Rolf Nagel

La fin de la mafia mondiale


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personnellement dans ce monde de l'ombre. Pendant plusieurs années, l'idée mûrit chez l'auteur d'écrire un roman sur l'organisation de la mafia internationale. Ses propres expériences économiques se fondraient dans l'histoire. Le roman ne prétend aucunement être exact ou livrer une recherche scientifique, il relate au contraire les impressions de son auteur.

      Au fil de sa propre formation à la littérature, l'auteur parvenait rarement à lire une histoire du début à la fin, par manque de temps.

      Lorsqu'il reprenait sa lecture, il devait relire plusieurs paragraphes pour pouvoir comprendre l'histoire. Ce roman est conçu pour palier à ce problème et pour se lire aisément, les chapitres indépendants rendent la reprise de la lecture plus facile. Il convient donc parfaitement pour les vacances ou un voyage.

      Pour l'auteur, il était important d'y intégrer des informations relatives au monde de la finance sans que des connaissances financières particulières soient requises. Ce n'est certes pas le suspense qui manque, mais il ne s'agit pas d'un énième récit sanglant sur la mafia tel qu'il y en a déjà en quantité.

      Le roman reflète la réalité du quotidien et permet d'appréhender l'avenir de ceux qui tirent les ficelles. Les acteurs de la mafia agissent aujourd'hui dans le monde des affaires de manière bien plus discrète qu'on ne le pense en général.

      Il n'est pas exclu que certains faits relatés dans le livre se soient réellement passés ou qu'ils se réaliseront dans le futur. Toutefois, les personnages et les situations de ce récit sont purement fictifs, toute ressemblance avec des personnages, des lieux ou des situations réelles ne saurait être que fortuite. Je vous souhaite une bonne lecture.

      

      Le banquier victime d'une douce conspiration

      Karl Grosser fut arraché à sa vie bourgeoise à la suite d'une conspiration et devint un parrain de la mafia internationale. C'était un homme grand et bien bâti avec des pommettes prononcées, il était doté d'un fort magnétisme érotique. Il était toujours habillé avec soin et menait une vie très rangée. Il n'y aurait en réalité rien de particulier à rapporter à son sujet, si sa vie n'avait été bouleversée du tout au tout en l'espace d'un seul week-end.

      Comme chaque dimanche, il marchait seul sur la promenade et survolait sa vie passée. Il était assez satisfait de lui-même, bien que nombre de ses collègues le trouvent ennuyeux. À quarante ans, il avait réussi à acquérir un bel appartement et travaillait depuis de nombreuses années pour le compte d'une banque privée en qualité de responsable de service. Qu'aurait-il pu attendre de plus de la vie ? Les femmes ne jouaient pas un rôle important dans sa vie, et à ses yeux, c'était aussi bien comme ça. Il voyait autour de lui suffisamment de mariages ratés et de liaisons désastreuses se terminer régulièrement en débâcle.

      Pour admirer le coucher de soleil au cours de sa promenade, il avait pour habitude de faire une halte sur un banc au bord de l'eau, banc qu'il considérait presque comme son bien propre. Ce jour-là donc, il se dirigea vers « son » banc qu'il pouvait déjà apercevoir trois cent mètres avant. Mais qu'est-ce que cela voulait dire ? Durant toutes ces années, pareille chose n'était jamais arrivée. Sur son banc en bois était assis un individu, tel un complot, une atteinte à sa personne.

      De plus près, il fut frappé par les courbes d'une femme élégante. Mais il n'avait pas du tout l'intention d'aborder cette personne. C'était peut-être une femme dont il pourrait tomber amoureux – sans réciproque. Il ne pouvait courir un tel risque. Que faire ? Il se demandait comment réagir à cet imprévu. Devait-il continuer son chemin sans même un regard et renoncer au plaisir du crépuscule ? Ou devait-il plutôt s'asseoir à côté d'elle sur le banc ? En ignorant bien sûr totalement ce concentré de féminité.

