Уильям Шекспир

La Comédie des Méprises


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– Allons, je veux me marier un jour, ne fût-ce que pour en essayer. – Mais voilà votre esclave qui revient; votre mari n'est pas loin.

(Entre Dromio d'Éphèse.)

      ADRIANA. – Eh bien! ton maître tardif est-il sous la main5?

      DROMIO. – Vraiment, il est sous deux mains avec moi. C'est ce que peuvent attester mes deux oreilles.

      ADRIANA. – Dis-moi, lui as-tu parlé? sais-tu son intention?

      DROMIO. – Oui, oui; il a expliqué son intention sur mon oreille. Maudite soit sa main; j'ai eu peine à la comprendre!

      LUCIANA. – A-t-il donc parle d'une manière si équivoque, que tu n'aies pu sentir sa pensée?

      DROMIO. – Oh! il a parlé si clair, que je n'ai senti que trop bien ses coups; et malgré cela si confusément, que je les ai à peine compris6.

      ADRIANA. – Mais, dis-moi, je te prie, est-il en chemin pour revenir au logis? Il paraît qu'il se soucie bien de plaire à sa femme!

      DROMIO. – Tenez, ma maîtresse, mon maître est sûrement de l'ordre du croissant.

      ADRIANA. – De l'ordre du croissant, coquin!

      DROMIO. – Je ne veux pas dire qu'il soit déshonoré; mais, certes, il est tout à fait lunatique7. – Quand je l'ai pressé de venir dîner, il m'a redemandé mille marcs d'or. —Il est temps de dîner, lui ai-je dit. —Mon or, a-t-il répondu. —Vos viandes brûlent, ai-je dit. —Mon or, a-t-il dit. —Allez-vous venir? ai-je dit. —Mon or, a-t-il dit, où sont les mille marcs que je t'ai donnés, scélérat? —Le cochon de lait, ai-je dit, est tout brûlé. —Mon or, dit-il. —Ma maîtresse, monsieur, ai-je dit. —Qu'elle aille se pendre ta maîtresse! je ne connais point ta maîtresse! au diable ta maîtresse!

      LUCIANA. – Qui a dit cela?

      DROMIO. – C'est mon maître qui l'a dit. Je ne connais, dit-il, ni maison, ni femme, ni maîtresse. – En sorte que, grâce à lui, je vous rapporte sur mes épaules le message dont ma langue devait naturellement être chargée; car, pour conclure, il m'a battu sur la place.

      ADRIANA. – Retourne vers lui, misérable, et ramène-le au logis.

      DROMIO. – Oui, retourne vers lui, pour te faire renvoyer encore au logis avec des coups! Au nom de Dieu! envoyez-y quelque autre messager.

      ADRIANA. – Retourne, esclave, ou je vais te fendre la tête en quatre8.

      DROMIO. – Et lui bénira cette croix avec d'autres coups; entre vous deux j'aurai une tête bien sainte.

      ADRIANA. – Va-t'en, rustre babillard; ramène ton maître à la maison.

      DROMIO. – Suis-je aussi rond avec vous que vous l'êtes avec moi, pour que vous me repoussiez comme une balle de paume? Vous me repoussez vers lui et lui me repoussera de nouveau vers vous. Si je continue longtemps ce service, vous ferez bien de me recouvrir de cuir9.

(Il sort.)

      LUCIANA. – Fi! comme l'impatience rembrunit votre visage!

      ADRIANA. – Il faut donc qu'il gratifie de sa compagnie ses favorites, tandis que moi je languis au logis après un sourire. Le temps importun a-t-il ravi la beauté séduisante de mon pauvre visage? Alors, c'est lui qui l'a flétri. Ma conversation est-elle ennuyeuse, mon esprit stérile? Si je n'ai plus une conversation vive et piquante, c'est sa dureté pire que celle du marbre qui l'a émoussée. Leur brillante parure attire-t-elle ses affections? Ce n'est pas ma faute: il est le maître de mes biens. Quels ravages y a-t-il en moi qu'il n'ait causés? Oui, c'est lui seul qui a altéré mes traits. – Un regard joyeux ranimerait bientôt ma beauté; mais, cerf indomptable, il franchit les palissades et va chercher pâture loin de ses foyers. Pauvre infortunée, je ne suis plus pour lui qu'une vieille surannée.

      LUCIANA. – Jalousie qui se déchire elle-même! Fi donc! chassez-la d'ici.

      ADRIANA. – Des folles insensibles peuvent seules supporter de pareils torts. Je sais que ses yeux portent ailleurs leur hommage; autrement, quelle cause l'empêcherait d'être ici? Ma soeur, vous le savez, il m'a promis une chaîne. – Plût à Dieu que ce fût la seule chose qu'il me refusât! il ne déserterait pas alors sa couche légitime. Je vois que le bijou le mieux émaillé perd son lustre; que si l'or résiste longtemps au frottement, à la fin il s'use sous le toucher; de même, il n'est point d'homme, ayant un nom, que la fausseté et la corruption ne déshonorent. Puisque ma beauté n'a plus de charme à ses yeux, j'userai dans les larmes ce qui m'en reste, et je mourrai dans les pleurs.

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      1

      C'était jadis une superstition universelle de croire qu'un grand revers inattendu était l'effet de la vengeance céleste qui punissait l'homme d'un crime caché. Ægéon veut persuader à ceux qui l'entendent que son malheur n'est ici l'effet que de la destinée humaine, et non la peine d'un crime. WARBURTON.

      D'après cette note, Letourneur traduit:

      That my end

      Was wrought by nature and not by vile offense,

      par cette phrase: Ma perte est l'ouvrage de la nature et non la peine d'un crime honteux et caché. Nous avons adopté une explication plus simple de ce mot nature. Nature est ici pour affection naturelle… Ægéon est victime de son amour paternel; c'est ce sentiment qui le conduit à Éphèse et qui cause sa mort.

      2

      I come in post,

      I retour, I shall be in post indeed.

      L'équivoque roule sur le mot post, qui veut dire poste dans le premier vers et poteau dans le second. Avant que l'écriture fût un talent universel, il y avait, dans les boutiques, un poteau sur lequel on notait avec de la craie les marchandises

1

C'était jadis une superstition universelle de croire qu'un grand revers inattendu était l'effet de la vengeance céleste qui punissait l'homme d'un crime caché. Ægéon veut persuader à ceux qui l'entendent que son malheur n'est ici l'effet que de la destinée humaine, et non la peine d'un crime. WARBURTON.

D'après cette note, Letourneur traduit:

That my endWas wrought by nature and not by vile offense,

par cette phrase: Ma perte est l'ouvrage de la nature et non la peine d'un crime honteux et caché. Nous avons adopté une explication plus simple de ce mot nature. Nature est ici pour affection naturelle… Ægéon est victime de son amour paternel; c'est ce sentiment qui le conduit à Éphèse et qui cause sa mort.