Морган Райс

Une Couronne Pour Des Assassins


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même par rapport à d'autres visions qu'elle avait eues.

      “Puis-je toucher son esprit ?” demanda Lucas quand Sophia eut terminé.

      Sophia hocha la tête, devinant qu'il cherchait des signes indiquant que sa fille n'était pas ce qu'elle semblait être. Après ce que Siobhan avait essayé de faire pour la capturer avant qu'elle ne naisse, la perspective était terrifiante.

      “Elle est encore elle-même”, dit Lucas, “mais je sens son pouvoir. Elle va être plus forte que nous tous, à mon avis.”

      “Mais que signifient les visions ?” leur demanda Sophia. Sa fille avait l'air tellement parfaite dans ses bras. Sophia ne pouvait l'imaginer traverser un champ de bataille d'un pas raide et voler la vie aux gens comme le Maître des Corbeaux aurait pu le faire avec ses oiseaux.

      “Ce sont peut-être des possibilités”, suggéra Kate. “Siobhan me disait qu'elle examinait les fils de l'avenir et qu'elle choisissait les choses qui en provoqueraient d'autres. Peut-être s'agit-il de deux évolutions possibles de sa vie.”

      “Mais nous ne savons pas ce qui fait la différence”, dit Sophia. “Nous ne savons pas comment faire en sorte que seules les bonnes choses se passent.”

      “Tu vas l'élever avec amour”, dit Lucas. “Tu vas bien l'éduquer. Tu vas l'aider à aller vers la lumière, pas vers les ténèbres. La petite Christina aura du pouvoir quoi que tu fasses mais tu peux l'aider à bien s'en servir.”

      Le nom fit frémir Sophia. Même si c'était celui de sa mère, après la vision, elle ne pouvait plus le donner à sa fille. C'était hors de question.

      “Tout sauf Christina”, dit-elle. Elle pensa aux fleurs qu'elle avait vu sa fille tisser dans la rue. “Violette. Nous allons l'appeler Violette.”

      “Violette”, dit Kate avec un sourire, tendant un doigt vers le tout petit bébé pour qu'il le saisisse. “Elle est déjà forte, comme sa mère.”

      “Comme sa tante, si ça se trouve”, répondit Sophia. Son sourire s'assombrit un peu. “S'il vous plaît, ne dites rien de tout ça à Sebastian, ni l'un ni l'autre. Il ne faut pas qu'il ait à supporter cette incertitude sur l'avenir de sa fille.”

      “Si tu veux que je ne le dise à personne, alors, je ne dirai rien”, lui assura Lucas.

      “Moi non plus”, dit Kate. “Si quelqu'un peut l'élever de façon à ce qu'elle devienne une bonne personne, c'est toi, Sophia. De plus, nous serons là pour t'aider.”

      “Absolument”, dit Lucas. Il se sourit à lui-même. “Peut-être aurai-je la possibilité de jouer le rôle de l'Officiel Ko et de lui transmettre quelques-unes des choses qu'il m'a enseignées.”

      Ils avaient l'air vraiment certains que tout se passerait bien et Sophia voulait les croire. Pourtant, une partie d'elle-même ne pouvait pas oublier les choses qu'elle avait vues. Sa fille lui sourit avec une parfaite innocence. Il faudrait que Sophia s'assure que rien de cela ne change.

      CHAPITRE HUIT

      Henry d’Angelica, le fils aîné de Sir Hubert et de Lady Neeme d’Angelica, devait accomplir ce qui lui semblait actuellement être la mission la plus ardue du royaume : essayer d'empêcher ses parents de trop s'attrister des événements qui avaient secoué le royaume au cours des quelques dernières semaines.

      “Ianthe est bouleversée, bien sûr”, dit sa mère entre deux sanglots, comme si la détresse que ressentait la tante de Henry depuis la mort de sa fille était une nouvelle.

      Le père de Henry, qui se débrouillait mieux avec la colère qu'avec la tristesse, donna un coup de son poing ridé sur le bois de la cheminée. “Ces choses que ces barbares lui ont faites … savez-vous s'ils ont mis la tête de la pauvre fille sur une pique ?”