      À quelques mètres du banc, il fut contraint de se décider rapidement. À sa grande surprise, il adressa la parole à cette jolie féminité : « Bonjour, est-ce que je peux prendre place ? »

      À ce moment-là, il n'avait pas la moindre idée des répercutions qu'allait avoir cette petite question sur l'humanité toute entière. Joyeusement, avec un sourire posé sur ses lèvres rouges, l'impertinente répondit : « Volontiers, Monsieur. »

      Il s'assit à côté d'elle avec un bref « merci beaucoup », lui tournant légèrement le dos par précaution. À ses yeux, il estimait en avoir fait suffisamment pour répondre aux exigences de la politesse. Il n'avait pas le moins du monde l'intention de poursuivre la conversation. Sa colère naissante ne le lui permettait pas vraiment, même si cette féminité était extrêmement jolie. Ils étaient donc assis sur son banc, à quelques centimètres l'un de l'autre, les jambes croisées dans la même direction, ce que n'importe quel étudiant en psychologie aurait interprété comme l'expression d'un intérêt réciproque. Pendant un certain laps de temps, aucun d'eux ne fit signe de faire le premier pas.

      Cette histoire aurait donc pu s'arrêter là, si cette personne du beau sexe n'avait pris l'offensive.

      La jeune femme ouvrit son sac à main d'un prix exorbitant et en sortit un porte-cigarettes doré duquel elle prit une cigarette féminine. Elle continua alors à farfouiller dans son petit sac comme s'il s'agissait de fouiller une énorme valise pour un voyage de plusieurs semaines.

      Karl jouait son rôle en faisant comme si de rien n'était. Au bout d'un certain temps, il perçut la phrase : « Excusez-moi, Monsieur, auriez-vous du feu, s'il vous plaît ? » Karl n'en croyait pas ses oreilles. Mais son éducation de gentleman ne lui permettait pas de se délecter d'ignorer la question. Oui, il possédait un briquet dans la poche de sa veste. Non-fumeur, il ne l'avait sur lui que pour exhausser le souhait d'un interlocuteur en pareille circonstance. Cet objet élégant faisait rarement usage, mais son existence se légitimait justement en de telles occasions.

      Évitant de s'exposer plus encore au spectacle des courbes féminines, il ouvrit sa veste et sortit un briquet luxueux de sa poche intérieure. Il adorait ce rituel et parfois, il aurait aimé se mettre à fumer pour profiter plus souvent de cet acte viril. D'un geste élégant de la main, il ouvrit le couvercle du briquet pour faire jaillir une flamme d'un seul coup de pouce, ce à quoi il s'était longuement exercé. La jeune femme s'approcha de la flamme et alluma sa cigarette en tirant maladroitement dessus.

      Avant même que la cigarette soit allumée, l'odeur douce et agréable de son parfum lui parvint aux narines. Il ne put ignorer l'harmonie des rondeurs féminines qui se dessinaient sous un léger décolleté. Il perçut aussitôt la réaction involontaire de son corps. Il sentit un mélange de colère et de désir insoupçonné monter en lui. Ses sentiments s'apparentaient à ceux d'un gladiateur dans l'arène. Plongé dans la confusion de ses sentiments, il perçut de nouveau la voix sensuelle de sa voisine : « Merci beaucoup, je m'appelle Marian. » Il répondit mécaniquement : « Karl, mon nom est Karl Grosser. »

      « Karl, êtes-vous né ici ? », l'entendit-il demander dans un allemand presque parfait. À l'accent, on devinait une langue maternelle latine comme l'espagnol ou l'italien. Marian associait le vouvoiement et le prénom dans un équilibre bien dosé entre familiarité et respect, ce qui était inhabituel en Allemagne.

      « Oui, j'ai passé toute ma vie dans cette ville. » Il la regardait dans ses magnifiques yeux noirs et discerna les traits de son visage subtilement maquillé.

      Elle enchaîna immédiatement : « C'est vraiment une belle petite ville avec un charme très pittoresque. Cela doit être encore plus beau de découvrir cette ville à deux. Malheureusement, je suis toute seule ici aujourd'hui. »

      Karl se demandait à quoi rimaient ces sottises sur la vie à deux. Il doutait que sa manière directe de parler corresponde à son éducation. Elle n'était quand même pas une de ces femmes qui s'adonnaient à la prostitution ? Néanmoins, il répondit poliment : « Mais une aussi jolie femme doit bien avoir un partenaire à ses côtés. »

      « Non, ce n'est malheureusement pas le cas, mais cela peut changer. Et qu'en est-il de vous, Karl ? », entendit-il de sa bouche.

      Karl