Marina Iuvara

Une Vie D'Hôtesse De L'Air


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de la part d’un autre membre de l’équipage en service.

      Après quelques heures le téléphone sonna : “ et je gagnai ” un Rome/Athène.

      A l'aéroport, je décidai d’aller dabord aux départs nationaux pour acheter en pharmacie des sparadraps à mettre sur le talon, à cause de la douleur lancinante provoquée par les chaussures neuves à peine achetées, et je découvris, uniquement à ce moment là, qu’elles n’étaient pas parfaitement adaptes.

      Je fis une autre découverte.

      Ne jamais essayer de passer en uniforme dans un quelconque aéroport !

      Je fus bloquée pendant une vingtaine de minutes, en répondant à toutes les questions que m'adressaient les personnes qui me rencontraient : où se trouvaient les pharmacies, les arrêts des taxis, les autobus pour Ostia, les toilettes, les gate d’embarquements ; les questions se suivirent, bien que j’expliquais être une hôtesse de l’air, de surplus en retard sur le vol.

      je dus donc renoncer aux sparadraps et couru à bord, haletante et boîtant.

      Le groupe de collègues était déjà formé, ils étaient unis car déjà en alternance depuis deux jours, et moi, arrivée au dernier moment, j’étais perçue presque comme une intruse, traitement entre autre habituel pour les réserves.

      J’essayais de m’intégrer et d’entrer gentillement dans l’harmonie que je percevais y avoir entre eux.

      Je me présentai au commandant en cabine de pilotage et ensuite à tous mes compagnons de travail, avec mon meilleur sourire.

      La collègue qui travaillait dans mon secteur, au bout de l’avion, avait un délicieux aspect, physique harmonieux, hanches parfaites, traits délicats, cheveux d’un beau châtain foncé ambré, les yeux verts maquillés avec un crayon marron foncé qui délimitait ses couleurs claires et un nez droit, peu prononcé.

      Avant l’arrivée des passagers nous restâmes à bavarder et, comme toujours, nous devoilâmes quelques confidences sur nos réciproques vies privées.

      La collègue mangea une caramelle à la menthe, m’en offrit une, mis un peu de parfum qu’elle avait dans son sac, de la crême sur les mains et alla dans les toilettes pour rafraîchir son maquillage, déjà parfait.

      Nous jettâmes un coup d’oeil sur les titres des journaux d’un quotidien réservé dans le galley.

      Les passagers arrivèrent, nous les disposâmes en cabine en les accueillant: “ Bienvenue à bord ! ”

      Le vol était plein, en cette période tout le monde était en voyage pour les vacances, après l’embarquement, je mis ma ceinture, prête pour le décollage.

      Juste avant que l’avion n’arrive à un axe qui permettait de rester parfaitement en équilibre, nous fûmes tous debouts pour préparer les chariots, réchauffer les repas de la première classe et offrir le welcome drink.

      Je pris malheureusement, également contact avec quelque chose qui a peu à faire avec le monde du vol.

      Le responsable de cabine m’appela car une alerte incendie clignotait dans les toilettes. J’espèrais ne pas être contrainte d’utiliser l’estincteur pour dominer un hypothétique début d’incendie et dans ma mémoire j’avais déjà fixé la position des équipements nécessaires qui se trouvaient près de moi ; je m’approchai prudemment et après avoir frappé à la porte , je l’ouvris avec décision et trouvai un homme sur les cinquante ans qui avait encore un mégot en main et une persistante haleine de fumée qui émanait de ses vêtements ; il présenta résolument des excuses pour l’erreur commise et couru s’assoeir.

      Une vieille dame demanda de récupérer son bagage posé sur la chapelière, car des gouttes d’huile d’olive extravierge embouteillée dans son pays d’origine tombaient d’en haut, tandis qu’un petit garçon hurlait car sa maman l’obligeait à encore tenir sa ceinture de sécurité attachée.

      Il fallait se presser, l’atterrissage était imminent.

      Le passager à la place 5B dit ne pas avoir faim maintenant, et demanda de manger “ après ” : j’étais sidérée, mais ça n’était que le début d’une interminable série d’ ” extravagances ” qui durant les années ont accompagnés et continuent d’accompagner presque chaque vol.

      Il fallait ranger les chariots et tous les plateaux, faire les annonces, compter et plomber toutes les boissons alcooliques avant l’atterrissage et remplir le formulaire qui, à première vue, m’apparut compliqué.

      “ Où sont donc les plombs ? Comment fait-on pour les inserrer correctement dans la fissure ? Où écrit-on le numéro pour la douane ? Quels documents doivent-ils contrôler ? Faut-il les cartes d’embarquements ? “

      Mon aigre expérience me portait souvent à demander de l’aide à ma collègue.

      Zaira m’expliquait tout, calmement, avec ses manières délicates, en m’investissant presque de la lumière de son charme ; elle connaissait à la prefection les dynamiques du service et les procédures d’urgence. Elle alla jusqu’à me montrer, avec une extrême disponibilité, l’emplacement de tous les équipements.

      C’était une femme non plus trop jeune, je pense qu’elle avait dépassé depuis longtemps les quarante ans, mais celà ne représentait pas un problème pour elle, elle n’ apparaissait pas troublée par les années qui passaient. Au contraire, je crois qu’elle savait, de manière évidente, de pouvoir mieux compter sur son expérience et sur sa solidité intellectuelle plutôt que sur la beauté physique qu’elle avait de manière évidente, possédée dans son jeune âge.

      Je préssentis en moi qu’elle connaissait clairement comment contrôler les émotions, comment les tenir sous contrôle, et les adapter aux circonstances.

       J’appris qu’elle avait affronté, récemment, un problème très grave : son compagnon, qu’elle aimait beaucoup, avait été renversé et touché en plein par une voiture qui roulait à une vitesse folle sans se soucier du passage pour piétons.

      Coma profond : selon les médecins irréversible.

      Zaira avait transformé sa douleur en silence, un son muet, elle avait continué de l’aimer, et l’aurait aimé pour toujours, même en sachant qu’elle n’aurait jamais pu vivre comme avant.

      Elle parlait peu, mais parvenait également à offrir un incroyable sourire à la vue des passagers, en parfait standard de service, en montrant de l’empathie et de la chaleur envers tous ; sa maturité transmettait de la sécurité.

      Elle ne jugeait jamais une personne de manière précipitée, elle était une parfaite “ maîtresse de maison ”, toujours disponbile ; elle portait l’uniforme de manière impécable avec des chaussures luisantes et des cheveux ordonnés, une seule exception à la règle un petit bracelet en or blanc de Tiffany & Co, offert à l’occasion d’un anniversaire.

      Je l’observais en essayant de comprendre sa force et ce style si élégant dans la manière de s’adresser aux autres, si féminin, très professionnel.

      Elle arrivait à se mettre dans la peau des autres et évitait prudemment les discussions, elle offrait toujours de l’attention et de la solidarité.

      Comme dans un manuel, certainement ; ce manuel de l’existence que chacun de nous lit et en même temps écrit en soi.

      Je l’aurais toujours prise en exemple et elle fut, sans le savoir, mon point de référence pour le travail. Elle l’est encore aujourd’hui.

      Elle était spéciale, diffèrente.

      Surtout de certains autres collègues plus “ âgés ”, mais pas trop, heureusement ! Au travers desquels en effet - bien vite - je me rendis compte que le

      “ nonnismo ”* n’est pas uniquement un phénomène militaire.

      Les hôtesses appelées