Marina Iuvara

Une Vie D'Hôtesse De L'Air


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au sport, toutes les décisions suivaient les opinions, les tendances et les goûts qui n’étaient pas les miens et ni même mes inclinations, mais ceux de mon père.

      Il choisissait les personnes que je pouvais fréquenter après les avoir soigneusement sélectionées par un précédent entretien de présentation initiale, auquel les personnes choisies devaient se soumettre.

      Je me suis souvent demandée quelle était ma route, ce qui était réellement important, quels étaient mes réels désirs et objectifs, et bien souvent mes réponses étaient totalement différentes de celles imposées par mes parents qui agissaient certainement pour mon bien et pour me former le mieux possibile, mais qui ne reflettaient que leurs rêves.

      Je suivais soigneusement les “ directions proposées ” et je me retrouvais souvent engagée à jouer un rôle qui plaisait sûrement aux autres, mais pas à moi, je sentais naître et se développer en moi des désirs qui ne représentaient pas le rôle que j’interprêtais et que je n’aurais jamais pu dévoiler, car je savais qu’ils auraient été mal supportés : j’étais séduite par la liberté et par l’indépendance, par les voyages et par les lieux lointains.

      J’ai presque toujours tenté de fermer à double tour ces désirs et ces rêves, comme dans un tiroir, avec un grand cadenas, au fond de moi, dans ma mémoire, dans mon coeur qui battait fort, attiré par ces attractions qui étaient considérées comme trop anticonformistes et déplacées.

      Mes rêves de voyager, d’aller vivre à l’étranger, de me détacher de ma famille pour aller vivre seule étaient bien souvent étouffés, je les avais bien emprisonnés et cachés. A l’intérieur de ce tiroir je ne parvenais à percevoir ni les cris ni aucune douleur causée par le chagrin provoqué par ce renoncement.

      J’étais fière de leur avoir trouvé un lieu sûr, en restant dans ce lieu si obscur je n’avais pas la possibilité d’en tenir réellement compte.

      Je ne désirais pas que mes vraies passions soient découvertes et je ne voulais même pas qu’elles existent car si elles étaient connues elles n’auraient procuré que des problèmes ; non seulement elles auraient déçus leurs attentes, mais, dans tous les cas, elles n’auraient pas eu vie facile et auraient été rompues avant même de naître.

      Mon papa, avocat, était certain que j’aurais suivi ses traces.

      J’ai vécu ainsi une grande partie de mon adolescence sans grandes souffrances en parvenant à dépasser brillament les problèmes grâce à ma remarquable procédure secrète, c’est à dire en étouffant et en cachant mes réels désirs et en essayant de contenter les autres.

      Un jour, cependant, un de ces multiples tiroirs s’est un peu trop rempli et pour plus de sécurité, non sans effort, j’ai essayé d’y mettre un autre cadenas.

      De la manière la plus inattendue, il explosa et il s’ouvrit, j’ai entendu des hurlements, des pleurs, des sanglots, comme s’il s’agissait d’une petite fille qui en demandant de l’aide, suppliait de sortir, d’être elle même.

      J’ai refermé ce tiroir, encore une fois, par la force.

      Mais ces sons et ces images tentaient encore de sortir et de se libérer.

      Ils étaient insuportables

      Mon coeur battait toujours plus fort pour écraser le tout et m’étourdir pour oublier.

      C’était un tiroir, un seul !

      J’avais enfermé tant de rêves en pensant ainsi pouvoir être une femme sereine et heureuse.

      J’aurais dû me préoccuper ?

      Que serait-il arrivé si encore une fois il s’était ouvert, et puis peut - être une autre fois encore ?

      Celà me terrorisait mais je ne peux ne pas reconnaître que celà commençait à me tenter de plus en plus.

      Je me suis un jour demandée qui j’étais réellement.

      Je me suis demandée où j’allais et qui avait choisi ma route à suivre.

      Qu’aurais-je découvert en ouvrant ces tiroirs ?

      Serais-je parvenue à réanimer mon essence naturelle désormais agonissante par ces conditionnements externes ?

      Serais-je en mesure de dépasser mes faiblesses et affronter mes peurs ?

      Je suis une personne optimiste, j’aime la vie ; je suis sociable et j’attache une importance fondamentale à l’amitié.

      Entre femmes, malheureusement, il n’est pas inhabituel de voir s’instaurer de fastidieux et inutiles sentiments d’envie et de jalousie, pour cette raison, arriver à une solidarité spéciale et à la complicité qui unit réellement devient extrêmement rare.

      Ca n’est pas facile de trouver un vraie amie, toutefois si on a cette chance, tout orgueil et compétition disparaissent, un respect total s’installe, la confiance aveugle et la loyauté grandissent.

      L’union devient indissoluble, l’amitié devient un bien à sauvegarder des improbables, rares et exceptionnels évènements négatifs qui auraient la force de l’affaiblir, même si en réalité ils ne peuvent rien contre l’agréable bien être que l’on éprouve à être unis, à se confier les secrets les plus intimes, à partager les rires, les épreuves de la vie, les émotions, à se critiquer réciproquement, et trouver des solutions en commun ; l’objectif principal étant l’union et la force du couple.

      Je connais une personne spéciale qui reflète ces caractéristiques. Stefania n’est pas seulement une amie, parfois elle est une mère qui étend ses conseils, parfois elle est la fille à laquelle je donne mon amour ; celà peut

      sembler étrange mais la voir interprêter le rôle de la fiancée jalouse n’est pas improbable, surtout si je la délaisse un peu, cependant elle reste toujours l’épaule sur laquelle m’appuyer, la parole qui me réconforte, le respect de mon silence, la compréhension de mes faiblesses et le doux poids à supporter.

      Stefania a un physique athlétique, elle est très grande, quelques centimètres en plus que moi.

      Ses cheveux sont châtains et luisants avec des nuances qui tendent au roux foncé comme le bois d’amarante, souvent reccueillis en une tresse qui se déplace sur son dos. Elle s’habille habituellement de manière décontractée, elle privilégie les avantages pratiques de ce qu’elle porte, moi, au contraire, je préfère porter des vêtements plus féminins, selon son opinion plus gracieux et douceâtres.

      Sa sincère exubérance et sa naturelle franchise, portent parfois à des jugements impitoyables.

      Malgré les centaines de kilomètres qui nous séparent actuellement, je sais de toujours pouvoir compter sur elle et vice e versa.

      Nous nous supportons, nous nous critiquons avec obstination, nous emettons de dures sentences, nous nous félicitons et nous nous envoyons promener … toujours affectueusement, difficile de vivre l’une sans l’autre.

      La sécurité réciproque rend cette sincère amitié spéciale, un ingrédient habituellement absent dans les liens amoureux.

      Nous avons une grande passion en commun : partir vers des destinations lointaines.

      J’ai toujours adoré voyager, celà me donne une sensation de bonheur.

      Lorsque je m’éloigne de tout et de tous et me retrouve dans des dimensions et des horaires différents, c’est comme si je parvenais à évaluer le reste “ de l’extérieur, de loin “, avec un détachement effectif tant physique que mental.

      Tiziani Terzani a écrit que “ Notre destination n’est jamais un lieu, mais une nouvelle manière de voir les choses ” : c’est ainsi pour moi aussi et pour nous tous.

      En voyage je parviens à mieux voir à l’intérieur de moi même, à voir clairement qui je suis et à m’améliorer.

      C’est