Морган Райс

Une Couronne Pour Des Assassins


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femme qui venait d'inviter Jan à danser était belle, habillée avec élégance et pleine de grâce. S'il l'avait rencontrée un an plus tôt, Jan aurait pu accepter de danser avec elle et presque tout ce qu'elle aurait suggéré d'autre mais, à présent, il ne pouvait plus le faire. Il ne ressentait rien en la regardant parce que, s'il se demandait si elle lui plaisait, c'était comme s'il comparait une bougie au soleil. Sophia était la seule qui compte.

      “Je suis désolé”, dit-il en essayant d'être gentil, d'être bon, d'être toutes les choses qu'il fallait qu'il soit, “mais il y a … quelqu'un que j'aime profondément.”

      “Quelqu'un qui vous attend à Ishjemme ?” dit la femme noble avec un sourire espiègle. “Cela signifie qu'elle n'est pas ici.”

      Elle tendit la main vers une des attaches du pourpoint de Jan mais ce dernier lui saisit le poignet avec autant de gentillesse que de fermeté.

      “Comme je l'ai dit”, dit-il avec un sourire plein de regrets, “je l'aime beaucoup. Je ne le dis pas pour vous insulter mais je ne suis pas intéressé.”

      “Un homme fidèle”, dit la femme noble en se détournant pour partir. “Qui qu'elle soit, j'espère qu'elle sait toute la chance qu'elle a.”

      “Si seulement les choses étaient aussi simples”, dit Jan en secouant la tête.

      Il traversa la fête en essayant de ne pas avoir l'air trop sinistre. Il ne voulait pas gâcher le plaisir des autres en ce jour, surtout le plaisir de Sophia. Il avait compris que c'était ce qu'il y avait de plus douloureux dans son amour pour elle : il n'arrivait pas à être aussi égoïste qu'il aurait dû être. Il aurait dû se sentir jaloux de Sebastian, aurait dû le détester passionnément. Il aurait dû en vouloir à Sophia d'avoir choisi un homme qui l'avait écartée une fois au lieu de le choisir, lui, qui l'avait toujours aimée.

      Il ne pouvait pas être jaloux. Il aimait trop Sophia pour cela. Il voulait qu'elle soit heureuse plus que toute autre chose au monde.

      “Ça va, Jan?” lui demanda Lucas en approchant de lui avec la sorte de discrétion qui rendait Jan heureux de savoir qu'ils n'auraient jamais à se battre ensemble à l'épée. Jan avait toujours pensé qu'il savait se battre mais le frère et la sœur de Sophia étaient hors catégorie.

      Comme les pensées de Jan ne pouvaient être lues par autrui, ils n'auraient pas à se battre. Jan ne pensait pas que, si Lucas apprenait à quel point Jan était amoureux de sa sœur, il l'accepterait aussi facilement.

      “Je vais bien”, dit Jan. “Il y a peut-être un peu trop de nobles qui essaient de m'attraper comme un pêcheur qui cherche à attraper un espadon.”

      “J'ai eu le même problème”, dit Lucas. “De plus, c'est difficile de faire la fête quand on pense à autre chose en même temps.”

      L'espace d'un instant, Jan pensa que Lucas avait dû d'une façon ou d'une autre franchir les barrières qui protégeaient ses pensées et qu'il avait vu des choses qu'il n'aurait pas dû voir. Peut-être était-ce si clairement écrit sur son visage qu'il n'avait pas besoin de lire dans les pensées pour le comprendre.

      “Je suis heureux pour mes sœurs”, dit Lucas avec un sourire. “Il y a juste une partie de moi qui voudrait que nos parents soient là pour assister à tout ça et qui sait que j'aurais pu être en train de les retrouver. Peut-être aurais-je pu les ramener à temps pour assister au mariage de Sophia et à la naissance de leur petit-enfant.”

      “Ou peut-être devons-nous parfois être forts et accepter le fait que les choses ne se passent pas forcément comme nous le voulons”, suggéra Jan. “Donc, cela signifie que tu dois être ici. Tu pourras ainsi voir ta nièce ou ton neveu.”

      “Nièce”, dit Lucas. “Les visions nous privent du plaisir de deviner. Cela dit, tu as raison, Jan. J'attendrai. Tu es un homme bon, mon cousin.”

      Il serra le bras à Jan.