      Henry avait surtout entendu ses parents répéter cette rumeur, avec une centaine d'autres. La maisonnée n'avait pas entendu grand-chose d'autre depuis l'invasion. Angelica avait été faussement accusée de trahison. Angelica avait été taillée en pièces par la populace, pendue ou décapitée. Les envahisseurs avaient envahi les rues et assassiné tous ceux qui portaient les couleurs royales. Ils s'étaient mis avec le fils qui avait assassiné la vieille reine …

      “Henry, tu ne nous écoutes même pas ?” demanda son père.

      Théoriquement, Henry n'aurait pas dû tressaillir. A dix-neuf ans, il était un homme. Il était grand et fort, bon à l'épée et encore meilleur au pistolet. Pourtant, quand il entendait la voix de son père, il redevenait toujours un petit garçon.

      “Je suis désolé, Père. Qu'avez-vous dit ?” demanda Henry.

      “J'ai dit qu'il fallait faire quelque chose”, répéta son père avec une mauvaise grâce évidente.

      “Oui, Père”, dit Henry.

      Son père le regarda avec colère. “Vraiment, malgré toute mon éducation, tu n'es que l'ombre d'un homme. Ton cousin, lui ...”

      “Enfin, mon amour …” commença sa mère, mais de la façon peu enthousiaste dont elle était coutumière.

      “Pourtant, c'est vrai !” dit son père sur un ton cassant en faisant les cent pas devant la cheminée comme un garde devant la porte d'un château. Cela dit, l'homme important qu'était Sir Hubert n'aurait probablement pas apprécié la comparaison. “Ce garçon n'apprend rien. Combien de tuteurs a-t-il eu pendant son enfance ? Ensuite, il y a eu le commandement de cette compagnie militaire dont il a fallu que je le sorte en payant cher, puis il a essayé de rejoindre l'Église de la Déesse Masquée …”

      Henry ne se fatigua pas à signaler que c'étaient ses parents qui avaient été à l'origine de tout cela. S'il y avait eu tant de tuteurs, c'était parce que son père avait l'habitude de les renvoyer dès qu'ils enseignaient une chose qu'il n'approuvait pas; donc, Henry s'était surtout éduqué lui-même dans la bibliothèque de la maison. De même, c'était son père qui avait décidé qu'un commandement dans une compagnie libre n'était pas une bonne place pour son fils. Enfin, l'histoire avec l'Église avait même été l'idée du vieil homme jusqu'au jour où il avait appris que cela signifierait que Henry ne pourrait jamais donner à la famille les héritiers qu'il lui fallait.

      “Tu rêvasses encore”, dit son père sur un ton cassant. “Ta cousine ne rêvasserait pas, elle. Elle a fait quelque chose de sa vie. Elle a épousé un roi !”

      “Et presque épousé un prince deux fois”, dit Henry, incapable de se taire.

      Il vit son père blêmir de colère. Henry connaissait cette expression et savait ce qu'elle présageait. Pendant son enfance, il avait vu cette expression très souvent et avait dû rester immobile et insensible aux gifles ou aux coups de badine qui avaient suivi. Il se prépara à faire de même aujourd'hui.

      En fait, quand son père envoya son coup, Henry se rendit compte que sa main s'était dressée presque automatiquement pour attraper le bras, qu'elle serrait assez fort pour donner un bleu au poing de son père qu'il immobilisait en le regardant d'un air calme. Il recula en laissant retomber le bras de son père.

      Sir Hubert se frotta le poing. “Je veux que tu quittes ma maison ! Tu n'y es plus le bienvenu !”

      “Je pense que vous avez raison”, dit Henry. “Il faudrait que je parte. Veuillez m'excuser.”

      Avec un calme qui le surprit lui-même, il quitta la pièce, monta à l'étage et alla dans la chambre qu'il occupait depuis son enfance. A cet endroit, il commença à rassembler des affaires, à choisir ce qu'il lui faudrait et à se demander ce qu'il allait devoir faire.

      Henry n'avait pas beaucoup connu sa cousine de son vivant. Il y avait ceux qui disaient que, avec ses cheveux blonds, ses yeux bleu foncé et ses beaux traits, il lui ressemblait en fait un peu mais Henry ne l'avait