Уильям Шекспир

Henri VI. 2


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Dieu veuille que le duc d'York réussisse à se justifier!

      YORK. – Quelqu'un accuse-t-il York de trahison?

      LE ROI. – Que signifie tout ceci, Suffolk? Dis-moi qui sont ces hommes?

      SUFFOLK. – Avec la permission de Votre Majesté, cet homme est celui qui accuse son maître de haute trahison. Il assure lui avoir entendu dire que Richard, duc d'York, était le légitime héritier de la couronne d'Angleterre, et que Votre Majesté était un usurpateur.

      LE ROI, à Horner.-Dis, as-tu tenu ce discours?

      HORNER. – Avec la permission de Votre Majesté, je n'ai jamais rien dit ni pensé de semblable. Dieu m'est témoin que je suis faussement accusé par ce coquin.

      PIERRE, levant les mains en haut.-Par ces dix os, milords, il m'a dit cela un soir que nous étions dans le grenier à nettoyer l'armure du duc d'York.

      YORK. – Infâme misérable, vil artisan, ta tête me payera tes criminelles paroles. Je conjure Votre Royale Majesté de le livrer à toute la rigueur de la loi.

(York sort.)

      HORNER. – Hélas, milord, que je sois pendu si jamais j'ai prononcé ces mots. Mon accusateur est mon apprenti. L'autre jour, comme je l'avais corrigé pour une faute, il a fait serment à genoux qu'il me le revaudrait: j'ai de bons témoins du fait. Je conjure donc Votre Majesté de ne pas perdre un honnête homme sur l'accusation d'un coquin.

      LE ROI. – Glocester, que pouvons-nous légalement ordonner sur ceci?

      GLOCESTER. – Voici mon jugement, seigneur, s'il m'appartient de décider: donnez à Somerset la régence de la France, parce que ceci a élevé des soupçons contre York, et indiquez un jour, un lieu convenable pour le combat singulier entre ces deux hommes. Telle est la loi, telle est la sentence du duc Humphroy.

      LE ROI. – Qu'il en soit ainsi. Milord de Somerset, nous vous nommons lord régent de France.

      SOMERSET. – Je remercie humblement Votre Royale Majesté.

      HORNER. – Et moi, j'accepte volontiers le combat.

      PIERRE. – Hélas! milord, je ne saurais combattre. Pour l'amour de Dieu, prenez en pitié ce qui m'arrive; c'est la méchanceté des hommes qui m'a conduit là. O seigneur, ayez pitié de moi! Jamais je ne serai en état de porter un coup. O Dieu! ô mon coeur!

      GLOCESTER. – Il faut que tu te battes ou que tu sois pendu.

      LE ROI. – Conduisez-les en prison. Le dernier jour du mois prochain sera celui du combat. – Viens, Somerset: nous allons pourvoir à ton départ.

      SCÈNE IV

Toujours à Londres. – Dans les jardins du duc de Glocester Entrent MARGERY, JOURDAIN, HUME, SOUTHWELL ET BOLINGBROOK

      HUME. – Venez, mes maîtres: la duchesse, je vous l'ai dit, attend l'accomplissement de vos promesses.

      BOLINGBROOK. – Nous sommes tout prêts, maître Hume. Mais la duchesse veut-elle entendre et voir nos mystères?

      HUME. – Oui, pourquoi pas? comptez sur son courage.

      BOLINGBROOK. – J'ai entendu dire que c'était une femme d'une fermeté inébranlable. Cependant, il sera bon, maître Hume, que vous soyez là-haut près d'elle, tandis que nous travaillerons ici en bas. Ainsi, je vous prie, sortez, au nom de Dieu, et laissez-nous. (Hume sort.) Mère Jourdain, prosternez-vous la face contre terre. Southwell, lisez, et commençons notre oeuvre.

(La duchesse paraît à une fenêtre.)

      LA DUCHESSE. – Bien dit, mes maîtres; soyez tous les bienvenus. A la besogne; le plus tôt sera le mieux.

      BOLINGBROOK. – Patience, ma bonne dame; les magiciens connaissent leur temps; la profonde nuit, la sombre nuit, le silence de la nuit, l'heure de la nuit où l'on mit le feu à Troie; le temps où errent les oiseaux funèbres, où hurlent les chiens de garde, où les esprits se promènent, où les fantômes brisent leurs tombeaux: tel est le temps propre à l'oeuvre qui nous tient occupés. Asseyez-vous, madame, et ne craignez rien; ce que nous allons faire paraître ne pourra sortir de l'enceinte sacrée.