      “Merci”, dit Jan, même s'il n'était pas toujours sûr de le croire. Un homme vraiment bon n'espérerait pas que Sophia finirait par se détourner de tout ça et par l'aimer comme il l'aimait lui-même.

      “Au fait”, dit Lucas, “si je te cherchais, c'est parce qu'un message est arrivé par oiseau pour toi. Le garçon qui l'a amené de la volière est là-bas.”

      Jan se tourna et vit un jeune homme qui se tenait près d'une des tables de banquet et y prenait de la nourriture comme s'il n'était pas certain qu'elle soit destinée aux gens comme lui.

      “Merci”, dit Jan.

      “Pas de problème. Il faut que je retourne auprès de Sophia. Je veux y être pour assister à la naissance de ma nièce.”

      Lucas s'éloigna, laissant Jan se diriger vers le messager. Le garçon eut l'air un peu coupable quand Jan approcha. Il se fourra du gâteau dans la bouche et mâcha hâtivement.

      “Ne t'inquiète pas”, dit Jan. “La fête est pour tout le monde et pour toi aussi. Il y a des choses que tout le monde devrait avoir le droit de fêter.”

      “Oui, mon seigneur”, dit le garçon. Il tendit un message. “Ceci vient d'arriver pour vous.”

      Il tendit un message serré en forme de rouleau à Jan, qui le leva et le lut.

      Jan, Endi a pris Ishjemme. Il tue des gens. Rika est sa prisonnière. Je suis obligé de faire ce qu'il dit. Nous avons besoin d'aide. Oli.

      Le message figea Jan sur place. Il ne voulait pas y croire. Endi ne ferait jamais ce genre de chose. Il ne trahirait jamais Ishjemme comme ça. Cependant, il était impensable qu'Oli mente et Endi … eh bien, Endi avait toujours aimé intriguer en marge du monde et le fait que tant de leurs navires aient fait demi-tour au milieu de la bataille d'Ashton avait de quoi rendre soupçonneux.

      Malgré cela, l'idée que son frère ait mené une sorte de coup d'état dure à accepter. Si quelqu'un d'autre avait envoyé ce message, Jan l'aurait traité de menteur. Mais Oli … il ne savait pas quoi faire.

      “Je ne peux pas le dire aux autres”, se dit-il. S'il le disait à ses frères et à sa sœur, ils voudraient repartir à toute vitesse pour s'assurer qu'Ishjemme soit en sécurité et cela priverait Sophia du soutien dont elle avait désespérément besoin. Cela dit, il ne pouvait pas ignorer un message comme celui-là.

      Cela signifiait qu'il fallait qu'il rentre à Ishjemme.

      Jan ne voulait pas le faire. Il voulait être ici, aussi proche de Sophia que possible. Il voulait être ici au cas où il y aurait encore des conflits, au cas où elle ou sa famille auraient besoin de lui. Ashton se remettait juste des conflits qui l'avaient détruite et, s'il partait maintenant, il aurait l'impression de l'abandonner. Il avait l'impression que ce serait comme abandonner Sophia.

      “Sophia n'a pas besoin de moi”, dit Jan.

      “Qu'avez-vous dit, mon seigneur ?” demanda le messager.

      “Rien”, dit Jan. “Peux-tu prendre un message pour … l'amener à Sophia quand elle pourra l'entendre ? Amène-lui le message que tu m'as donné et dis-lui que j'ai dû aller m'occuper de quelques problèmes. Dis-lui que …” Il ne pouvait dire aucune des choses qu'il voulait. “Dis-lui que je reviendrai bientôt.”

      “Oui, mon seigneur”, dit le messager.

      Jan partit vers les quais. Les navires de l'invasion y étaient encore et certains capitaines l'écouteraient s'il leur demandait de l'aide. Il n'en emmènerait pas beaucoup, ne pouvait pas supporter l'idée de laisser Sophia sans protection, mais il faudrait qu'il ait quelques forces avec lui pour convaincre son frère de changer d'attitude.

      A ce moment-là, Sophia n'avait pas besoin de lui mais il semblait que ce soit le cas de son petit frère et de sa sœur. Même si Jan détestait l'idée de quitter Ashton à ce moment-là, il ne pouvait pas ignorer le message d'Oli. Il ne pouvait pas laisser Endi prendre Ishjemme par la force. Il