaitement naturel que cette mère se soit préoccupée par-dessus tout de son fils, son benjamin, qui était malade et par conséquent encore plus démuni que ses sœurs. Aucune déposition ne fait allusion à des pierres précieuses trouvées sur le corps d’Alexis. Ni à une amulette contenant le portrait de Raspoutine et le texte d’une prière, découverte, en revanche, « autour du cou de chacune des jeunes filles”. Le tsarévitch en portait pourtant une identique. Il n’en est fait mention nulle part. Soit, pour des raisons inexpliquées, ils ne dévêtirent pas Alexis, soit… celui-ci n’était pas là. Notons qu’en 1998, une commission gouvernementale établit que les reliques d’Alexis et de Marie manquaient sur le site d’ensevelissement.

      Et s’ils avaient été sauvés après tout? Auraient-ils pu survivre et quel aurait été leur sort? La manière la plus simple de régler la question fut de recourir à la méthode employée par les officiels du bureau de l’état civil de Saint-Pétersbourg en 1997: ils délivrèrent un certificat de décès (adressé à qui, nous l’ignorons!) établissant qu’Alexis et Marie Romanov étaient bien morts en 1918. Les auteurs de cet ouvrage ont choisi une autre optique fondée sur leur propre enquête, totalement indépendante. L’originalité de leur approche s’explique par leurs professions, assez inhabituelles dans le cadre d’une affaire relative à une recherche historique.

      Vadim Vadimovitch Petrov a également suivi de hautes études en droit et en médecine; il est spécialiste enmédecine légale et en détection du crime depuis 14 ans, et professeur expérimenté en médecinelégale et détection du crime. Il est diplômé en médecine, spécialisation médecine légale. L.N. Gavrilov a suivi de hautes études en droit; il est spécialiste en détection du crime et tra-vaille dans ce domaine depuis plus de 45 ans, principalement comme professeur associé. Il estinterne en médecine légale, dans la spécialité du processus criminel et de la détection de crime. Ils ont participé à plusieurs examens médico-légaux inclus dans ce livre; V. V. Petrov commente également les analyses effectuées par d’autres. Igor Vladimirovitch Lyssenko est physicien nucléaire et diplômé de l’Académie de théologie. Il a travaillé sur Vassili Filatov pour la Commission pour la canonisation des saints du Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe. Quant à Georgi Borissovitch Egorov, il est professeur et docteur en ingénierie, analyste des systèmes dans diverses sphères techniques et humanitaires, et spécialiste de la chimie des hautes températures (y compris la combustion des poudres) et du contenu et de la précision de la mesure. Skieur de haut niveau, il a pris part à des compétitions de ski internationales pour les handicapés à Iekaterinbourg où il gère un centre de ski destiné aux enfants à mobilité réduite. De par ses connaissances en orthopédie et en médecines parallèles, Egorov est on ne peut plus qualifié pour répondre à la question de savoir comment le tsarévitch, un adolescent hémophile, a pu échapper à l’exécution