(Ils exécutent les cérémonies d'usage, et tracent le cercle. Bolingbrook ou Southwell lit la formule, Conjuro te, etc. Éclairs et tonnerres effroyables, l'Esprit sort de terre.)

      L'ESPRIT. -Adsum.

      MARGERY. -Asmath, par le Dieu éternel, dont le nom et le pouvoir te font trembler, réponds à mes demandes; car jusqu'à ce que tu m'aies satisfait, tu ne passeras point cette enceinte.

      L'ESPRIT. – Demande ce que tu voudras: que n'ai-je déjà dit et fini!

      BOLINGBROOK, lisant les questions contenues dans un papier. -D'abord le roi, qu'en doit-il advenir?

      L'ESPRIT. – Le duc qui déposera Henri est vivant; mais il lui survivra et mourra d'une mort violente.

(A mesure que l'Esprit parle, Southwell écrit la réponse.)

      BOLINGBROOK. -Quel est le sort qui attend le duc de Suffolk?

      L'ESPRIT. – Par l'eau il mourra et trouvera sa fin.

      BOLINGBROOK. – Qu'arrivera-t-il au duc de Somerset?

      L'ESPRIT. – Qu'il évite les châteaux; il sera plus en sûreté dans les plaines sablonneuses qu'aux lieux où les châteaux se tiennent en haut. Finis; à peine pourrais-je endurer plus longtemps.

      BOLINGBROOK. – Descends dans les ténèbres et dans le lac brûlant, esprit pervers: en fuite!

(Tonnerre et éclairs. L'Esprit descend sous terre.)(Entrent précipitamment York et Buckingham, suivis de gardes, et autres personnages.)

      YORK. – Saisissez-vous de ces traîtres et de tout leur bagage. Sorcière, nous vous suivions, je crois, de bien près. Quoi! madame, vous ici? le roi et l'État vous devront beaucoup pour les peines que vous avez prises, et milord protecteur désirera sans doute vous voir bien récompensée de cette bonne oeuvre.

      LA DUCHESSE. – Elle n'est pas la moitié aussi coupable que les tiennes envers le roi d'Angleterre, duc outrageant qui menaces sans cause.

      BUCKINGHAM. – En effet, sans la moindre cause, madame. Comment appelez-vous ceci? (Lui montrant le papier qu'il a saisi.) Emmenez-les, qu'on les tienne bien renfermés et séparés. – Vous, madame, vous allez nous suivre. Stafford, prends-la sous ta garde. (La duchesse quitte la fenêtre.) Nous allons mettre au jour toutes ces bagatelles. Sortez tous.

(Les gardes sortent, emmenant Margery, Southwell, etc.)

      YORK. – Je vois, lord Buckingham, que vous l'aviez bien surveillée. C'est une petite intrigue bien imaginée, et sur laquelle on peut bâtir bien des choses. Maintenant je vous prie, milord, voyons ce qu'a écrit le diable. (Il lit.) Le duc qui doit déposer Henri est vivant, mais il lui survivra et mourra d'une mort violente. C'est tout justement… Aio te, Æneïda, Romanos vincere posse. – Dites-moi quel sort attend le duc de Suffolk? – Il mourra par l'eau et y trouvera sa fin. – Qu'arrivera-t-il au duc de Somerset? – Qu'il évite les châteaux, il sera plus en sûreté dans les plaines sablonneuses que là où les châteaux se tiennent en haut. Allons, allons, milord, ce sont là des oracles dangereux à obtenir, et difficiles à comprendre. Le roi est sur la route de Saint-Albans, et l'époux de cette aimable dame l'accompagne. Que cette nouvelle leur arrive aussi promptement qu'un cheval pourra la leur porter. Triste déjeuner pour milord protecteur!

      BUCKINGHAM. – Que Votre Grâce me permette, milord d'York, de porter moi-même ce message, dans l'espoir d'en obtenir la récompense.

      YORK. – Comme il vous plaira, mon cher lord. – Y a-t-il quelqu'un ici? (Entre un domestique). Invitez de ma part les lords Salisbury et Warwick à souper chez moi ce Soir. Allons-nous-en. (Ils sortent.)

      FIN DU PREMIER ACTE.

      ACTE DEUXIÈME

      SCÈNE I

Saint-Albans Entrent LE ROI HENRI ET LA REINE MARGUERITE, GLOCESTER, LE CARDINAL, ET SUFFOLK suivis